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Le père Shafia, comme son fils, fera appel du verdict du jury

Lui aussi en appel
AP

TORONTO - Mohammad Shafia, reconnu coupable du meurtre prémédité de trois de ses filles et de sa première femme, fera appel du verdict. Son fils Hamed avait fait la même chose mardi dernier.

Shafia, âgé de 58 ans, sa deuxième épouse, Tooba Yahya, âgée de 42 ans, et leur fils Hamed, âgé de 21 ans, ont tous été reconnus coupables dimanche dernier par un jury, au deuxième jour de délibérations.

Ils ont été condamnés à la prison à perpétuité pour avoir assassiné trois jeunes soeurs de la famille — Zainab, âgée de 19 ans, Sahar, âgée de 17 ans, et Geeti, âgée de 13 ans — et la première épouse du père polygame, Rona Amir Mohammad, âgée de 52 ans. Leurs corps avaient été retrouvés en juin 2009 dans une voiture au fond d'une écluse du canal Rideau à Kingston, en Ontario.

Après la lecture du verdict par le jury, le juge avait reproché aux condamnés d'avoir été motivés par «un concept tordu d'honneur».

Le père Shafia a déposé, du pénitencier, un avis d'appel, première étape dans le processus judiciaire. Une demande formelle d'appel sera déposée plus tard.

Dans leur avis d'appel, les deux hommes reprennent les mêmes arguments: le juge n'aurait pas dû admettre en preuve le ouï-dire de déclarations des victimes, et le témoignage d'un expert sur le «crime d'honneur». Ils contestent aussi certains éléments des instructions du juge aux jurés.

«Le juge du procès a fait fausse route en admettant comme preuve le témoignage du Dr (Shahrzad) Mojab sur le 'crime d'honneur'», écrit Shafia dans l'avis d'appel. Shafia ne maîtrise pas parfaitement l'anglais, et on ignore si l'écriture est la sienne ou s'il a reçu de l'aide dans la rédaction de l'avis.

Les documents déposés par le père et le fils Shafia ne précisent pas s'ils ont été transférés du centre de détention Quinte de Napanee, en Ontario, vers une prison fédérale, dans la foulée de leur verdict de culpabilité.

Shafia et son fils ont aussi argué que le juge Robert Maranger avait fait fausse route en ayant admis comme preuve un ouï-dire sur les «quatre femmes décédées».

Plusieurs policiers, agents de la protection de la jeunesse et représentants d'école ont affirmé pendant leur témoignage que les adolescentes leur avaient parlé des tensions familiales et de leurs craintes. Une parente de Rona Amir Mohammad a quant à elle témoigné que la femme lui a confié avoir entendu une conversation entre Shafia et Tooba Yahya, au cours de laquelle il a évoqué ses plans de tuer Zainab et «l'autre», craignant qu'il ne s'agisse d'elle-même.

Shafia et Hamed ont aussi fait part de problèmes quant aux instructions données par le juge Maranger aux jurés. Ils estiment que le juge a fait erreur en caractérisant la version originale rapportée par les trois accusés aux policiers comme une conduite post-infraction.

Les accusés ont raconté aux policiers que Zainab avait emprunté les clés d'une voiture familiale et devait avoir emmené les trois autres femmes Shafia pour une promenade, au cours de laquelle elles ont plongé dans un canal par accident.

La Couronne avait plaidé que cette histoire a été inventée par les trois accusés pour dévier les soupçons pesant contre eux.

Tooba Yahya n'a pas rempli, pour l'instant, de formulaire pour une demande d'appel, bien qu'elle ait 30 jours après la date de sa condamnation pour le faire. Le jour même de l'annonce des verdicts de culpabilité, l'avocat de Hamed Shafia, Me Patrick McCann, avait indiqué qu'à son avis les trois condamnés feraient appel du jugement.

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