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À bas les bottés

À bas les bottés

Depuis 2010, la NFL est sur un pied d'alerte pour tenter d'enrayer les commotions cérébrales. Depuis quelques mois, un sujet soulève les débats : l'abolition du botté d'envoi.

C'est un moment magique. Le ballon flotte au dessus des têtes, la foule retient son souffle. C'est le déclenchement des hostilités. Mais pour plusieurs raisons, la NFL songe à éliminer ce jeu.

En septembre 2007, Kevin Everett, des Bills de Buffalo, a miraculeusement échappé à la paralysie. Le botté d'envoi est à l'origine des plus violentes collisions.

« Il y a 12 joueurs qui arrivent sur toi à pleine vitesse et qui veulent ta tête! C'est la mentalité qu'une équipe doit avoir en retour de botté », souligne le retourneur des Argonauts de Toronto, Chad Owens.

En octobre 2010, la carrière du jeune Eric LeGrand, de l'Université Rutgers, a pris fin subitement lorsqu'il a plaqué le retourneur sur le botté d'envoi. Fracture de deux vertèbres, blessure à la colonne vertébrale : il est paralysé.

Son ancien entraîneur, Greg Schiano, maintenant avec les Buccaneers de Tampa Bay, envisage un plan pour éviter qu'un tel scénario se reproduise : l'abolition pure et simple des bottés d'envoi.

Dans une entrevue au magazine ESPN, Schiano estime qu'il faudra malheureusement d'autres blessures sérieuses pour que les règlements changent. Il suggère de remplacer le botté d'envoi par un botté de dégagement, qu'il juge plus sécuritaire, car les deux unités se font face.

La NFL y songe aussi. Selon le co-propriétaire des Giants de New York, John Mara, les discussions sont déjà bien entamées, mais aucun consensus n'a été établi.

Des sceptiques

Mara croit toutefois que ce jour viendra, mais tous n'affichent pas le même optimisme.

« Pour moi, c'est comme si tu commençais un match de hockey en tirant au sort pour savoir quelle équipe commence avec la rondelle derrière son filet. Ou tu commences au tennis avec un genre de petit service lobé, par en dessous, pour savoir qui va servir », ironise l'analyste Jacques Dussault.

« Ça va complètement changer le jeu! Si on élimine les bottés d'envoi, alors les bottés courts ne devront pas être permis non plus. Il y aura toutes sortes de problèmes. J'espère que la NFL n'ira pas de l'avant avec cette idée », estime Owens.

En 2011, la NFL a modifié le point de frappe des bottés d'envoi, de la ligne de 30 verges à la ligne de 35. Ces cinq petites verges ont eu un impact gigantesque.

De 2010 à 2011, le pourcentage de tentatives de retours a chuté... et le nombre de bottés non-retournés, avec reprise à la ligne de 20 (« touchback ») a presque triplé.

L'entrée en vigueur de cette règle a suscité la controverse. Mais la NFL dit mission accomplie: les commotions cérébrales ont diminué de 40 %.

Avec l'abondance des « touchbacks », le rôle des retourneurs est minimisé. Si les bottés d'envoi devaient un jour disparaître, leur boulot serait carrément en péril.

« Tu penses à des gars comme Devin Hester... ce serait quasiment un sacrilège que ces gens-là ne puissent pas nous montrer leurs habiletés et leur talent », rappelle Dussault.

Reste à voir qui, de la ligue ou des joueurs, aura le dernier mot.

D'après un reportage de Justine Boutet

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