Le dossier du nucléaire place Jean Charest sur la défensive, à trois jours des élections. Un documentaire sur la centrale nucléaire Gentilly-2, que le PLQ s'engage à rénover, allègue que le taux de cancer et de leucémie à proximité de la centrale chez les moins de 20 ans dépasse de 27 % la moyenne québécoise.
Ces données proviennent de documents publiés en 2011 par l'Agence de la santé et des services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec et portent sur la période quinquennale 2000-2004.
Grandes lignes de cette étude
Intitulé Gentilly or not to be, le film diffuse des propos de Thomas Mulcair, qui assure que « tout est déjà "arrangé" entre le gouvernement du Québec et les grandes entreprises impliquées dans la réfection de Gentilly-2 ». L'ancien ministre de l'Environnement dans le cabinet de Jean Charest et aujourd'hui chef du Nouveau Parti démocratique estime que le maintien de la centrale vise uniquement à faire du Québec un dépotoir de déchets nucléaires. Il croit que l'argument avancé, celui de vouloir maintenir 800 emplois dans la région, est « absurde ».
Questionné à ce sujet par les journalistes, samedi, Jean Charest a dû réagir à l'annonce de la diffusion prochaine de ce documentaire.
Le chef libéral affirme n'avoir jamais été informé d'un projet visant à faire du Québec « la poubelle nucléaire » du pays. Il soutient que les décisions que son parti a prises concernant la réfection de la centrale l'ont été « à partir de l'information que nous avions et il n'y a aucune indication que sur le plan de la santé, il y a des enjeux », dit-il.
« Reconnaissons qu'à ce jour, il n'y a personne qui a relevé une situation qui nous amènerait à nous interroger là-dessus, moi c'est ce que je constate », dit M. Charest. Il assure que « des suivis sont faits autour des centrales, que ce soit au Québec ou ailleurs ».
« On parle d'un film où il y aurait une information, [mais] personne n'a vu le film. Je pense qu'on va se garder une certaine réserve sur ces choses-là. Et s'il y a une information, elle sera vérifiée. » -- Jean Charest
Le documentaire de Guylaine Maroist et d'Éric Ruel sera rendu public le 10 septembre, en première à Trois-Rivières. Il sera ensuite présenté à Télé-Québec à 21 h le 17 septembre prochain.
Réfection de Gentilly-2 : la CAQ pour, le PQ contre
En avril 2011, en pleine crise nucléaire à Fukushima, au Japon, Pauline Marois, avait indiqué qu'elle fermerait la centrale nucléaire de Bécancour, si elle était élue première ministre, et ce, même si les travaux de réfection de plus de 2 milliards de dollars y avaient été amorcés entre-temps.
« Ce n'est pas nécessaire de faire la réfection de cette centrale à un coût aussi élevé, alors que le Québec a les moyens, par l'efficacité énergétique, par l'utilisation des énergies renouvelables, et par l'utilisation de son hydro-électricité de se passer du nucléaire », avait-elle évalué.
François Legault a déjà indiqué qu'il était favorable à la réfection de la centrale nucléaire. Il se montre sceptique devant les allégations du documentaire. « Actuellement, les gens que j'ai consultés me disent que rien n'est prouvé ; il n'y a aucune relation directe qui peut être faite entre la centrale et la santé des gens », dit-il.
Il affirme toutefois qu'il n'est pas dogmatique sur la question et qu'il « attendra les études ». Il veut notamment s'assurer que le projet est rentable.
Radio-Canada avait en appris en octobre dernier qu'en plus des 1,9 milliard de dollars qu'Hydro-Québec alloue au projet, Québec devra fournir une nouvelle garantie financière de 1,6 milliard pour moderniser la centrale. Des économistes avaient alors estimé que les coûts du projet étaient sous-évalués.
Jean-Martin Aussant, le chef d'Option nationale qui se présente dans la circonscription de Nicolet-Bécancour, croit que la position de M. Legault est électoraliste. M. Aussant s'oppose au projet de réfection de la centrale, tout comme Québec solidaire.
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