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Armes à feu : une nouvelle tuerie, le même débat

Armes à feu : une nouvelle tuerie, le même débat

Un texte de Ahmed Kouaou

Même si une trêve politique est implicitement décrétée le temps de faire le deuil de la tragédie du Connecticut, le débat sur la vente des armes d'assaut aux États-Unis risque fort bien de ressurgir.

C'est du camp démocrate qu'émanent les premiers signes d'impatience de discuter de ce sujet controversé et délicat. « Si ce n'est pas le moment d'avoir une discussion sérieuse sur le contrôle des armes, je ne sais pas quand cela arrivera », a tonné l'élu démocrate Jerrold Nadler, en réponse au porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, qui a affirmé que « ce n'est pas le jour » de parler de politique.

« Encore une personne instable qui a eu accès à des armes à feu et commis un crime horrible contre des enfants innocents [...] Je mets le président Obama, le Congrès et le public américain au défi d'agir au-delà du choc, et d'enfin faire quelque chose », a ajouté Jerrold Nadler.

Dans les premiers commentaires formulés dans le feu du drame, le président Obama a eu des mots prudents, appelant à prendre des « actions significatives », sans en définir la nature, pour empêcher qu'un autre carnage de ce genre se reproduise à l'avenir.

Peu avant, son porte-parole s'est chargé de rappeler la position officielle de la Maison-Blanche : s'assurer que ceux qui ne sont pas autorisés à porter des armes ne puissent pas s'en procurer, tout en garantissant aux autres Américains le droit inscrit dans la Constitution à posséder des armes. L'allusion est faite au deuxième amendement, ardemment défendu par le lobby américain des armes et qui garantit à tout citoyen américain le droit de porter une arme à feu.

Ce n'est la première fois que le Barack Obama joue à l'équilibriste en parlant des armes à feu. En rencontrant des victimes de la tuerie d'Aurora, de juillet dernier, le président avait promis de « continuer d'oeuvrer avec des membres des deux partis [démocrate et républicain], de groupes religieux et d'organisations civiques pour parvenir à un consensus sur la réduction de ces violences ».

« Nous reconnaissons les traditions de la possession d'arme qui ont été transmises de génération en génération, que la chasse et le tir font partie de notre héritage national le plus cher », avait-il convenu.

M. Obama avait toutefois nuancé, en ajoutant qu'« un grand nombre de propriétaires d'armes à feu conviendraient que des AK-47 doivent être entre les mains de soldats, pas de criminels. Que ces armes de guerre appartiennent aux champs de bataille, pas aux rues de nos villes ».

Du bon et du mauvais usage des armes à feu

À cet argument, les défenseurs du deuxième amendement répondent que la solution n'est pas de restreindre les ventes d'armes semi-automatiques dites d'assaut (les armes automatiques sont interdites à la vente).

Alan Gottlieb, fondateur de la Fondation du deuxième amendement, « déplore la mauvaise utilisation des armes à feu », mais trouve qu'« il y a un bon côté aux armes qu'on ne peut pas oublier. Ce qui me reste en travers de la gorge, c'est que tous ces crimes complètement fous se sont déroulés dans des lieux où il est interdit d'avoir des armes », poursuit-il, estimant que le personnel de l'école primaire du Connecticut devrait avoir le droit d'être armé.

M. Gottlieb est convaincu que « la personne qui a commis cet horrible crime savait qu'il pouvait y aller et que personne ne pourrait l'arrêter ».

Obama, qui dit avoir rendu plus minutieuses les vérifications sur les antécédents des Américains désireux d'acquérir des armes à feu, déplore l'opposition des républicains du Congrès à réformer les lois fédérales réglementant le commerce des armes.

Une interdiction des fusils d'assaut votée sous Bill Clinton, dans les années 1990, est arrivée à échéance en 2004 sous George W. Bush. Depuis, le Congrès n'a pas voté de lois contre le port d'arme et les politiques successifs n'ont pas montré un grand enthousiasme à cet égard.

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