Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les vedettes de la LNH ne règlent pas tout

Les vedettes de la LNH ne règlent pas tout

Radio-Canada Sports présente cette semaine, en provenance de Moscou et de Prague, une série de textes sur l'impact de l'exode des joueurs de la LNH vers l'Europe. Aujourd'hui : les répercussions sur la popularité de la Ligue continentale russe.

MOSCOU - La Ligue continentale de hockey (KHL) tente depuis l'automne 2008 de rattraper la Ligue nationale dans les domaines économiques et organisationnels. Une tâche titanesque puisque l'industrie du hockey a subi, en Russie, le même sort que les autres secteurs économiques après la chute de l'URSS.

Un texte d'Alexandre Pouliot-Roberge

Les années 1990 ont été une longue descente aux enfers pour ce sport dont l'Union soviétique avait fait un porte-étendard de sa politique étrangère.

À sa cinquième saison, la KHL peut se targuer d'avoir fait des pas de géants. « La ligue est meilleure d'année en année », déclare l'ancien de la LNH Sandis Ozolinsh. Le Letton évolue actuellement avec l'Atlant de la ville de Mytichtchi située dans la banlieue de Moscou. « C'est dans tous les domaines qu'on retrouve les progrès. Ils sont autant sur la glace qu'en dehors de la glace », poursuit le champion de la Coupe Stanley en 1996.

L'arrivée des joueurs de la LNH en lock-out tombe à point pour le circuit Medvedev. La KHL se prépare depuis longtemps à ce conflit de travail. En janvier 2011, le porte-parole nord-américain de la Ligue continentale a expliqué à l'auteur de ces lignes que « avec Donald Fehr, c'est certain qu'il aura un lock-out. [...] Soyez certains que nous nous préparons déjà en ce moment à cette éventualité », a-t-il affirmé à l'époque. La suite des évènements confirmera ses dires.

La KHL était prête

Avant même l'annonce officielle du déclenchement du lock-out, la KHL a annoncé un plafond de trois joueurs de la LNH par club. Ces derniers pourront seulement mettre sous contrat des membres d'équipes nationales, des champions de la Coupe Stanley ou des anciens du circuit Medvedev. Les équipes russes doivent aussi se limiter à un seul joueur étranger. Autrement dit, les dirigeants du circuit veulent recruter les hockeyeurs aptes à avoir un impact économique positif sur le circuit.

Evgeni Malkin atterrit à Magnitogorsk en compagnie de Sergei Gonchar dès le début du lockout. Alexander Ovechkin rejoindra le Dynamo de Moscou peu de temps après. Ilya Kovalchuk sera recruté par la SKA de Saint-Pétersbourg et Pavel Datsyuk louera ses services au mythique club de l'Armée rouge.

Il n'en fallait pas plus pour voir les matchs de la KHL apparaître sur les ondes d'ESPN 3 dès le mois d'octobre dernier. Le circuit adapte aussi ses plateformes web pour les Nord-Américains. KHL Marketing recrute entre autres les personnalités du monde de l'Internet Andrey Osadchenko et Steve Dangle pour produire une version anglaise de ses faits saillants des matchs diffusés sur YouTube. Le duo russo-canadien est bien connu pour son vlog humoristique intitulé Joining the rush.

Le circuit gagne certes de la visibilité en Amérique, mais la presque totalité de ses clients sont en Europe. Ce n'est donc pas par hasard si le magasin en ligne Khlstore.eu, qui vise le public de l'Union européenne, est lancé durant le conflit de travail de la LNH. Les amateurs peuvent entre autres y acheter des rondelles à l'effigie d'Alexander Ovechkin, d'Ilya Kovalchuk, d'Evegni Malkin et de Zdeno Chara dans l'uniforme des clubs de la KHL qui les ont adoptés durant le lockout.

