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Contrôle des armes : Harper se dissocie d'un comité

Contrôle des armes : Harper se dissocie d'un comité

Le premier ministre Stephen Harper n'entend pas tenir compte d'une recommandation d'un comité consultatif qui aurait pour effet de relâcher davantage le contrôle des armes à feu. Mais l'opposition n'est guère rassurée, craignant qu'il donne suite à d'autres suggestions controversées.

Le comité consultatif mis sur pied par les conservateurs propose de se débarrasser de la catégorie des armes « prohibées » et de reclasser des armes telles que les armes de poing et d'assaut comme « armes à autorisation restreinte ». Il suggère également de prolonger les permis de port d'armes, les faisant passer de cinq ans à au moins dix ans.

Ces recommandations ont été obtenues par la Coalition pour le contrôle des armes grâce à la loi d'accès à l'information, puis publiées dans le Toronto Star le jour même de la commémoration du massacre de Polytechnique.

En Chambre jeudi, le premier ministre Harper s'est dit « préoccupé » par certaines conclusions du comité, allant jusqu'à suggérer qu'il devrait refaire ses devoirs.

« Évidemment, il y a des préoccupations avec certaines recommandations faites dans ce rapport, et je pense que le comité a besoin de faire un nouvel examen à la lumière (de ces préoccupations) », a-t-il signalé.

Les propositions ne reflètent pas la position du gouvernement, a tranché le chef conservateur. « La catégorie des armes à feu prohibées existe pour des raisons de sécurité publique essentielles. Notre gouvernement n'a aucune intention de changer cette catégorie », a-t-il insisté.

M. Harper n'a toutefois rien dit sur la recommandation de prolonger la durée des permis à dix ans ou plus, ce qui a inquiété l'opposition.

« Le danger, c'est qu'il se passe beaucoup de choses dans la vie d'une personne en dix ans, a soulevé la porte-parole néo-démocrate en matière de justice, Françoise Boivin. Une personne pourrait avoir des problèmes de santé mentale, par exemple. Et dix ans, c'est un peu long à attendre (pour) laisser quelque chose d'aussi dangereux qu'une arme en la possession de cette personne-là. »

Comité déséquilibré

La composition du comité consultatif chargé de faire rapport au ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, fait également froncer les sourcils de l'opposition. Parmi les 14 membres du groupe, on retrouve Steve Torino, président de la Canadian Shooting Sports Association, Greg Farrant, de l'Ontario Federation of Anglers and Hunters, et la médaillée de tir au pistolet Linda Thom.

L'Association canadienne des chefs de police a souvent fait savoir qu'elle aimerait y siéger, sans succès.

À la période de questions, le chef libéral intérimaire Bob Rae a demandé à M. Harper d'envisager d'ajouter au comité des représentants des chefs de police, des groupes de victimes et des intervenants en prévention du suicide.

M. Harper a répondu qu'il allait prendre ce conseil en considération.

Le débat est survenu le jour du 23e anniversaire du drame de la Polytechnique au cours duquel 14 jeunes femmes ont perdu la vie en raison d'un tireur fou. La mobilisation qui avait suivi le massacre était à l'origine du registre des armes d'épaule, désormais enterré par les conservateurs.

Les troupes de Stephen Harper maintiennent que la violence contre les femmes et le contrôle des armes à feu sont deux sujets séparés. « Cela n'a rien à voir avec la violence contre les femmes », a d'ailleurs réitéré la secrétaire parlementaire Eve Adams, jeudi, interrogée sur la position du gouvernement sur le contrôle des armes à feu.

« Les hommes commettent des actes de violence contre les femmes avec des fusils, de la haine, de l'ignorance », a-t-elle ajouté. Selon l'opposition, le moment était mal choisi, le 6 décembre, pour faire une telle affirmation.

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