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Le vin néerlandais en plein essor grâce à de nouveaux cépages résistants

Le vin néerlandais en plein essor grâce à de nouveaux cépages résistants

Manque de soleil, climat trop humide, températures trop basses : depuis des siècles les Pays-Bas, plus habitués à brasser de la bière, ont boudé la viticulture. Mais grâce à de nouveaux cépages plus résistants, le vignoble gagne du terrain au pays des polders.

Grâce à l'apparition de ces cépages hybrides, les surfaces consacrées à la vigne ont été multipliés au moins par six en huit ans.

"Ces cépages résistent notamment mieux à la maladie du mildiou et leurs raisins mûrissent plus vite, ils sont plus adaptés au climat néerlandais", explique à l'AFP Job Huisman, 55 ans, qui exploite un vignoble d'environ deux hectares avec son épouse Neeltje, âgée de 56 ans.

Les cépages classiques (Riesling, Auxerrois, Pinot Gris, notamment) ont du mal à s'adapter aux Pays-Bas, hormis dans certains vignobles au sud du pays, souligne-t-il.

Au début des années 1990, de nouveaux cépages développés en Allemagne, en Autriche et en Hongrie, notamment, grâce à de nombreux croisements, ont changé la donne, explique Theo Mellenberg, porte-parole de la Guilde des vignerons néerlandais.

Parmi les cépages les plus cultivés aux Pays-Bas, le Johanniter et le Solaris sont entrés sur le marché en 2000 et 2004, respectivement.

C'est d'ailleurs en mai 2006 que Job et Neeltje décident de se lancer dans la viticulture, une passion nourrie au fil de stages qu'ils avaient faits à titre bénévole dans des exploitations viticoles.

"Je suis un fils d'agriculteur, donc apprendre à s'occuper des vignes n'a pas été trop dur", assure Job, en dégustant fièrement avec son épouse un vin blanc "mi-doux" produit par leurs soins. "Là où j'ai dû apprendre beaucoup, c'est pour ce qui se passe après les vendanges".

A Drempt (est des Pays-Bas), Job et Neeltje produisent maintenant six vins différents, rouges, blancs et rosés, à partir de nouveaux cépages et à raison de près de 4.000 litres par an.

Leur "Nieuw Tivoli 2011" a obtenu en juillet le premier prix de la catégorie "blanc cuvée" lors d'un concours organisé par l'Institut du vin de Freiburg (sud-ouest de l'Allemagne), qui mettait en compétition 143 vins d'Allemagne, Danemark et Italie notamment, issus de cépages développés à Freiburg.

L'Office central des statistiques répertoriait 36 hectares de vignobles en 2003 aux Pays-Bas, contre 165 en 2011. La Guilde des vignerons néerlandais parle de 240 hectares.

Le chiffre reste minime par rapport aux grands pays producteurs de vin : la France comptait plus de 750.000 hectares de vignobles en 2011.

Mais "pour un pays sans véritable tradition viticole, c'est plus que pas mal", assure Theo Mellenberg, même si les analystes estiment que les Pays-Bas ne seront jamais un grand pays du vin.

Le problème ? Le rapport qualité/prix

"Il y a quinze ans, lorsque je goûtais du vin néerlandais, il était tout simplement imbuvable", soutient Nicolaas Klei, un spécialiste du vin, auteur de plusieurs livres.

"Actuellement, je dirais qu'il n'est pas mauvais à boire. Dans le meilleur des cas", poursuit-il, soutenant notamment que les nouveaux cépages n'égalent pas les meilleurs cépages classiques : "il faut être réaliste, on ne fera jamais du grand vin aux Pays-Bas".

D'autres, comme Hans Duijker, lui aussi auteur de plusieurs livres sur le vin, assurent que le vrai problème n'est pas le manque de qualité du vin néerlandais, mais son mauvais rapport qualité/prix.

"La terre, les machines, les infrastructures, la main d'oeuvre, cela coûte plus cher aux Pays-Bas que dans beaucoup d'autres pays", explique-t-il.

"Il faut compter environ 11-12 euros pour un bon vin néerlandais", assure M. Duijker : "dans les magasins, vous pourrez trouver du vin d'une qualité équivalente, voire meilleure, pour bien moins que cela".

A deux pas de leurs vignes, Job et Neeltje Huisman ont d'ailleurs ouvert un "Bed & Breakfast", "histoire d'arrondir les fins de mois".

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