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La réalité de la précarité

La réalité de la précarité

Dans son deuxième et dernier reportage sur les entraîneurs de hockey, Michel Chabot nous parle aujourd'hui des aléas de ce métier excitant, mais combien précaire. Outre la sécurité d'emploi quasi inexistante, ce métier est également très exigeant pour les proches de ceux qui l'exercent à un haut niveau.

Quand on embrasse la carrière d'entraîneur-chef professionnel, on le fait par passion. La somme de travail est colossale et exige un dévouement total.

« Lorsque t'es entraîneur, t'es entraîneur 24 heures par jour, juge Pascal Vincent, entraîneur adjoint chez les Jets de Winnipeg. Je ne sais pas pour les autres, mais demandez à ma conjointe, je me lève dans le milieu de la nuit, j'ai une idée, j'écris des notes, je me fais des systèmes de jeu, je regarde des séquences de vidéo. C'est ça le métier, ce n'est pas du 9 à 5. »

Plusieurs entraîneurs y ont laissé un mariage ou sont tout simplement célibataires. Mais ceux qui sont en couple apprécient le soutien de leur conjointe et/ou de leurs enfants.

« Si tu retournes chez toi tout seul, la seule chose à laquelle tu vas penser, c'est le hockey et éventuellement, tu deviens fou parce que t'as besoin d'un break. Sans la famille, ça ne peut pas marcher », croit Jon Goyens, entraîneur-chef des Lions du Lac St-Louis, dans le midget AAA.

« Tout se met en perspective, ajoute Jean-François Houle, entraîneur-chef de l'Armada de Blainville-Boisbriand. Tu viens de perdre quatre matchs, t'arrives à la maison, tes enfants sourient, ont du plaisir. Tu viens de réaliser qu'il n'y a pas juste le hockey dans la vie. Ça te permet d'oublier le hockey, parce que 24 heures sur 24, ça peut être pesant sur la tête d'un instructeur. »

Équilibre ou non?

Incertitude, congédiement et déménagement sont le lot des entraîneurs.

Beaucoup préfèrent la stabilité et restent à un niveau inférieur. Pour d'autres, l'adrénaline est plus forte que l'insécurité.

« C'est une drogue, t'en veux, t'en veux un peu plus, tu veux créer un impact, te surpasser, te prouver », lance Vincent.

« Il ne faut pas que tu t'inquiètes que ce soit un siège éjectable, soutient Houle. C'est important de rester soi-même. Il va toujours y avoir d'autres emplois. Si t'es une bonne personne et un entraîneur respecté, tu ne dois pas t'en faire avec ça. »

Pour se faire remarquer et se créer un réseau de contacts, certains n'hésitent pas à investir temps et argent. Goyens paie lui-même ses dépenses pour se rendre chaque année au repêchage de la Ligue nationale.

« J'étais très chanceux, ma première année, j'avais Brian Kilrea (NDLR : entraîneur des 67 d'Ottawa pendant 35 ans) à côté de moi dans l'avion et il m'a présenté à beaucoup de personnes. »

Une fois arrivé dans la LNH, un entraîneur n'est pas au bout de ses peines. La pression et les défis sont encore plus grands.

« La ligne est mince entre gagner ou perdre, entre jouer 15 et 18 minutes, être dans la formation ou non, être retourné dans les mineures. La pression est énorme sur les joueurs et les entraîneurs, et c'est plus fatigant, oui », explique Vincent.

Pas de tout repos, donc. Mais les Pascal Vincent de ce monde ne changeraient pas de place pour autant.

D'après un reportage de Michel Chabot

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