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OGM: le pain transgénique au Canada n'est qu'une question de temps

Le blé OGM au Canada, c'est pour demain
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Pain, pâtes alimentaires, couscous, bière pourraient bientôt être produits au Canada avec du blé OGM. «L’Australie sert de ballon d’essai au blé transgénique. Des variétés commerciales y seraient disponibles dès 2015», soutient Éric Darier, directeur de Greenpeace Québec. Il a séjourné en Australie pour tenter de convaincre les autorités là-bas d’abandonner «ce projet scandaleux».

Un rapport de l’organisation internationale de défense écologique dénonce le développement de la filière australienne de blé OGM. Outre les possibles effets nuisibles sur la santé humaine, Greenpeace craint une contamination génétique du grenier alimentaire mondial et de sa mainmise par une poignée de compagnies biotechnologiques et de multinationales des grains. Le blé est une des céréales de base, avec le riz et le maïs, dont se nourrit l’humanité. Il sert à fabriquer le pain partout dans le monde.

Les essais sur le blé OGM sont réalisés dans les champs de cinq États australiens sous la supervision du CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research). La plupart de ces recherches interviennent après le démantèlement par le gouvernement australien de l’Australian Wheat Board (AWB), un monopole de ventes de céréales cousine de la Commission canadienne du blé (CCB). Selon Éric Darier, la privatisation de l’agence australienne en 1999 a favorisé le développement de blé transgénique. Et le Canada pourrait être le prochain terreau.

«Le gouvernement Harper a remis les clés du grenier canadien entre les mains des multinationales. Et la venue de blé OGM dans les prairies canadiennes n’est qu’une question de temps», renchérit Stewart Wells, un des huit ex-directeurs élus de la Commission canadienne du blé. Ce dernier a été cavalièrement congédié par le gouvernement Harper après l’adoption en novembre dernier du projet de loi C-18 sur le libre choix de commercialisation des grains. Cette loi signe la fin du monopole de vente de blé et d’orge de la Commission.

Les anciens dirigeants de la Commission se sont vivement opposés à l’introduction du blé OGM créé par Monsanto parce qu’ils n’entrevoyaient pas de bénéfices pour les producteurs. De plus, les meuniers et les boulangers de la France, du Royaume-Uni ou du Japon n’en voulaient pas par crainte de la réaction des consommateurs. L’adoption de ce blé transgénique aurait aussi fait augmenter les coûts de manutention des grains - ceci pour établir un système de ségrégation du blé OGM et non-OGM.

Toutefois, «ni le Canada, ni les États-Unis n’ont statué sur le sort du blé OGM. En 2004 Monsanto a retiré sa demande de permis de commercialisation auprès des autorités réglementaires des deux pays», explique René Van Acker, professeur spécialiste en biosécurité et généticien des plantes à l’Université de Guelph, en Ontario.

À l’opposé, le président de la Canadian Wheat Growers Association, Kevin Bender, applaudit quant à lui le nouveau marché libre et la possible introduction de blé OGM dans les Prairies. «La CCB a toujours été frileuse à l’égard du blé OGM. Je crois que les producteurs et les consommateurs bénéficieraient de la venue d’un blé transgénique au même titre que le canola», dit-il.

Deuxième culture en importance dans l’ouest du pays après le blé, le canola est une plante industrielle dont on extrait l’huile pour fabriquer de la margarine ou du biodiesel. L’introduction de variétés de canola OGM dans les prairies en 1998 a rapidement contaminé toute la filière. «On ne peut plus trouver de canola exempt de gènes OGM aujourd’hui», soutient René Van Acker.

La venue d’un blé transgénique cultivé à large échelle en Australie, aux États-Unis ou au Canada ferait rapidement le tour de la planète. Le pain du monde entier risque fort de lever avec du blé transgénique dans les prochaines années.

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