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Luc Leclerc se raconte sans détour à la commission Charbonneau

«On était de la pâte à modeler pour les entrepreneurs»
CEIC

L'ex-ingénieur de la Ville de Montréal Luc Leclerc a admis jeudi à la commission Charbonneau qu'il pouvait favoriser des entrepreneurs en construction avec la « complicité tacite » de ses supérieurs.

« J'ai jamais eu de complicité ouverte avec mes supérieurs. Peut-être qu'on a eu une complicité tacite au fil des ans. Mais on avait développé aussi des automatismes. [...] Au fil des ans, il y avait des choses que je faisais qui n'étaient pas correctes, mais que je passais automatique parce que je savais que si j'en parlais à mon boss ça allait passer », Luc Leclerc

Le supérieur immédiat de l'ingénieur était à l'époque Gilles Vézina, qui relevait lui-même, à partir de 2003 environ, de Robert Marcil, grand patron du module voirie à la Ville.

M. Leclerc a aussi soutenu qu'il bénéficiait d'une « bonne complicité » de la part de deux agents techniques, qui étaient davantage présents sur les chantiers que lui.

Il a nommé François Thériault et Michel Paquette, dont les noms avaient déjà été évoqués par l'ex-entrepreneur en construction Lino Zambito. Ces fonctionnaires ont été depuis suspendus avec solde.

En s'entendant avec les ingénieurs des contracteurs, a dit Leclerc, ces agents techniques lui permettaient de faire accepter plus facilement de faux extras. Leur collaboration rendait en outre le stratagème « difficile à détecter ».

Luc Leclerc a aussi expliqué qu'il supervisait pratiquement tous les contrats de la firme F. Catania et associés. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi, il a répondu qu'il faudrait poser la question à ses patrons.

Selon lui, Gilles Vézina avait « de la latitude » pour confier la responsabilité de certains dossiers à des ingénieurs, mais qu'il pouvait aussi « exécuter des commandes ».

« Ça aurait été très difficile de me pincer », a ajouté l'ingénieur aujourd'hui à la retraite « Je pense que j'étais assez bon » pour favoriser les entrepreneurs.

Luc Leclerc affirme que le système de collusion faisait l'objet de rumeurs persistantes depuis les années 2000. Selon lui, les entrepreneurs et les fonctionnaires parlaient ouvertement de ça.

Il a aussi dit qu'il avait entendu parler que le clan mafieux Rizzuto recevait une part de 2 % à 2,5 % de certains contrats et qu'une autre tranche de 3 % était versée à des politiques, mais sans pouvoir en dire davantage.

La procureure de la commission Sonia Lebel continue de passer en revue des contrats que Leclerc a supervisés avec différentes entreprises de construction, dont F. Catania et associés, Garnier, Mirabeau, Soter et Infrabec.

Mercredi après-midi, la procureure de la commission Sonia Lebel a passé en revue des contrats que Leclerc a supervisés pour les firmes ATA, Asphalte Inter, BP Asphalte, Bentech, Conex, Canasa et DJL dans les années 2000.

Luc Leclerc a confirmé qu'il a reçu de l'argent ou d'autres avantages de toutes ces firmes.

Mercredi, l'ancien surveillant de chantier à la Ville de Montréal a reconnu avoir reçu au moins 500 000 $ en pots-de-vin de la part d'entrepreneurs en construction.

Collègue et ami de Gilles Surprenant, Luc Leclerc a aussi reçu d'autres types de cadeaux, comme des billets de hockey, des bouteilles de vin, et s'est fait aider dans la construction de sa maison, voisine de celle de Paolo Catania.

Il affirme que la corruption touche d'autres villes au nord et dans l'ouest de Montréal. Il a remis 90 000 $ aux enquêteurs de la commission Charbonneau en espérant que cet argent reviendra à la Ville de Montréal.

Luc Leclerc n'a exprimé aucun remords et considère au contraire avoir bien servi la Ville de Montréal.

Le journaliste Françcois Messier @MessierSRC est sur place.

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