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Héroux-Devtek ne craint pas un éventuel abandon du F-35

Héroux-Devtek ne craint pas un éventuel abandon du F-35

L'entreprise québécoise Héroux-Devtek (TSX:HRX) ne craint pas outre mesure une éventuelle décision d'Ottawa de se retirer du programme d'avions de chasse F-35, pour lequel elle est un fournisseur.

Le grand patron d'Héroux, Gilles Labbé, a reconnu mardi qu'un retrait du Canada ferait en sorte qu'il serait plus difficile pour le fabricant de trains d'atterrissage de décrocher de nouveaux mandats en lien avec le F-35.

Il a noté que des pays comme Israël et la Corée du Sud songent à acheter des F-35 et que s'ils le font, ils exigeront eux aussi que des fournisseurs locaux participent au projet.

Gilles Labbé a toutefois bon espoir qu'Héroux-Devtek conserve sa place pour les centaines de commandes déjà placées dans le cadre de ce programme piloté par le géant américain Lockheed Martin.

En raison d'une explosion des coûts de cet ambitieux projet, le gouvernement conservateur a confirmé la semaine dernière qu'il pourrait larguer le F-35 et opter pour un appareil moins coûteux comme le Gripen de Saab (Suède), le Rafale de Dassault (France) ou l'Eurofighter Typhoon.

Héroux ne fabrique à peu près pas de composants pour ces appareils, mais cela pourrait changer.

« Peu importe le choix [du gouvernement], il y aura des retombées industrielles », a fait remarquer M. Labbé, en faisant référence aux politiques fédérales incitant les bénéficiaires de gros contrats de défense à recruter des fournisseurs canadiens.

Héroux-Devtek fabrique pour chaque F-35 vendu des composants d'une valeur totale de 150 000 $. C'est beaucoup moins qu'avant la vente, cet été, de deux des trois divisions d'Héroux à l'entreprise américaine Precision Castparts pour 300 millions de dollars. On parlait alors pour Héroux-Devtek d'un contenu de 750 000 $ pour chaque F-35 construit.

Gros dividende

Dans la foulée de cette importante transaction, les actionnaires d'Héroux ont approuvé par une très forte majorité mardi le versement d'une distribution spéciale qui leur rapportera 157,5 millions de dollars. De ce montant, Gilles Labbé touchera la coquette somme d'environ 19 millions de dollars.

La distribution totalise 5 $ par action et sera versée mercredi. Elle est composée de deux éléments : un remboursement de capital de 2,70 $ et un dividende spécial de 2,30 $.

« Je pense que nos actionnaires ont été patients, a affirmé M. Labbé. Au fil des années, on a construit la compagnie étape par étape. Il était temps de faire quelque chose pour nos actionnaires. »

Benoit Poirier, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, calcule qu'Héroux-Devtek dispose actuellement de plus de 200 millions de dollars sous forme de liquidités et de facilités de crédit, ce qui permettra à l'entreprise d'évaluer différentes acquisitions.

Parmi les entreprises qui pourraient être dans la mire d'Héroux, selon M. Poirier, notons les fabricants de trains d'atterrissage Eleb (Brésil) et APPH (Royaume-Uni), le fabricant de structures et de trains d'atterrissage Fokker (Pays-Bas) ainsi que le fabricant de composants aéronautiques Circor (États-Unis).

« Pour l'instant, il n'y a rien d'imminent, a indiqué M. Labbé. Mais on étudie des dossiers et on pense que dans la prochaine année, on devrait être capables de réaliser certaines acquisitions stratégiques. »

Ceci dit, maintenant que l'entreprise de Longueuil est spécialisée exclusivement dans les trains d'atterrissage et les produits connexes, elle pourrait elle aussi susciter la convoitise des géants de ce secteur, l'américain United Technologies (Goodrich) et le français Safran (Messier-Bugatti-Dowty).

« Pour le moment, l'entreprise n'est pas à vendre », a lancé Gilles Labbé, 56 ans, qui a assuré mardi ne pas avoir l'intention non plus de prendre sa retraite, et ce, malgré le souhait de sa femme.

L'action d'Héroux-Devtek a gagné 1 % mardi pour clôturer à 12,72 $, à la Bourse de Toronto.

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