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L'opposition décrie un budget... qui sera adopté

L'opposition décrie un budget... qui sera adopté

Un texte de Sophie-Hélène Lebeuf

« Engagements brisés », « espoirs déçus », manque de « vision » : le premier budget Marceau déposé mardi n'a trouvé grâce auprès d'aucun des partis d'opposition, qui n'ont pas l'intention de l'appuyer. Mais, malgré la levée de boucliers, son adoption n'est pas menacée.

La Coalition avenir Québec (CAQ) a d'emblée fait savoir que ses 19 députés allaient rejeter le budget. Ce faisant, la formation de François Legault plaçait le Parti libéral, en pleine course à la direction, devant le dilemme de convoquer de nouveau les électeurs aux urnes s'il décidait de voter contre le budget du gouvernement péquiste minoritaire récemment élu ou de faire passer un budget qu'il décrie.

Au cours d'un point de presse donné en soirée, le chef intérimaire du Parti libéral, Jean-Marc Fournier, a annoncé la décision du caucus.

« Nous allons talonner ce gouvernement pour qu'il ne répète pas l'opération de démolition des services publics de la fin des années 1990. À partir de maintenant, ce gouvernement est en sursis », a-t-il a lancé aux côtés de ses collègues Raymond Bachand et Sam Hamad, porte-parole respectifs de leur parti en matière de finances et de trésor.

Plus tôt, M. Bachand avait indiqué que les libéraux s'opposeraient au budget, mais il avait du même souffle évoqué le scénario annoncé par Fournier. Il avait laissé entendre que certains députés libéraux pourraient ne pas se présenter en Chambre le jour du vote, ce qui éviterait de renverser le gouvernement élu en septembre dernier. Les Québécois ne veulent pas d'élections durant les Fêtes, avait soutenu M. Bachand, l'un des candidats à la succession de Jean Charest.

Un budget « inacceptable » aux yeux des libéraux

Raymond Bachand a critiqué un budget « inacceptable », « décevant, incomplet et qui ne met pas fin à de nombreuses incertitudes ». Il a notamment rappelé que l'industrie minière attend toujours la nouvelle politique québécoise sur les redevances, tandis que les universités ignorent toujours quel sera leur financement et que le pacte fiscal avec les municipalités n'est pas réglé.

Le maintien de l'équilibre budgétaire pour 2013-2014 n'a pas impressionné l'ancien ministre libéral des Finances. Le gouvernement bafoue la Loi sur l'équilibre budgétaire, a-t-il argué, puisque celui-ci n'est atteint que grâce au truchement des méthodes comptables.

M. Bachand a par ailleurs accusé le PQ de renier plusieurs de ses promesses électorales, dénonçant « le budget des engagements brisés », comme celui portant sur le gel des tarifs d'électricité du bloc patrimonial, qui seront ultimement indexés au coût de la vie, ou la réforme annoncée du régime minier, qui sera reportée.

« Le seul engagement qu'ils respectent véritablement, c'est leur abdication devant la minorité d'étudiants qui souhaitent que le gel des frais de scolarité soit mis en place », a-t-il lancé.

M. Bachand a également dit trouver irresponsable de couper 7,5 milliards de dollars sur cinq ans dans les dépenses pour les infrastructures et déploré les hausses d'impôts.

Un gouvernement élu « sous de fausses représentations »

Le premier budget présenté par Nicolas Marceau n'a pas davantage convaincu la CAQ. En Chambre, le porte-parole de la CAQ en matière de finances, Christian Dubé, a affirmé que le gouvernement avait échoué au test des « quatre conditions » posées par la formation concernant la taxe santé, l'atteinte de l'équilibre budgétaire, le niveau des impôts et des taxes ainsi que la relance économique.

Au cours d'un point de presse, le chef de la Coalition, François Legault, a notamment accusé Pauline Marois de renier plusieurs de ses engagements électoraux, dont l'abolition de la taxe santé instaurée par les libéraux, remplacée par une contribution progressive basée sur les revenus.

« Aujourd'hui, elle confirme que deux contribuables sur trois continueront de payer cette taxe. La classe moyenne est particulièrement perdante, puisque les Québécois qui gagnent un salaire annuel de 42 000 $ et plus paieront la même chose que sous les libéraux, ou encore plus », a-t-il déclaré.

M. Legault a aussi dénoncé les hausses d'impôts annoncées.

Le chef caquiste a également estimé que le PQ n'avait « aucune vision pour relancer l'économie ».

À l'instar du Parti libéral, il a déploré que le « prétendu retour à l'équilibre budgétaire » pour 2013-2014 repose sur une somme non récurrente de 1,467 milliard de dollars, estimant que la Loi sur l'équilibre budgétaire n'était pas respectée. « Ce déficit zéro est une illusion », a renchéri M. Dubé.

Québec solidaire dénonce un budget d'austérité

Québec solidaire a de son côté dénoncé un manque de solidarité et d'audace économique. « C'est un budget d'austérité à la sauce québécoise », a déploré sa porte-parole, Françoise David, qui voit difficilement comment sa formation pourrait appuyer le budget.

Le gouvernement « vient encore une fois s'en prendre aux moins fortunés et à la classe moyenne », s'est-elle insurgée.

La formation s'inquiète en outre des compressions prévues et dénonce l'« obsession du déficit zéro à tout prix ».

Du côté des divers acteurs socio-économiques, les réactions étaient partagées.

Pas de coalition en vue

Les partis d'opposition n'ont pas réservé leurs critiques pour le budget Marceau, libéraux et caquistes ne manquant pas de se décocher mutuellement des flèches.

Raymond Bachand s'en est ainsi pris au « sens des responsabilités » du dirigeant de la CAQ, parce qu'il a d'entrée de jeu annoncé que tous ses députés rejetteraient le budget. « François Legault, il ne pense qu'à lui, a-t-il accusé. Ça fait moins de 100 jours que ce gouvernement est en poste. Est-ce que c'est responsable? »

De son côté, François Legault a rejeté une éventuelle coalition avec le Parti libéral qui aurait pour conséquence de renverser le PQ. « On ne veut pas danser avec quelqu'un qui a les mains sales », a-t-il déclaré après avoir parlé des dépassements de coûts des grands projets sous les libéraux.

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