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Dégraissage d'Hydro-Québec : un plan réaliste?

Dégraissage d'Hydro-Québec : un plan réaliste?

Le chef de la Coalition avenir Québec François Legault promet de financer son programme en faisant un grand ménage chez Hydro-Québec. Notre équipe de vérification des faits s'est penchée de plus près sur les économies envisagées par la CAQ.

Le cadre financier du chef caquiste prévoit que 4000 postes pourraient être abolis sans heurts d'ici 2015 grâce au non-remplacement des départs à la retraite. François Legault espère ainsi dégraisser la société d'État de 600 millions de dollars.

« Nous, on pense que c'est possible, avec les retraites volontaires, de ne pas remplacer 4000 postes, puis d'avoir une compagnie qui donne des bons services de façon efficace », a déclaré François Legault.

Vérification faite, un gouvernement caquiste ne pourrait pas atteindre cet objectif en trois ans, car seulement 3000 employés auront alors pris leur retraite. En refusant de remplacer les retraités, la CAQ devra soit congédier 1000 employés, soit retarder l'atteinte de son objectif.

Quant au maintien de la qualité des services, le pari de la CAQ est audacieux, car si l'on se fit aux expériences passées, ce ne serait pas la première fois qu'on tente de réduire la taille de la société d'État.

À la suite d'une vague d'abolitions de postes dans les années 80, la réputation d'Hydro-Québec a été ternie par la multiplication des pannes de courant. L'année 1988 sera d'ailleurs une des plus sombres de la société d'État.

Après avoir admis qu'elle avait été trop loin avec son plan de réduction de personnel, la direction a embauché, dès l'année suivante, près de 1000 personnes supplémentaires.

Dans les années 90, Hydro-Québec a coupé le quart de sa main-d'oeuvre, augmentant néanmoins l'utilisation de la sous-traitance. La société d'État a alors recréé plusieurs milliers d'emplois dans les années suivantes.

En décembre 2010, le président d'Hydro-Québec Distribution répétait que l'abolition systématique des postes des nouveaux retraités menaçait la fiabilité du réseau. Selon lui, le fait de ne pas remplacer les monteurs de ligne, par exemple, engendrerait des perturbations du service.

Aujourd'hui, le plus grand producteur mondial d'hydroélectricité emploi 22 500 personnes, presque autant qu'au milieu des années 80. Mais depuis, la production et la consommation d'électricité ont sensiblement augmenté dans la province.

Mercredi, le syndicat des employés d'Hydro-Québec a joint sa voix aux adversaires politiques de François Legault en l'accusant de jouer à l'apprenti sorcier en prévoyant abolir des milliers de postes à la société d'État, tout en maintenant de « bons services ».

« Nous mettons en garde les Québécois et les Québécoises contre l'improvisation dangereuse de François Legault à l'endroit de leur société d'État. La CAQ a créé une solution qui se cherche un problème. En effet, la société d'État québécoise est l'entreprise la plus rentable de son secteur, offre son énergie dans les coûts les plus bas au monde et son efficacité est reconnue par l'Industrie », a déclaré l'économiste du service de la recherche du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Pierre-Guy Sylvestre.

Avec les informations de Vincent Maisonneuve et de Thomas Gerbet

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