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Plan Nord : des entreprises utilisent des prête-noms pour obtenir des ristournes

Des entreprises du sud bénéficient des ristournes du Plan Nord
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Une équipe de l'émission Enquête a découvert que des entreprises du sud du Québec manoeuvrent pour obtenir des ristournes qui sont destinées aux régions visées par le Plan Nord.

Sur la Côte-Nord, une entreprise du Saguenay, Gazon Savard, dont la plupart des employés proviennent de cette région, s'active à défricher pour Hydro-Québec.

« Normalement, c'est du 21/10 : 21 jours de travail et 10 jours de congé » explique Ghislain Simard, contremaître chez Gazon Savard.

Pour assurer tout de même des retombées sur la Côte-Nord, Hydro-Québec rembourse 40 % de certaines dépenses effectuées sur place.

Par exemple, pour 1 million de dollars dépensés en région, l'entreprise reçoit une ristourne de 400 000 $.

L'entreprise du Saguenay s'est associée à deux autochtones pour créer l'entreprise Mishtuk.

Lorsque la journaliste de Radio-Canada lui demande si Mishtuk possède la machinerie, M. Simard répond : « C'est avec nous, c'est un partenariat qu'on a ensemble. On a deux pelles avec Mishtuk ». Il ajoute que Mishtuk est propriétaire des pelles et qu'elle les a payées.

Le siège social de Mishtuk est situé sur la réserve de Natashquan.

De l'aveu même des actionnaires innus, ils n'ont rien eu à dire sur le contrat.

Selon Marc-Antoine Ishpatao, de l'entreprise Mishtuk, Gazon Savard a acheté la machinerie en utilisant le nom de son entreprise.

Lorsque la journaliste de Radio-Canada lui demande si on s'est servi de son entreprise comme prête-nom, il répond : « On va dire. Oui, je vais être honnête avec vous, oui. »

Les Innus s'attendent à recevoir entre 25 000 et 30 000 $ pour leur participation.

Gazon Savard nie avoir créé Mishtuk uniquement pour profiter de la ristourne, mais confirme le rôle mineur des actionnaires innus.

De son côté, Hydro-Québec a décliné la demande d'entrevue de Radio-Canada.

Un problème semblable à Chibougamau

À Chibougamau, la route sera prolongée jusqu'aux monts Otish, où se trouve une mine de diamants.

Le coût est de plus de 300 millions de dollars, qui proviennent surtout des coffres de l'État. Ici aussi, le ministère des Transports favorise le travail et les dépenses locales à l'aide de ristournes. Mais les faux partenariats sont si nombreux que la chambre de commerce a sonné l'alarme.

« C'est déloyal et déplorable. Ça va à l'encontre des efforts du ministère pour mettre en place des facilitants pour travailler et développer dans le Nord », affirme Jo-Ann Toulouse, présidente de la Chambre de commerce de Chibougamau.

Elle a d'ailleurs porté plainte à la police.

« Il y a une volonté de développer le Nord, mais, crime, on est en train de développer le Nord sans le Nord », ajoute-t-elle.

En pleine campagne électorale, les résidents des régions concernées par le Plan Nord aimeraient bien que les partis se prononcent sur ces enjeux.

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