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L'étrange endossement du Globe and Mail

Dans son éditorial, le Globe a réitéré les critiques habituellement adressées à Trudeau, directement sorties du livre conservateur. L'ont-ils écouté? Je croyais que le journalisme consistait à rassembler les faits plutôt qu'à pousser un grand coup de gueule.
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Vendredi, avant le scrutin, le Globe and Mail s'est prononcé en faveur des conservateurs... sans Harper! Comme si le quotidien pouvait repenser la campagne - savourer son gâteau conservateur tout en laissant dans l'assiette le leader du parti.

Si des millions de Canadiens avaient mordu à l'appât, le discours de la victoire, lundi soir à Calgary, aurait peut-être ressemblé à ceci: «La population canadienne a parlé - me donnant quatre ans de plus pour faire le travail que j'aime, ce qui me permet de prendre toutes les décisions. Mais le Globe and Mail a également parlé. Ainsi, la chose noble à faire est de démissionner. Au revoir».

Heureusement, les Canadiens ont aussi pris la parole: ils se sont débarrassés de Harper de la seule façon possible.

Dans son éditorial, le Globe a réitéré les critiques habituellement adressées à Trudeau, directement sorties du livre conservateur. L'ont-ils écouté? Je croyais que le journalisme consistait à rassembler les faits plutôt qu'à pousser un grand coup de gueule. Les faits étaient pourtant là chaque jour, en plein devant eux, de la façon dont Trudeau menait sa campagne. Et, chose rare pour un politicien, voilà quelqu'un avec des idées. Pas un quelconque dogme appris par coeur.

J'ai assisté à une séance de questions et réponses en présence de Trudeau, au début de la campagne, et j'étais alors plutôt indécis à son sujet. (Je n'ai jamais été membre d'un parti politique.) J'ai écouté - voilà qui est assez facile - et j'ai été grandement impressionné par sa connaissance des questions, sa capacité à penser et réagir rapidement, son calme et son décorum. Tout comme probablement de nombreux autres Canadiens. Mais pas les éditorialistes du Globe and Mail, qui semblent avoir été sourds et aveugles, pour ne pas dire stupides. (Comme s'il souhaitait faire la preuve de son impartialité, le Globe a ajouté à son éditorial une liste de tous ses endossements lors des 10 élections depuis 1984: il ne s'est prononcé en faveur des conservateurs que sept fois.)

Un chameau a été défini comme étant un cheval désigné par un comité. Même chose pour cet éditorial. Il s'agissait d'une tentative désespérée afin de trouver une façon d'endosser le Parti conservateur. Pourquoi? Lisez-le, et vous aurez la réponse: le gouvernement du Canada y est présenté comme ayant tout à voir avec l'économie et les finances, rien d'autre. Ni les soins de santé, ni le réchauffement climatique, ni la politique étrangère. Rien sauf les emplois pour les Canadiens? Ou les privilèges de leurs amis, de leurs patrons? Bay Street plutôt que la rue principale?

La plupart des autres quotidiens de langue anglaise, incluant ceux appartenant à Postmedia, se sont prononcés en faveur des conservateurs. La directrice de la rédaction de l'un d'eux a même reconnu avoir reçu l'ordre de Postmedia d'agir de la sorte. On parle ici d'une entreprise qui contrôle 56 journaux dans ce pays.

Nous n'avons pas une presse libre au Canada. Nous avons une presse d'entreprise.

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