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Pauline Marois reçue par le premier ministre français Jean-Marc Ayrault

Après le président, le PM
AFP

PARIS - Le Québec ne se reconnaît plus dans la politique étrangère actuelle du Canada, qui ne correspond ni à ses valeurs ni à ses intérêts.

C'est ce qu'a déclaré la première ministre Pauline Marois, mardi à Paris, dans une allocution devant l'Institut français de relations internationales (IFRI), un «think tank de référence sur les questions internationales».

Devant une centaine d'étudiants, d'experts et autres habitués des cercles franco-québécois, Mme Marois a critiqué les positions défendues par le gouvernement de Stephen Harper sur la scène internationale.

Selon elle, les Québécois «ne se reconnaissent plus guère dans la politique étrangère canadienne, qui tourne le dos à sa tradition d'ouverture, de médiation et de multilatéralisme». Pendant 50 ans, cette tradition, a-t-elle rappelé, a été inspirée par l'ancien premier ministre Lester B. Pearson, «l'inventeur du concept du maintien de la paix» et Prix Nobel de la Paix.

«La politique étrangère actuelle du Canada ne correspond ni à nos valeurs ni à nos intérêts», a poursuivi la première ministre, en rappelant que les positions d'Ottawa en matière de lutte contre les changements climatiques sont, par exemple, «aux antipodes de celles du Québec».

L'ex-ministre conservateur Jean-Pierre Blackburn, maintenant ambassadeur du Canada à l'UNESCO, assistait à cette conférence. Interrogé par les journalistes, il n'a pas réagi à l'attaque même s'il n'a pas semblé l'apprécier, parlant simplement d'un discours «intéressant», éventuellement «inspirant» pour ceux qui partagent le point de vue d'un gouvernement «qui veut l'indépendance du Québec».

Au Sommet francophone de Kinshasa en fin de semaine dernière, Mme Marois a rencontré M. Harper pour la première fois depuis son élection. L'occasion ne s'y prêtant guère, sans doute, elle ne s'était pas montrée aussi critique, parlant même d'une rencontre «presque chaleureuse». En conférence de presse, elle s'est défendue d'avoir soudainement changé de ton face à Ottawa.

«On n'a pas durci le ton. Ce sont des choses que l'on dit depuis un long moment. On l'a fait lorsque nous étions dans l'opposition. Maintenant que nous sommes au gouvernement, nous tenons le même langage. (...) Nous sommes en désaccord et nous le disons autant au Québec qu'à l'étranger», a dit Mme Marois, estimant avoir parlé «très simplement mais très fermement».

Après ce discours devant l'IFRI, la première ministre s'est rendue à l'Hôtel Matignon, où elle a été reçue par son homologue Jean-Marc Ayrault. À l'issue de l'entretien de 45 minutes, celui-ci a parlé d'une rencontre «plus que cordiale, chaleureuse et amicale».

On peut penser que celle que Pauline Marois a eu ensuite avec le ministre du Budget et des Finances Pierre Moscovici l'a été bien davantage. M. Moscovici est un grand ami du Québec et plus encore du Parti québécois. Très proche de François Hollande, il a joué un rôle important dans le retour à la «non-ingérence, non-indifférence» annoncé lundi par le président et qui n'était pas encore acquis en fin de semaine, croit-on savoir.

«Je suis très heureux que le président de la République ait repris cette formule à laquelle je tenais, parce que je crois qu'elle est juste. Je crois que ça définit bien ce qu'est notre relation fraternelle, dans la liberté et la souveraineté, c'est le cas de le dire, de chacun», a-t-il déclaré lors d'un point de presse avec Mme Marois.

Au fil de ses rencontres mardi, Mme Marois a parlé de libre-échange Canada-Europe, de jeunesse, d'innovation, d'économie solidaire, etc. En début de journée, à la radio d'État France Inter, comme à l'IRIF juste après, elle a aussi expliqué les grandes priorités de son gouvernement: la gouvernance souverainiste, la langue, la Charte de la laïcité, l'adoption d'une constitution, la création d'une citoyenneté québécoise.

Interrogée par l'intervieweuse vedette de la maison, Pascale Clark, elle a souligné qu'un référendum sur l'indépendance du Québec était «difficilement imaginable aujourd'hui» compte tenu de la situation de son gouvernement.

«Ce serait difficile de tenir un référendum, mais ce n'est pas non plus impossible. Cependant, comme mon parti est minoritaire et qu'il doit faire adopter cette option à l'Assemblée nationale face à deux oppositions fédéralistes, on peut difficilement penser que ce soit possible», a-t-elle dit.

Vu du Québec, cela sonne comme une évidence mais les auditeurs français l'apprenaient.

En soirée, le délégué général du Québec, Michel Robitaille, donnait un dîner officiel en l'honneur de la première ministre. Autre témoignage d'amitié sans équivoque: sept ministre _ le tiers du gouvernement Ayrault _ y étaient attendus.

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