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Harvey réalise son rêve

Harvey réalise son rêve

QUÉBEC - Certain que les milliers de spectateurs sur la Colline Parlementaire souhaitaient mieux qu'une 21e place pour Alex Harvey samedi lors du sprint individuel en style libre de la Coupe du monde de ski de fond.

Un texte de Manon Gilbert

Mais après la déception de la veille avec sa 5e position au sprint par équipes, le Québécois avait retrouvé le sourire même s'il avait été éliminé en quarts de finale après avoir conclu 5e et avant-dernier de sa vague. La revanche annoncée vendredi attendra à Canmore le week-end prochain.

Spécialiste des longues distances, il aurait fallu un miracle ou une chute pour que Harvey améliore son sort sur les deux petites boucles de 850 mètres, finalement dominées par Emil Joensson.

Le Suédois a parcouru la distance en 3 min 11 s 72/100 pour coiffer son compatriote Teodor Peterson, champion de la Coupe du monde de la spécialité, et le Russe Alexey Petukhov par respectivement 23 et 50 centièmes de seconde.

« Un sprint comme ça, ce n'est pas dans mes cordes. Les gars n'ont pas le temps de se fatiguer. Hier, à mon deuxième relais, je commençais à les dépasser. Aujourd'hui, tu n'as pas ce deuxième effort à faire, ce sont les purs sprinteurs qui s'expriment, a expliqué le seul Canadien à accéder au tour éliminatoire. Hier, j'étais déçu. Aujourd'hui, je suis content du résultat. »

Content aussi que les Québécois se soient découvert une passion pour le ski de fond. La foule était si dense que les retardataires n'ont eu d'autre choix que de se trouver une niche dans les escaliers du Parlement, à une bonne centaine de mètres de l'action.

« Mon rêve s'est réalisé avec le soutien de la foule, a dit celui qui avait fini 16e des qualifications en matinée. Les gens ont répondu à l'appel, c'est super bien organisé, les conditions de neige sont les meilleures qu'on voit pour un sprint en ville. Si la FIS (Fédération internationale de ski) ne revient pas, il y a un problème. »

Avis que partage son entraîneur Louis Bouchard qui soutient même qu'il y avait plus de monde à Québec que pour le sprint urbain de Stockholm.

« C'est sûr qu'au début on se demandait si les gens embarqueraient. C'est fou, je ne m'attendais pas à voir autant de monde que ça. La FIS devait douter aussi en débarquant ici, mais là, elle doit se croire dans un pays scandinave. »

Outre la performance de Harvey, c'est à peu près le seul autre motif de réjouissance pour Bouchard samedi. Ses autres ouailles ont failli à la tâche en qualifications et il va falloir trouver des solutions.

« C'est décevant pour nous. Alex a sauvé ça un peu les meubles. On espérait mieux que ça. Il va falloir faire le point. Après trois semaines, c'est le temps de faire un premier bilan pour réorienter les affaires », a indiqué l'entraîneur-chef du Centre national d'entraînement Pierre Harvey (CNEPH).

Devon Kershaw, le partenaire avec qui Harvey a remporté le titre mondial au sprint par équipe en 2011, a dû se contenter du 34e rang, ratant sa place dans le top 30 par 93 centièmes. Un résultat tellement contrariant que l'Ontarien, 2e au classement mondial, ne s'est même pas arrêté pour parler aux journalistes.

Déception pour les Canadiennes

Du côté féminin, Chandra Crawford et Daria Gaïazova font partie de celles qui n'ont pas offert la performance espérée par Bouchard. Les deux filles n'ont pas su s'adapter aux conditions molles qui contraignaient les fondeurs à se laisser glisser davantage plutôt qu'à pousser avec acharnement.

Crawford a manqué sa qualification par 12 centièmes pour finir 32e, tandis que Gaïazova, 14e du sprint de Kuusamo le week-end dernier, a franchi la ligne d'arrivée au 41e échelon, à 18,27 s du temps de référence de la Finlandaise Mona-Lisa Malvalehto (3:35,89).

Championne olympique de la spécialité, Crawford n'a pas cherché à blâmer personne d'autre qu'elle pour son résultat.

« Nos skis étaient rapides, nos farteurs sont les meilleurs du monde. Ça fait longtemps que je pense à cette Coupe du monde ici, je me suis entraînée très fort en préparation et j'ai peut-être manqué un peu de repos. Je me suis vraiment poussée beaucoup. Aujourd'hui, il y avait d'autres filles plus vite que moi », a déclaré l'Albertaine de 29 ans.

On peut critiquer la native de Canmore pour sa prestation, mais force est d'admettre qu'elle connaît son ski de fond. Les skieuses qu'elle nous avait dit d'avoir à l'oeil sont toutes montées sur le podium. Faudrait l'appeler avant d'acheter notre prochain billet de loterie.

Déjà victorieuse vendredi au sprint par équipes, l'Américaine Kikkan Randall a réussi le doublé au grand plaisir des centaines d'Américains qui avaient traversé la frontière. Puissante, Randall a dicté le rythme de chacune de ses courses pour imposer sa loi devant la Norvégienne Maiken Caspersen Falla et la Suédoise Ida Ingemarsdotter, reléguées à 1,1 et 1,4 s.

« Nul doute que l'ambiance qui régnait a aidé ma performance. La foule était incroyable. Il y avait tellement d'Américains avec le visage peint aux couleurs de notre pays. Je me souviendrai toute ma vie du dernier tour », a affirmé la skieuse originaire de l'Alaska, qui s'est hissée en tête du classement du sprint.

La glace est brisée

La Coupe du monde a attiré l'élite de la glisse dans la Vieille Capitale, mais elle a aussi permis à 20 jeunes fondeurs du pays de rivaliser avec elle.

Une expérience inoubliable qui leur a donné le goût de recommencer dès demain.

« C'était fou avec toute la foule autour. Ce n'est pas ma course la plus vite, mais pour l'adrénaline et la motivation, c'était génial, a raconté Camille Pépin du CNEPH, 61e. Ça donne juste le goût d'aller vite et d'en faire d'autres. Je n'étais pas intimidée, on s'entraîne pour ça. On était à notre place, c'était notre course et notre ville. »

L'émotion était tellement à son comble que sa coéquipière Cendrine Browne a eu une petite montée de panique sur le parcours.

« J'ai chuté (1et tour). Il y avait tellement de monde qui criait que j'étais comme : Oh! mon dieu, je suis ici, je suis à la Coupe du monde. C'était trippant. C'était une autre forme de stress et une expérience inoubliable », a avoué l'athlète de Saint-Jérôme qui a fini 59e.

Raphaël Couturier, 51e, n'attend juste que Canmore la semaine prochaine pour se reprendre.

« C'est la plus belle expérience avec la famille et les amis. C'est fantastique. Je n'avais pas vraiment d'attente, je voulais aller le plus vite que je pouvais pour percer le top 30. J'ai une autre Coupe du monde la semaine prochaine à Canmore et là, la glace est brisée. »

Si jamais dans 2-3 ans, la Coupe du monde de ski de fond s'arrête de nouveau à Québec, nul doute que ces jeunes fondeurs chaufferont davantage l'élite mondiale... à moins qu'ils n'en fassent déjà partie!

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