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L'intégrité, au coeur des priorités du gouvernement Marois

L'intégrité, au coeur des priorités du gouvernement Marois

Un texte de Sophie-Hélène Lebeuf

Promettant de lutter contre le « fléau » de la corruption, le gouvernement de Pauline Marois fera de l'intégrité son premier projet de loi. La première ministre a fait de cet enjeu le thème essentiel de son tout premier discours d'ouverture de session parlementaire.

Si elle accueillera les recommandations de la commission Charbonneau avec « beaucoup de sérieux », Mme Marois a affirmé mercredi à l'Assemblée nationale qu'il fallait cependant « agir sans attendre ». Et son gouvernement passera rapidement de la parole aux actes, puisqu'il déposera dès jeudi le projet de loi 1 « favorisant l'intégrité en matière de contrats publics », a-t-elle annoncé.

« Devant la corruption, à partir de maintenant, ce sera tolérance zéro! », a-t-elle lancé au cours de cette allocution, qui a duré une heure, écorchant à de multiples reprises l'ancien gouvernement libéral.

Le premier projet déposé visera à obliger les fournisseurs de services publics à « faire preuve de probité et d'intégrité » s'ils veulent obtenir un contrat du gouvernement. Le texte abordera également « l'intégrité dans l'octroi des contrats municipaux », a ajouté Mme Marois, qui a dit espérer l'adoption du projet avant les Fêtes.

Financement quasi-public des partis et élections à date fixe au menu

Le gouvernement souhaite déposer rapidement un projet de loi sur le financement des partis, qui deviendrait en grande partie public. Le gouvernement veut ramener de 1000 $ à 100 $ la contribution maximale individuelle annuelle à des formations politiques, mais seulement celles évoluant sur la scène provinciale.

Pour l'instant, les partis municipaux, eux, ne sont pas dans la mire du gouvernement, même si les allégations touchant l'administration municipale de Montréal et de Laval se multiplient devant la commission Charbonneau. Tout au plus, le gouvernement entend étudier « activement des façons d'assainir les pratiques de financement politique dans les municipalités ».

Le gouvernement est également « à la recherche d'un moyen législatif permettant de faire en sorte que les élus municipaux mis en cause par la justice dans des affaires criminelles en lien avec leur charge soient relevés de leur fonction », a ajouté Mme Marois, alors que l'inaction de Québec à ce chapitre a été critiquée récemment.

La première ministre aimerait également que soit créée une agence des transports, qui serait responsable du contrôle des travaux. Le ministère des Transports « se concentrera sur les fonctions de planification, de conception des orientations et des grandes politiques », a-t-elle précisé.

En outre, le gouvernement déposera avant les Fêtes un projet de loi visant à instaurer des élections à date fixe. Il entend également proposer de limiter la durée des mandats du premier ministre et discuter avec les partis d'opposition et les élus municipaux pour limiter à trois le nombre de mandats des maires des villes de plus de 5000 habitants.

Les maires de Québec, Régis Labeaume, et celui de Saguenay, Jean Tremblay, ont déjà exprimé leur opposition à cette proposition.

Des « finances en ordre » et un éventuel budget dès l'automne

Présentant la prospérité comme le deuxième pilier de son action gouvernementale, Pauline Marois a promis de « mettre de l'ordre » dans les finances publiques. Elle a dit avoir demandé à son ministre des Finances, Nicolas Marceau, « d'évaluer toutes les options », de la simple déclaration ministérielle à un budget en passant par un énoncé budgétaire, afin d'« assurer une gestion responsable et prudente ».

Déplorant au passage les « mauvaises surprises » laissées par l'équipe de Jean Charest, elle a cependant réitéré l'objectif d'équilibre budgétaire dès 2014. Au début du mois, le ministre Marceau avait évoqué un manque à gagner de 1,6 milliard de dollars, le double de ce qu'avaient estimé les libéraux.

Mme Marois a également indiqué qu'elle entendait aller de l'avant avec un nouveau régime de redevances minières et créer un secrétariat au développement nordique. Elle entend aussi finaliser la mise en oeuvre du nouveau régime forestier, prévu pour 2013. Elle a promis d'adopter rapidement une charte du bois.

