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Dans l'ombre de Kingsbury

Dans l'ombre de Kingsbury

Le Québec a toujours produit son lot de champions en bosses. Médaillé d'or aux Jeux olympiques de 1994, Jean-Luc Brassard a pavé la voie aux Pierre-Alexandre Rousseau, Alexandre Bilodeau et Mikaël Kingsbury.

Un texte de Manon Gilbert

Mais dans l'ombre de ces skieurs hors pair, d'autres tentent de faire leur place au soleil. C'est le cas de Philippe Marquis et de Marc-Antoine Gagnon dont les performances des dernières saisons ont été souvent occultées par celles de Kingsbury, gagnant des grand et petit globes de cristal en 2011-2012.

Kingsbury, 20 ans, et Marquis, 23 ans, ont fait le saut dans l'équipe nationale senior ensemble, à l'automne 2010. Gagnon, 21 ans, les a rejoints un an plus tard. Certes, la situation pourrait créer quelques tensions au sein de l'équipe, mais en fait, il faudrait plutôt parler d'un mal pour un bien.

« On ne se le cachera pas, le fait d'avoir la meilleure équipe au monde en bosses, c'est un gros plus pour les athlètes. Malheureusement, ça nous met un peu dans l'ombre, mais ça fait en sorte que nous aussi, on s'améliore et on devient plus performant », affirme Marquis, 4e du classement de la spécialité en Coupe du monde la saison dernière, une place devant Gagnon.

« En compétition, je ne regarde pas ce qui se dit dans les médias. Tant mieux pour Mikaël, mais moi, je me concentre sur ce que j'ai à faire. En fait, ça me pousse de voir Mikaël aussi bien performer. Ça m'encourage à m'améliorer et à donner mon maximum. Je suis persuadé que la présence de Mikaël aide tout le monde à élever son jeu, ça donne un surplus de motivation », prétend Gagnon qui, après 11 tops 10 en deux saisons, a enfin décroché son premier podium lors de la dernière Coupe du monde à Mégève.

Cette situation un peu particulière, Marquis a eu la chance d'en discuter beaucoup avec son frère Vincent, de cinq ans son aîné et 4e aux JO de Vancouver. Philippe, qui a savouré sa première victoire sur le grand circuit en mars dernier, voulait savoir à quel point skier sous l'ère Rousseau et Bilodeau avait influencé son frère.

« Vincent et moi, on vient d'une famille où on a toujours foncé à 100 % et quand on s'investissait dans quelque chose, on y allait à 110 %. Ce sont des valeurs qui s'appliquent bien à notre sport et même si on est un peu dans l'ombre, ça ne change rien à nos performances. On a toujours été capable de mettre ça de côté pour se concentrer sur ce qu'on fait au jour le jour. »

Oubliez donc la jalousie, les gars s'entendent comme larrons en foire et partagent le même condo lors des camps d'entraînement ou des compétitions.

« Ce ne sont pas des gars comme ça », assure Kingsbury.

Une saison préolympique déterminante

Dès samedi, Marquis et Gagnon pourront recommencer à talonner Kingsbury alors que la saison de la Coupe du monde de ski acrobatique prendra son envol à Ruka, en Finlande. Une saison déterminante pour les comparses de l'équipe canadienne.

Déterminante parce que dès cette saison, deux skieurs peuvent cumuler trois résultats, dont deux podiums, lors de cinq courses prédéterminées qui leur assureront leur billet pour les Jeux olympiques de Sotchi dès la fin des Championnats du monde au début mars.

Avec une équipe masculine canadienne qui trône en tête du sommet des nations depuis sept ans, la lutte s'annonce féroce pour déterminer les quatre bosseurs de l'unifolié en Russie.

Champion de la Coupe du monde, Kingsbury a d'excellentes chances de faire le voyage, tout comme Alexandre Bilodeau, le champion défendant. Pratiquement seule une blessure pourrait les contraindre à rester au bas de la piste.

Sans rien enlever à ses impressionnantes performances de l'an dernier (8 victoires, dont 6 de suite et 13 podiums), Kingsbury sera confronté à beaucoup plus d'opposition en 2012-2013, saison qui marque le retour de trois grosses pointures : Bilodeau, le champion du monde Guilbaut Colas et le médaillé d'or des Jeux de Turin et quatre fois champion de la Coupe du monde, Dale Begg-Smith.

« Il va y avoir beaucoup de skieurs forts cette année. Colas, Begg-Smith, Alex reviennent, c'est sûr qu'il va y avoir plus de calibre, a dit l'athlète de Deux-Montagnes, ouvreur de piste à Vancouver. Mais mon niveau de ski est plus fort que l'an passé, chaque année, je m'améliore beaucoup. »

En fait, c'est surtout derrière Kingsbury et Bilodeau que la lutte risque d'être la plus excitante. Marquis et Gagnon, les deux autres membres de l'équipe A, batailleront pour les deux autres places disponibles avec leurs coéquipiers du groupe B : Cédric Rochon, Eddie Hicks et Simon Pouliot-Cavanagh, absent l'an dernier en raison d'une déchirure du ligament antérieur croisé.

« C'est excitant, je suis très fébrile avec les qualifications qui s'en viennent, a dit Gagnon qui a fini 9e à sa première Coupe du monde au mont Gabriel en janvier 2011. J'ai confiance en mes capacités même s'il y a beaucoup de calibre cette année. L'entraînement estival a bien été, j'ai surtout travaillé sur ma technique. Tout est allé assez vite dans ma progression, plus vite que je pensais. Je vais continuer à travailler aussi fort pour avoir une aussi bonne progression cette année. »

Un hiver qui promet donc!

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