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Drames familiaux : un comité recommande un meilleur dépistage des comportements à risque

Drames familiaux : un comité recommande un meilleur dépistage des comportements à risque

Afin de prévenir des tragédies familiales, il faut détecter rapidement la détresse des personnes à risque, surtout celle des hommes, et mieux coordonner l'action gouvernementale, conclut un comité d'experts mandaté par Québec dans un rapport rendu public jeudi.

Dans son rapport d'une cinquantaine de pages remis au ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, le comité note d'emblée qu'on dénombre au Québec une trentaine d'homicides familiaux par année. En 2011, cela représentait 35 % des homicides perpétrés.

Le comité fait cependant état d'une amélioration, les homicides intrafamiliaux ayant diminué du tiers en 30 ans.

La moitié des homicides commis à l'intérieur de la cellule familiale surviennent dans un contexte de rupture amoureuse, réelle ou appréhendée, soulignent les membres du comité. Dans la grande majorité des cas, soit 80 %, l'auteur du meurtre est un homme. Deux fois sur trois, il souffre de dépression.

« L'identification de la dépression s'avère être un élément important dans la prévention des homicides intrafamiliaux », signalent d'ailleurs les experts.

Le comité, qui formule 38 recommandations, propose notamment au ministère de la Santé et des Services sociaux d'améliorer les services en lien avec la violence conjugale, la détresse psychologique, les troubles de l'humeur, les troubles mentaux graves et la maltraitance envers les enfants afin qu'ils soient disponibles 24 heures par jour, sept jours par semaine.

Il souligne que cela doit être fait de façon égale sur tout le territoire du Québec, ce qui n'est pas toujours le cas actuellement, a reconnu le ministre Hébert.

Le comité recommande également d'améliorer la formation des intervenants en santé mentale, afin qu'ils puissent mieux évaluer le risque qu'un patient commette l'irréparable.

Il rappelle aussi l'importance de mieux contrôler les armes à feu.

Agir contre la détresse

Le ministre Hébert a notamment annoncé au cours d'un point de presse l'ajout d'une subvention de 1,1 million de dollars aux organismes qui viennent en aide aux hommes violents. « Voilà une mesure concrète qui va faire une différence importante demain matin pour donner accès à ces hommes qui sont en situation de détresse », a-t-il commenté, ajoutant que la prévention devait être l'affaire de tous.

« On a les outils, ils sont là, dans le réseau ou dans les organismes communautaires. Il faut les développer davantage, notamment dans certaines régions. Deuxièmement, il faut les faire connaître, pour que l'entourage, les collègues de travail puissent y faire appel. Troisièmement, il faut améliorer la concertation, la coordination entre ces différentes organisations. Ce sont les trois messages que le réseau doit retenir du rapport », a résumé le ministre.

M. Hébert a indiqué que sa collègue à la Condition féminine, Agnès Maltais, déposerait sous peu un nouveau plan d'action visant à contrer la violence conjugale.

Il a ajouté que son propre ministère oeuvrait à élaborer une politique de prévention des maladies, qui inclura un volet sur la santé mentale. Québec doit également rendre public un bilan du plan d'action de santé mentale, suivi du dépôt d'un nouveau plan d'action, qui pourra inclure des mesures découlant du rapport Tremblay.

Une médiatisation à outrance?

Le comité d'experts soulève également des questions sur la responsabilité des médias, qui peuvent avoir tendance à montrer en boucle des images violentes ou fournir des détails scabreux. Est-il nécessaire de préciser le « nombre de coups de couteau? » donnés à une victime, s'est interrogé le président du comité au cours du point de presse.

Le comité se demande dans quelle mesure certains reportages peuvent avoir une influence sur des personnes à risque. Il invite d'ailleurs le Conseil de presse à se pencher sur la question.

Ce dernier a aussitôt réagi par communiqué, indiquant qu'il procéderait à une recension de la « littérature » sur ce sujet et proposerait au besoin des lignes directrices.

Ce n'est pas la première fois que les médias sont montrés du doigt. À titre d'exemple, le coroner Yvon Garneau, dans un rapport produit à la suite du décès de deux jeunes enfants, l'an dernier à Saint-Edmond-de-Grantham, recommandait que les médias fassent preuve de jugement dans la diffusion d'informations reliées aux drames familiaux.

Le rapport Tremblay avait été commandé il y a un an par le ministre libéral de la Santé et des Services sociaux de l'époque, Yves Bolduc. Celui-ci voulait qu'on lui formule des recommandations pour éviter que ne se répètent de terribles tragédies familiales comme le meurtre des jeunes Anne-Sophie et Olivier Turcotte, poignardés par leur père, l'ex-cardiologue Guy Turcotte, en 2009.

Le comité avait pour mandat d'analyser l'ampleur du phénomène, dresser un portrait des services déjà disponibles, recenser les meilleures pratiques et formuler des recommandations. Son mandat était exclusivement lié au secteur de la santé et des services sociaux.

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