Le gouvernement ouvre la porte à l'exploitation pétrolière, « mais à partir des pratiques les plus élevées en matière de protection de l'environnement, d'acceptabilité sociale », a-t-elle dit. Croissance et respect de l'environnement doivent être compatibles, a-t-elle assuré.

Pauline Marois s'est aussi engagée à resserrer les règles de gestion des grands projets d'infrastructures, déposer un projet de loi pour créer la Banque de développement économique du Québec et a annoncé la création du Groupe d'action ministériel pour la mise en oeuvre des projets d'investissement privé.

Une société « solidaire », du berceau au grand âge

Pauline Marois a indiqué que son gouvernement entendait « faciliter l'accès rapide » aux soins de première ligne, notamment en ajoutant 50 groupes de médecine familiale d'ici deux ans et 170 médecins de famille supplémentaires d'ici un an. « L'objectif du gouvernement, c'est que d'ici deux ans 750 000 Québécois de plus aient accès à un médecin de famille », a-t-elle dit.

Très laconique sur la taxe santé, sur lequel son gouvernement a déjà fait volte-face après avoir fait l'objet de nombreuses critiques, Pauline Marois s'est limitée à dire qu'en la modifiant, Québec soulagerait « trois millions de Québécois - dont beaucoup d'aînés - en transférant un fardeau fiscal de 400 millions de dollars des moins riches vers les plus fortunés ».

Revenant sur le conflit étudiant du printemps dernier, elle a déclaré qu'il fallait « renouer le dialogue entre les générations » et a réitéré sa promesse de tenir un sommet sur l'éducation supérieure.

Elle a aussi répété son engagement d'instaurer la maternelle à 4 ans dans les milieux défavorisés.

Promettant de « compléter le réseau » de garderies et de geler les tarifs à 7 $ par jour jusqu'à ce qu'il le soit, elle a en outre indiqué que son gouvernement annoncerait bientôt le « déblocage de milliers de places », qui commenceront à être disponibles dans les prochains mois. Cela permettra d'assurer à chaque enfant qui en a besoin une place en garderie d'ici quatre ans, a-t-elle estimé.

Elle a ajouté que le gouvernement lancerait une politique nationale de soins et de services à domicile, rappelant que ceux-ci coûtaient « quatre fois moins cher à l'État que les soins à l'hôpital » et précisant qu'ils contribueraient à désengorger les urgences.

Autre projet : le dépôt, « au printemps prochain, d'un livre vert sur une politique nationale de la prévention en santé ». « Pourquoi ne pas nous donner l'objectif que d'ici 10 ans, la population québécoise devienne une des nations les plus en forme du monde? », a-t-elle demandé.

Comme l'a annoncé il y a quelques jours le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, elle a déclaré que son gouvernement déposerait un projet de loi visant à confier à un organisme indépendant, formé de civils et de policiers, les enquêtes concernant les policiers impliqués dans des interventions s'étant soldées par la mort ou par des blessures graves.

Pauline Marois entend également aller de l'avant avec la création d'un registre québécois des armes à feu, qui sera « mis en place lorsque nous obtiendrons les données québécoises contenues dans le registre canadien des armes à feu ». Ce ne sera pas pour demain, car le litige est toujours devant les tribunaux, le gouvernement Harper tenant mordicus à abolir le registre national des armes d'épaule sans transférer au préalable les données à Québec.

La souveraineté mise en veilleuse

Axe central du programme péquiste, la question souverainiste n'a occupé que quelques lignes du discours. Reconnaissant que « les Québécois [demeuraient] partagés sur la question nationale », Pauline Marois a indiqué que son gouvernement allait « promouvoir » la souveraineté et répété qu'elle ne pratiquerait pas la politique de la chaise vide au Conseil de la Fédération.

Dénonçant les « neuf ans de torpeur » du gouvernement Charest, qui ont selon elle marqué la question identitaire, elle a promis de « faire la promotion de notre identité » et de défendre la place du français.

« Le gouvernement ira le plus loin possible dans la promotion de notre langue en déposant une nouvelle charte de la langue française », a-t-elle dit, consciente des résistances de l'opposition à ce propos. La Charte de la laïcité est quant à elle reléguée à de simples consultations.

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