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FFM: Karakara, à la recherche du bonheur perdu

Karakara : à la recherche du bonheur perdu
Rachel Nadon

Le réalisateur Claude Gagnon poursuit ses réflexions sur la mort et la recherche (é)perdue de bonheur avec «Karakara», long métrage canado-japonais présenté en compétition officielle au 36e Festival des films du monde.

Si «Kamataki», le titre de son dernier film paru en 2005, référait à une technique ancestrale de poterie, «Karakara» évoque à la fois une sorte de cruche où on verse de l'alcool et le bruit que celle-ci fait lorsqu'elle est vide. Le vide, sa quête comme son expérience, se trouve en effet au coeur du personnage central, incarné par Gabriel Arcand. À la mort d'un de ses amis très proches, Pierre (Arcand) part à Okinawa pour se retrouver, «changer de perspective» comme il le dit lui-même. Il fait la rencontre de Junko (Youki Kudoh), une femme de 40 ans qui fuit son mari violent. Se construit alors une relation où s'entremêle leur propre quête de paix, leurs inquiétudes, leurs déconvenues et leurs désirs.

Avec la fiction, on peut tout raconter. Tout, dit Claude Gagnon. La mort, la vieillesse, l'amour. Pour le réalisateur, il y a là quelque chose comme une liberté intime, ou une intime libération. C'est au retour d'un voyage de quatre de mois au Japon, entrepris à la suite de la mort d'un de ses meilleurs amis, qu'il a ressenti le besoin de faire ce film. « Je sentais que j'avais envie de faire un film à Okinawa, d'y amener un Québécois. J'aime beaucoup l'idée que lorsqu'on est dans un autre contexte, on ne réagit plus de la même façon. Toutes nos connaissances, toutes nos notions de base se modifient. » Au contraire de «Lost in Translation», il voulait prendre le pays à bras le corps, y plonger à travers les yeux d'un étranger et d'une Japonaise. Les paysages prennent d'ailleurs une dimension importante dans le film, comme autant d'appels à la méditation et à la réflexion.

Le cinéma est, pour Claude Gagnon, une affaire de défis et de prise de risques. Pour «Karakara», il a notamment fait appel à une femme de 85 ans sans expérience de jeu, en plus d'avoir filmé celle que l'on nomme un Trésor national vivant, Toshiko Taira. Celle-ci est une des artisanes les plus reconnues en bashofu, l'art de tisser la fibre d'un certain type de bananier. Il a aussi beaucoup travaillé avec ses acteurs, et leur a donné la liberté de l'improvisation. « Au début, j'ai été obligé de les détendre un peu. Moi, je ne suis pas un auteur qui tient à ses virgules, dit-il. Ce que je veux, c'est le ton le plus naturel possible, je veux croire au personnage. Le reste n'a pas d'importance. »

«Karakara» est un film de dialogues, qui surprend parfois au détour, un film axé sur la lenteur de la caméra et la profondeur des réflexions, à l'image de sa propre démarche de cinéaste. «Je veux faire du cinéma qui s'éloigne du spectaculaire, mais qui s'infiltre, qui rentre, et qui dure longtemps. Qui marque. Et dans lequel il y a une grande part d'imperfection. »

«Karakara» prend l'affiche le 31 août.

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