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ENTREVUE. Silvio Berlusconi : «Une solution serait que l'Allemagne sorte de la zone euro»

Silvio Berlusconi : «Une solution serait que l'Allemagne sorte de la zone euro»
AFP

BERLUSCONI - Le HuffPost Italie a fêté son lancement. Et de quelle manière: avec une interview de Silvio Berlusconi, qui n'avait jamais donné d'aussi long entretien depuis son départ du pouvoir. Nous vous avons traduit les meilleurs passages. Pour lire l'intégralité de l'interview (en iltalien), cliquez ici.

Rendez-vous au Palazzo Grazioli. L'ancien premier ministre lance : "J'ai perdu huit kilos, vous avez vu la forme que j'ai?". Malgré son look décontracté, Silvio Berlusconi n'a rien perdu de son tempérament guerrier. Avant même de démarrer l'interview, il a d'ailleurs asséné ne pas être satisfait d'une Italie "dont le premier ministre s'appelle Merkel". Alors que le débat sur le vote du traité budgétaire européen fait rage en France, il Cavaliere estime qu'il aurait "été moins fidèle à l'Allemagne".

Le Huffpost : Dressons le bilan de Mario Monti à la tête du pays. Cette année, son parti a voté toutes les mesures, même si la pilule était difficile à avaler. Comment jugez-vous les résultats?

Silvio Berlusconi : Le "Professeur" Monti était sur le papier le meilleur président du conseil d'administration pour un gouvernement d'urgence. Il a eu le soutien de la majorité et de l'opposition, en vue d'affronter au mieux la crise. Pour ma part, j'avais donné son nom à l'époque pour devenir commissaire européen à Bruxelles, et il n'a pas déçu.

En quoi vos idées différent-elles de celles de Mario Monti?

Silvio Berlusconi : Malheureusement, quand l'austérité a dû aller de pair avec la croissance, le gouvernement Monti s'est laissé embourber par les conditions posées par la gauche italienne: les vetos du Parti démocratique sur la réforme du marché du travail a stoppé net les mesures de redressement. Le professeur Monti a choisi d'augmenter les impôts pour relancer la production et le moteur de la consommation. Nous étions nombreux à critiquer -à juste titre- ces politiques de récession. Nous voulons des mesures plus courageuses! En lui accordant notre vote de confiance et notre soutien au Parlement, prouvant ainsi notre loyauté, notre sérieux et notre cohérence, nous avons honoré notre décision "patriotique" de démissionner en novembre dernier. Sans rogner sur la rigueur des dépenses et l'objectif d'un budget équilibré, le temps est venu pour le gouvernement Monti d'accélérer le rythme concernant la politique économique et de se concentrer sur la croissance.

Qu'auriez-vous fait de différent si vous aviez été aux commandes?

Silvio Berlusconi : Tout d'abord, je n'aurais pas augmenté la pression fiscale. Et je n'aurais pas imposé la limite de 1000 euros sur les retraits en espèces. Les citoyens se sentent comme prisonniers d'un État policier qui contrôle systématiquement leurs revenus, leurs dépenses et donc leur bien-être de manière générale.

Et sur le plan européen ?

Silvio Berlusconi : J'aurais été moins en ligne avec l'Allemagne que Mario Monti. Parce que leur hégémonie impose une politique d'austérité et de rigueur à l'ensemble des autres pays européens, sous prétexte que l'austérité mène à la réduction de la dette. C'est une illusion: la dette publique diminue lorsque le PIB augmente, ce qui signifie qu'il faut développer la croissance.

Soyons clairs une bonne fois pour toutes: voulez-vous que l'Italie soit dans ou à l'extérieur de la zone euro ? Quels sont les différents scénarios?

Silvio Berlusconi : Il y a trois possibilités. La première: convaincre l'Allemagne que nous ne pouvons pas avancer avec seulement une politique d'austérité. La deuxième: que l'Allemagne sorte de la zone euro, une hypothèse qui n'est plus de la science-fiction depuis que les banques allemandes ont évalué les conséquences d'une sortie de l'euro. Et la troisième: que d'autres pays sortent de la zone euro, ce qui signifierait la fin d'une monnaie commune et l'abandon de l'Europe.

Laquelle de ces hypothèses préférez-vous?

Silvio Berlusconi : La première: convaincre l'Allemagne

Revenons sur les prochaines élections italiennes. Seriez-vous prêt à participer aux primaires du parti contre d'autres candidats?

Silvio Berlusconi : Je n'ai jamais eu peu d'aller au combat et de prendre part à la lutte contre les autres.

Seriez-vous prêt à soutenir un candidat qui ne s'appellerait pas Silvio Berlusconi?

Tout à fait! De tout mon cœur.

Pour terminer, si c'était à refaire, géreriez-vous de la même manière l'arbitrage entre votre sphère publique et votre vie privée?

Silvio Berlusconi : Mon comportement a toujours été correct, en privé comme en public. Tout le reste n'est que de la désinformation et de la diffamation. L'utilisation du système judiciaire pour éliminer un adversaire politique est une pathologie grave qui affecte notre démocratie.

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