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14e sommet de la Francophonie: Marois souhaite un rapprochement avec l'Afrique

Marois souhaite un rapprochement avec l'Afrique
PC

La première ministre du Québec Pauline Marois souhaite que le Québec resserre ses liens avec l'Afrique, insistant sur la nécessité d'aider le continent à progresser en matière de développement économique, de démocratie et de droits de la personne.

Dans un discours prononcé à huis clos dans le cadre du 14e Sommet de la Francophonie qui s'est ouvert samedi à Kinshasa, en République démocratique du Congo, Mme Marois s'est engagée à faire en sorte que l'Afrique retrouve « une juste place dans la politique internationale du Québec ».

« Alors que l'Afrique ambitionne d'être un acteur qui compte sur la scène mondiale, il est temps de donner un nouvel élan à nos liens d'amitiés historiques et de revitaliser nos échanges politiques, culturels, économiques et commerciaux. » — La première ministre du Québec, Pauline Marois.

Sur la question du développement économique, la première ministre a plaidé pour que les pays industrialisés et émergents encouragent les Africains à relever les « immenses » défis auxquels ils sont confrontés dans une relation de partenariat et non d'assistance. « Ce dialogue d'égal à égal avec l'Afrique fonde aussi l'action de la Francophonie en faveur des ses États membres les moins favorisés », a-t-elle dit.

Elle a par ailleurs mis en garde les États du « printemps arabe » contre la solution que représente « la fuite en avant ». « Sans une lente incubation des valeurs démocratiques dans la culture nationale, les élections libres risquent de n'être qu'un épisode vertueux et sans suite », a-t-elle prévenu, rappelant toutefois que le Québec a toujours offert son expertise pour veiller au bon déroulement des scrutins.

Quant aux droits de la personne, Mme Marois a mis l'accent sur l'assistance que la province compte continuer d'apporter aux femmes, « les premières victimes des conflits ». « Le Québec sera toujours aux côtés des femmes qui luttent pour le respect de leurs droits fondamentaux, souvent au péril de leur liberté et de leur vie », a-t-elle déclaré.

« Notre Sommet a raison de marteler ce message : le respect des droits de la personne n'est pas négociable. Il n'existe aucune impunité pour ceux qui veulent s'y soustraire, les piétiner ou les combattre. » — Pauline Marois.

Première rencontre Harper-Marois « presque chaleureuse »

Le sommet de Kinshasa a par ailleurs été l'occasion d'une première rencontre entre Mme Marois et le premier ministre du Canada, Stephen Harper, depuis l'élection du Parti québécois, le 4 septembre dernier.

Selon la chef du Parti québécois, cette rencontre a été « presque chaleureuse ». Les deux politiciens ont échangé de façon « très cordiale » sur différents enjeux, sans friction apparente. « Rencontre excellente », « très positif, très cordial », « presque chaleureux » : les qualificatifs employés par Mme Marois étaient loin d'une rhétorique guerrière.

À l'issue de cet entretien, la première ministre du Québec a indiqué que même si M. Harper est fédéraliste et qu'elle est souverainiste, il était malgré tout possible d'arriver à des ententes. Elle a notamment tendu la main à son homologue fédéral pour qu'ils travaillent ensemble à la diversification économique de la région de l'amiante.

« Ça a été une excellente rencontre, j'ai offert à M. Harper toute la collaboration du Québec pour que les Québécois soient bien servis. » — Pauline Marois, première ministre du Québec.

L'entretien a également porté sur le gisement d'hydrocarbures Old Harry, un dossier sur lequel Québec et Terre-Neuve-et-Labrador ne parviennent toujours pas à s'entendre, ainsi que sur le futur accord de libre-échange Canada-Union européenne, pour lequel le Québec espère une exemption sur les produits culturels.

Les sujets plus difficiles comme celui du rapatriement de certaines compétences au Québec ont été réservés pour une prochaine rencontre.

L'entourage de Stephen Harper a quant à lui indiqué que le tête-à-tête avait duré une trentaine de minutes. Le chef d'État aurait « rappelé qu'il va continuer de respecter les champs de compétence des provinces, tout en défendant les compétences du gouvernement fédéral ».

Les droits de la personne, un sujet imposé

Le premier ministre du Canada a lui aussi profité de son passage en République démocratique du Congo pour rappeler l'importance du respect des droits de la personne dans le monde. Devant la quinzaine de chefs d'État et de gouvernement présents à l'ouverture de l'événement, M. Harper a indiqué que tous les pays avaient une responsabilité dans la préservation des droits de leurs citoyens.

Le président français François Hollande a aussi abordé la question de front. « Parler le français, c'est aussi parler les droits de l'Homme », a estimé le chef d'État lors d'une rencontre avec les représentants de l'opposition au régime de Joseph Kabila, président de la RDC.

Sur la défensive, le président congolais a abordé le conflit dans l'Est de son pays en le qualifiant de « guerre injuste », « imposée » par « des forces négatives à la solde d'intérêts extérieurs ». Il a assuré de la volonté de la RDC « d'être un État de droit respectueux des principes de démocratie et de droit et liberté fondamentaux, conformément à la Charte de l'organisation internationale de la Francophonie ».

Alors qu'il prenait la parole, les mines sévères et les rares applaudissements trahissaient un malaise chez les délégués.

Le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a pour sa part vivement dénoncé un « déficit de démocratie dans les relations internationales » qui prive l'Afrique de la place qui lui revient, notamment au Conseil de sécurité.

Il a une nouvelle fois dénoncé le « report sine die » de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, de la réforme du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), « instances où l'Afrique doit occuper la place qui lui revient de droit ».

Stephen Harper a annoncé une aide de 18,5 millions de dollars sur trois ans à certains organismes. L'argent servira à prévenir la violence sexuelle contre les femmes en République démocratique du Congo et à soutenir les victimes en leur fournissant des soins médicaux ainsi que de l'aide psychologique et juridique.

Le Sommet de la Francophonie se clôturera dimanche avec une déclaration commune et la désignation du prochain pays hôte.

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Pauline Marois à Kinshasa

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