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Île Bonaventure : des fous de Bassan incapables de nourrir leurs petits

Île Bonaventure : des fous de Bassan incapables de nourrir leurs petits

Des chercheurs évaluent que la reproductivité des fous de Bassan de l'île Bonaventure a été cette année presque nulle.

Selon le directeur du programme d'études avancées en biologie de l'Université du Québec à Rimouski, Magela Guillemette, les poussins ont manqué de nourriture et seraient morts d'inanition. « Sur environ 175 nids dont nous suivons la reproduction, il reste quatre poussins présentement. Il faudra aller faire une vérification pour voir si ces poussins sont encore là », explique l'universitaire.

Le chercheur qui suit la colonie de l'île Bonaventure depuis cinq ans indique que le phénomène a pu être observé l'an dernier. En 2011, la population était de 47 800 couples, en déclin de 20 % sur le dernier recensement de 59 586 couples, établis en 2009. « Mais, poursuit Magela Guillemette, c'est vraiment particulier cette année. »

Rémy Plourde, directeur du parc national de l'Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé, confirme d'ailleurs que la nidification, cet été, a été catastrophique.

Le phénomène, selon Magela Guillemette, est attribuable au réchauffement de l'eau qui rend la quête de nourriture beaucoup plus difficile pour les fous de Bassan. « La meilleure hypothèse que nous avons, c'est que c'est relié aux nouvelles répartitions de la nourriture. Certaines espèces de poissons vivent maintenant à des profondeurs inatteignables pour l'oiseau », explique M. Guillemette.

Pour attraper sa proie, l'oiseau piscivore plonge à une profondeur d'environ 20 mètres. D'autres espèces comme le macareux ou la mouette tridactyle peuvent plonger jusqu'à 30 ou 40 mètres.

Un vaste territoire de pêche

Le fou de Bassan se reproduit tardivement vers l'âge de cinq ou six ans. L'incubation de l'oeuf dure 43 jours. Elle est suivie d'une période de nourrissage de 91 jours.

Plus gros oiseau marin indigène de l'Atlantique Nord, le fou de Bassan peut parcourir des dizaines voire des centaines de kilomètres pour rapporter du poisson à son seul et unique petit de l'été qu'il nourrit par régurgitation. Ils peuvent s'absenter du nid pendant plusieurs jours.

Cet été, on l'a vu partout, rapporte Magela Guillemette. « On a des rapports, précise le chercheur, de gens qui ont vu des fous de Bassan dans l'embouchure du Saguenay. J'étais ici au large de Sainte-Luce et de Sainte-Flavie et il y avait des fous de Bassan autour de notre bateau. C'est inhabituel à cette période-ci de l'année. C'est très rare de voir du fou de Bassan dans la région de Blanc-Sablon et on en voit depuis deux ans. »

Le fou de Bassan suit le poisson, ce qui expliquerait d'après le chercheur, cette dispersion dans l'estuaire et dans le golfe.

Onze espèces d'oiseaux marins nichent dans les falaises de l'île Bonaventure. Le fou de Bassan semble être la seule espèce d'oiseaux marins touchée par le phénomène.

Il existe six colonies de fous de Bassan en Amérique du Nord et elles sont toutes situées au Canada, dont trois au Québec, dans le golfe du Saint-Laurent, et trois sur l'île de Terre-Neuve.

Un texte de Joane Bérubé

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