Les partisans russes ont la fièvre

En Russie, les amateurs de hockey n'en croient pas leurs yeux. La ville de Moscou n'est pas épargnée. « Ovechkin joue pour Dynamo? », s'exclame une journaliste de la chaine Mir, le pendant russe d'Évasion, lorsqu'elle apprend la nouvelle d'un correspondant étranger au bar Cuba Libre situé derrière le théâtre Bolchoï. « Kovalchuk! », crie-t-elle d'une voix aigüe avec les yeux ronds en apprenant que le numéro 17 des Devils évolue maintenant pour le SKA.

L'ancien des Trashers est devenu le Sidney Crosby russe depuis son but en prolongation contre le Canada lors des Championnats mondiaux de Québec en 2008. Sur la vitre de la porte arrière de l'aréna de Tchekhov, deux petites mains se collent brusquement à l'apparition d'Ilya Kovalchuk dans le corridor. Le grand hockeyeur a tout juste le temps de franchir le cadre de la porte avant d'être assailli par une centaine de jeunes de moins de 12 ans avides d'autographes.

À l'aréna Loujniki, fief du Dynamo de Moscou, Ovechkin est tout aussi débordé. Les gardiens de sécurité doivent surveiller une masse d'enfants habillés en bleu en quête de signatures, de jeunes femmes en jupe courte quémandant une photo avec la vedette pour leur profil Facebook et les sempiternels chasseurs professionnels d'autographes. Moins enclin aux bains de foule, l'ailier des Capitals s'enfuit parfois par la sortie d'urgence.

Bonheurs et misères aux guichets

Malgré l'effervescence, les petits arénas de Moscou n'ont pas réussi à séduire les partisans, et ce, même durant le lock-out. Le chemin de croix du hockey moscovite est rempli d'obstacles. Le soccer est roi dans la capitale. La circulation immonde décourage les amateurs, mais l'état épouvantable des arénas joue aussi pour beaucoup.

L'ancien capitaine de l'équipe soviétique Viacheslav Fetisov a fait des pieds et des mains pour convaincre le gouvernement russe de mettre en chantier un amphithéâtre moderne pour le club de l'Armée rouge. Durant son passage à la présidence du CSKA, il a même déclaré qu'il serait « impossible d'attirer les partisans dans une pareille grange » en parlant du domicile actuel de l'équipe.

Les matchs joués au Khodynka Arena, construit en 2005, semblent lui donner raison. L'affrontement entre le SKA de Saint-Pétersbourg et le club de l'Armée rouge du 8 octobre dernier a rempli les 12 000 sièges de l'enceinte que l'on surnomme aussi Megasport. C'est quatre fois plus que la moyenne du CSKA cette saison.

Le projet de construction d'un amphithéâtre de 20 000 sièges de la compagnie Rosneft n'est donc pas farfelu. En plus d'être vétustes, les petits arénas des clubs de Moscou sont inconnus du grand public. La majorité des passants envoient les touristes perdus au Megasport lorsqu'ils cherchent le Palais de glace du CSKA. La preuve que les vedettes de la LNH ne peuvent pas régler tous les problèmes à elles seules... ou presque.

L'expertise en plus de la popularité

Avant de rejoindre le Neftekhimik de Nijnekamsk, Nail Yakupov a suggéré publiquement aux clubs de la KHL d'aller en Amérique du Nord pour étudier les organisations occidentales. Selon le premier choix des Oilers d'Edmonton, les dirigeants en récolteraient des connaissances leur permettant d'être plus efficaces.

C'est finalement l'Amérique qui s'est déplacée en Russie en cette saison 2012-2013. L'impact le plus important sur la KHL qu'auront les joueurs de la LNH, les partisans n'en aura aucunement connaissance.

Le circuit Medvedev apprend en ce moment comment optimiser ses services rendus aux joueurs. Les choses distinguant une ligue majeure d'un circuit mineur, la KHL les assimile en accéléré grâce aux conseils des enfants prodigues de passage au pays. Tous ces petits secrets, pour ne plus jamais les voir partir.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.