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Muguette Paillé attend toujours

Muguette Paillé attend toujours

Un texte de Bruno Maltais

Son intervention remarquée sur le chômage au débat des chefs lors des élections fédérales, il y a un an, l'a fait connaître aux quatre coins du Québec. Mais sa popularité instantanée ne l'a pas sortie de la précarité.

Muguette Paillé, résidente de Sainte-Angèle-de-Prémont, et maintenant militant active du Parti québécois dans la circonscription de Maskinongé, est toujours à la recherche d'un emploi dans une région où le taux de chômage est élevé et où plusieurs villages se dévitalisent.

« Moi je représente la réalité des chômeurs, des petits salariés, des personnes qui vivent dans la précarité. Mme Paillé, c'est seulement une personne parmi tant d'autres. Je reflète juste une triste réalité qu'on ne veut pas toujours voir, parce que c'est confrontant. C'est de dire aux élus "vous n'avez pas fait votre job. Vous n'avez pas stimulé l'économie dans ma région" », soutient-elle.

Bien qu'elle reconnaisse que les chefs de parti doivent s'adresser à l'ensemble de la population québécoise dans le cadre de la campagne électorale québécoise, Mme Paillé déplore que les attaques aient pris beaucoup de place lors des débats des chefs, au détriment des visions des partis.

« J'aimerais qu'ils me parlent de développement économique. J'aimerais qu'ils me parlent d'agriculture. J'aimerais qu'ils me parlent de tourisme. J'aimerais qu'ils me parlent d'emplois pour les 50 ans et plus parce que ça demeure encore très pertinent. Je suis dans la même situation [que lors du débat fédéral en 2011] », ajoute-t-elle.

Malgré son intervention remarquée lors du débat fédéral, sur la précarité des emplois pour les personnes d'expérience, notamment en région, lors du débat des chefs de 2011, Mme Paillé note que « la seule usine qu'on avait à Sainte-Angèle a fermé ses portes ». En effet, l'usine Montpak, qui employait plus de 80 personnes au plus fort de sa production de viande, a cessé ses activités en décembre 2011.

« Ce n'est pas parce qu'on a des belles routes et qu'on fait des travaux routiers qu'on va faire prospérer l'économie. Il faut mettre de l'argent en agriculture, en tourisme, dans les usines de transformation de bois qui en arrachent », soutient-elle.

De l'importance d'un élu qui représente ses concitoyens

À la mairie de Sainte-Angèle-de-Prémont, la mairesse Barbara Paillé (aucun lien de parenté avec Muguette Paillé) explique que la petite municipalité de quelque 700 personnes est de plus en plus à la remorque du gouvernement.

« Pour créer ou maintenir les emplois, il faut l'aide des différents programmes gouvernementaux. Dans ce contexte rural, le rôle du député prend tout son sens. Il faut toujours qu'on ait quelqu'un qui nous écoute. Un député, quel qu'il soit, qui soit à l'écoute et toujours à l'avant-scène à nous accompagner partout dans toutes les dédales de ces programmes là », ajoute la mairesse.

Préoccupations locales, argumentations nationales

Les citoyens rencontrés dans les villages de la circonscription de Maskinongé ont tous les mêmes préoccupations quant à la dévitalisation du milieu rural, et tous s'entendent sur la nécessité d'investir dans les secteurs structurants pour la région. Mais, interrogés sur ce qu'ils retiennent de la campagne électorale et les enjeux sur lesquels ils prendront leur décisions, ils passent rapidement aux enjeux nationaux, et aucun n'évoque les candidats locaux.

Jean-François Gaudet, qui a dû fermer son épicerie à Saint-Justin faute de clients, en a long à dire contre la charte de la laïcité, la souveraineté du Québec, les revendications étudiantes et sur l'usure du pouvoir. « Mario Dumont est probablement parti six ans trop tôt! », lance-t-il, sans dévoiler pour qui il entend voter.

Hang Jiang, propriétaire du dépanneur de Sainte-Angèle-de-Prémont, soutient de son côté que le Québec a besoin de changement, et se dit séduit par les engagements de la CAQ.

Marie-Christine Sirois, qui habite à Saint-Léon-le-Grand, un village qui n'a « plus de dépanneur, plus de station-service et même plus de bureau de poste », relativise l'importance de la hausse des droits de scolarité, alors que sa fille devra aller dans une classe qui regroupe différents niveaux scolaires.

Veronique, de Saint-Élie-de-Caxton, estime aussi que le conflit étudiant a pris une importance démesurée. « Vous savez, quand le prix de l'essence augmente, on voudrait bien manifester. Mais contrairement aux étudiants en grève, on n'a pas le temps! »

D'autres citoyens n'ont simplement pas envie de partager leur point de vue, soutenant que « les candidats sont tous pareils » et qu'ils voteront, peut-être, « pour le moins pire ».

De la parole aux actes

Après avoir songé à devenir candidate l'hiver dernier, Muguette Paillé s'implique pour la première fois dans une campagne électorale en tant que bénévole pour le candidat du Parti québécois dans Maskinongé.

« Je vois comment ça fonctionne, comment tout ça s'opère. Et j'aime ça parce que je suis dedans. Je ne peux pas chialer. Je suis dedans et je m'implique », dit-elle.

bruno.maltais@radio-canada.ca

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