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France: le conseil des ministres adopte un projet de loi sur le mariage gai

France: le conseil des ministres adopte un projet de loi sur le mariage gai
AFP

MARIAGE GAY - Cette nuit, plusieurs Etats américains, dont le Maryland et le Maine, ont validé par référendum la légalisation du mariage homosexuel. En France, le gouvernement Ayrault a lui aussi franchi une première étape décisive vers le mariage pour tous.

Le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe a en effet été présenté ce mercredi 7 novembre en Conseil des ministres alors même qu'il suscite une opposition très virulente de la droite et des églises sans pour autant convaincre totalement les associations homosexuelles.

L'essentiel du texte est connu: "le mariage est contracté par deux personnes de sexe différent ou de même sexe". De la possibilité de se marier, découlera, pour les couples homos, le droit d'adopter ensemble un enfant. Le texte ayant été présenté en Conseil des ministres, il va continuer à être débattu pour être finalement examiné par le Parlement à partir du mois de janvier.

Exit donc, au grand dam des associations de défense des homosexuels, l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes ou les questions de filiation, renvoyées par le gouvernement à une future loi sur la famille. Mais le texte examiné par les ministres a de grandes chances d'évoluer au Parlement. Le groupe socialiste a d'ores et déjà promis qu'il présenterait un amendement visant à introduire la légalisation de la PMA, et ce malgré les réticences du gouvernement.

Les religions vent debout contre le texte

A l'approche du Conseil des ministres, les opposants au projet ont haussé le ton, le cardinal André Vingt-Trois profitant de l'assemblée des évêques de France ce week-end pour taxer le projet de "supercherie" et brandir l'argument de la protection des enfants qui doivent "se construire en référence" à un père et une mère.

Des propos qui lui ont valu les foudres de la gauche, d'associations et d'internautes qui ont déversé des tombereaux d'insultes sur les réseaux sociaux tandis que le journal satirique Charlie Hebdo s'est fendu d'un dessin tout en nuances en une mettant en scène, dans des positions pour le moins équivoques, "Le père, le fils et le Saint-Esprit" devenus "Les trois papas" de Mgr Vingt-Trois.

Mais l'Eglise catholique marche sur des oeufs car elle craint de se laisser entraîner par les intégristes, comme l'Institut Civitas, qui appellent à descendre dans la rue le 18 novembre. D'autres opposants, comme l'association anti-avortement Alliance Vita, organisent des rassemblements la veille, le 17. Alors que le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim s'est lui aussi élevé contre le futur texte, des associations de défense des homosexuels ont appelé l'opinion et les parlementaires à résister aux "pressions" religieuses.

Sur le front politique, la droite s'est aussi emparée du sujet, certains allant même jusqu'à promettre l'abrogation du texte en cas d'alternance tandis que Marine Le Pen ou Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien Démocrate, connue pour ses positions anti-Pacs en 1998, demandent un référendum.

Les polémiques embrasent le débat

Malgré les efforts de l'UMP pour s'opposer au mariage gay sans pour autant passer pour homophobe, des déclarations maladroites, voire clairement insultantes pour les homosexuels, ont mis le feu au débat. Des responsables religieux mais aussi des élus ont notamment tracé un parallèle entre l'ouverture du mariage aux couples gays et une future légalisation de la polygamie et de l'inceste.

Sur son blog, le comte de Paris, héritier du trône de France, a même tracé un parallèle entre le mariage gay et la croisade menée par Saint Louis contre "l'hérésie cathare".

Valérie Pécresse, bras droit de François Fillon, s'est également attirée les railleries de la majorité en semblant vouloir "démarier" les couples homosexuels une fois que la droite sera revenue au pouvoir.

Mais la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, n'a pas échappé non plus aux critiques de l'opposition, en souhaitant que la place des homosexuels soit revue dans les manuels scolaires.

En Espagne, la loi validée par le Conseil constitutionnel

SOS homophobie a notamment souligné que parmi les pays européens - dont l'Espagne et le Portugal - qui ont ouvert le mariage, l'adoption et la PMA aux couples de même sexe ces dernières années, "aucun n'a sombré dans la décadence annoncée". Hasard du calendrier, le tribunal constitutionnel espagnol a d'ailleurs validé mardi la loi de 2005 sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels.

L'association Inter-LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) a pour sa part appelé à manifester mercredi soir près de l'Assemblée nationale. Le projet est également défendu par le Grand Orient de France, la première obédience franc-maçonne, taxant les positions de l'Eglise catholique d'"arriérées voire obscurantistes". Prudent, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a pour sa part souligné que les règles religieuses ne peuvent être opposées au projet de loi du gouvernement même si l'union de personnes de même sexe est "non conforme" à l'islam.

Des pétitions "pro" (psychanalystes) ou "anti" (maires qui refuseront de célébrer ces unions) font également florès sur internet.

Selon un sondage BVA publié samedi, les Français restent en majorité favorables, même si leur adhésion a faibli : 58% contre 63% en 2011 pour le mariage et 50% (contre 56%) pour l'adoption.

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