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Jamais neuf sans dix?

Jamais neuf sans dix?

Le mot dynastie commence à être un peu faible pour qualifier le Rouge et Or au football universitaire québécois. Le terme « supradynastie » pourrait être inventé sur mesure pour l'équipe de Glen Constantin et il ne serait pas encore trop fort.

Un texte d'Antoine Deshaies

Avec une victoire samedi contre le Vert & Or, l'Université Laval pourrait compléter le balayage d'une décennie complète avec un dixième titre québécois de suite.

Le programme du Vert & Or, à l'opposé, est né en 2003, l'année de la première des neuf conquêtes consécutives de la coupe Dunsmore par le Rouge et Or. Si samedi Sherbrooke participera à sa deuxième finale provinciale, le programme attend toujours de savourer un premier gain contre l'Université Laval.

Le portrait n'a rien de très invitant pour la visite des Sherbrookois, samedi, au stade Telus à Québec. Pourtant, l'entraîneur-chef du Vert & Or ne montre aucun complexe.

« On n'affronte pas le passé glorieux de l'Université Laval, on n'affronte pas les milliers de spectateurs dans les gradins, explique David Lessard. On affronte 48 joueurs sur le terrain, des joueurs comme nous. »

Quarante-huit joueurs qui n'ont toutefois jamais cédé sur leur terrain. Les joueurs du Rouge et Or étaient encore bien jeunes la dernière fois que leur équipe a perdu à domicile, en 2004.

Mais en 2010, le Vert & Or a causé une certaine frayeur dans les tribunes en s'inclinant en finale de la Coupe Dunsmore 22-17. Les Sherbrookois ont même pu tenter une longue passe dans la zone des buts sur le dernier jeu du match. Un ballon intercepté, au grand soulagement de la foule.

« C'est sûr qu'on se sert de ce match-là pour que nos joueurs restent concentrés, explique l'entraîneur du Rouge et Or Glen Constantin. On avait dominé à l'exception de deux ou trois jeux. Ça leur prouve que le cliché qu'un match dure 60 minutes est vrai. »

Et l'équipe actuelle de Sherbrooke a prouvé samedi dernier qu'elle n'est pas du genre à baisser les bras. En retard 24-7 au troisième quart contre les Carabins samedi, le Vert & Or a effectué une remontée irrésistible pour l'emporter 42-24.

« C'est une équipe très résiliente qui a su rebondir malgré sept revirements, souligne Constantin. Ils ont fait preuve de beaucoup de caractère. On va affronter une équipe soudée qui joue du football inspiré. »

Le porteur Pascal Lochard abonde dans le même sens. Il s'attend à voir une équipe bien différente que celle que le Rouge et Or a aisément vaincue 48-10 en septembre à Sherbrooke.

« On puise notre motivation dans le fait que nos adversaires vont arriver ici gonflés à bloc. C'est une équipe qui apprend de ses erreurs. Je m'attends à un match presque parfait de leur côté et du nôtre aussi. »

Les favoris fébriles

Pour les joueurs du Rouge et Or, un match de Coupe Dunsmore n'a rien de routinier même s'ils le remportent année après année depuis neuf ans.

« Nous sommes fébriles, explique Pascal Lochard. Fébriles, mais pas stressés. On a simplement hâte au début du match. Vous allez voir une équipe confiante, agressive et alerte sur le terrain.

« On ne craint pas davantage le Vert & Or parce qu'ils ont battu les Carabins à domicile, ce qu'on n'a pas réussi à faire en saison. Mais il va falloir être prêts. »

Si un entraîneur a l'expérience des grands matchs, c'est bien Glen Constantin. Mais ne comptez pas sur lui pour ne plus les apprécier, les savourer.

« On fait ce métier pour ce genre de match avec de grands enjeux. J'adore voir les joueurs s'investir toute l'année et sentir leur fébrilité. C'est ça notre récompense. »

À la 11e semaine de la saison, l'élaboration du plan de match demande encore plus de doigté. Glen Constantin et son équipe excellent dans cette facette du jeu.

« Ils ont dix matchs de vidéo pour analyser notre jeu. C'est encore plus important à ce moment de la saison d'être en mesure de briser nos tendances sans toutefois changer l'ADN de notre équipe. On veut garder notre équilibre. »

Avec une formation aussi solide à toutes les positions, Constantin a encore tous les outils en main pour mener son équipe à un 10e titre québécois de suite.

Les négligés en mission

Le quart Jérémi Roch n'hésite pas à utiliser le terme underdog (négligé) pour décrire son équipe. Un qualificatif souvent employé pour enlever de la pression à son détenteur.

Mais Roch sait bien que le terme ne lui sera d'aucune utilité une fois dans la fosse aux lions lavalloise.

« Tout passe par une bonne préparation, martèle le jeune quart de deuxième année. Il ne faut surtout pas essayer de trop en faire, c'est à ce moment qu'on fait des erreurs. Ça explique quelques défaites subies en début de saison. »

Le Vert & Or s'est donc entraîné dans des conditions hostiles, avec des haut-parleurs qui crachaient du bruit, mais aussi des insultes salées selon ce qu'a révélé le botteur William Dion sur son blogue. Tout pour imperméabiliser la concentration des joueurs.

« Pour battre une équipe qu'on n'a jamais battue, il faut réussir des choses qu'on n'a jamais faites, philosophe pour sa part le receveur Francis Lapointe. On ne peut pas se permettre une performance comme celle offerte lors du premier duel contre eux cette saison. »

« On veut offrir notre meilleure performance de l'année, poursuit David Lessard. On veut continuer notre progression et forcer Laval à jouer du grand football pour gagner le match. »

Comme Lessard et ses joueurs se retrouveront dans une mer rouge à Québec, tous les appuis compteront.

« Des fois, ça a quelque chose de rassurant de se tourner vers les gradins et de voir ce que j'appelle une tache de vert. Ça nous aide vraiment de voir ça, ça nous rappelle qu'on n'est pas seul. »

Ça ne peut certainement pas nuire.

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