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À quelques pas d'une France nouvelle

Marine Le Pen ou Emmanuel Macron? C'est le casting inédit du second tour d'une élection complètement imprévisible qui aura littéralement bouleversé le paysage politique français en place depuis des décennies.
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Marine Le Pen ou Emmanuel Macron? C'est le casting inédit du second tour d'une élection complètement imprévisible qui aura littéralement bouleversé le paysage politique français en place depuis des décennies. Opposés pour une première fois, le centriste et la candidate d'extrême droite se livrent un combat d'idées qui aboutira à l'élection du 8e président de la Ve République française, le 7 mai prochain.

Avec 24,01% des voix (près de 8,7 millions de votes) selon les résultats finaux, Emmanuel Macron incarne une jeunesse entre gauche et droite, sans repères figés sur l'échiquier politique, en plus de créer un renouveau idéologique dans l'Hexagone. Son parcours «d'ovni politique» a effectivement de quoi surprendre. En 2014, alors âgé de 36 ans, il est devenu le plus jeune ministre de l'Économie depuis Valéry Giscard d'Estaing dans les années 60.

Et voilà qu'à peine trois ans plus tard, il pourrait accomplir un autre tour de force en étant élu le plus jeune président de la République française. Un record depuis l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte à 40 ans en 1848 qui semble, plus que jamais, être à sa portée. D'inconnu à président, est-ce possible? Chose certaine, sa qualification au deuxième tour est d'ores et déjà un événement d'une ampleur historique.

Sauf que de l'autre côté, Marine Le Pen se classe bonne deuxième, ayant récolté 21,30% des voix, soit près de 7,7 millions de votes, réalisant ainsi le meilleur score jamais atteint par le Front national. Derrière, elle venait le troisième homme, François Fillon, puis Jean-Luc Mélenchon, déçu de n'avoir pu concrétiser une remontée impressionnante, et Benoît Hamon, dont le parti demeure grand perdant.

Plus démonstrative et intensive que jamais, la leader du Front national s'affaire depuis maintenant plusieurs jours à mener une dure campagne, sur tous les plans, contre le candidat centriste. Tous deux semblent vouloir se battre de vitesse, en réalité.

Pendant qu'il rencontrait les syndicats de l'usine Whirlpool d'Amiens, menacée de fermeture, elle s'entretenait plutôt avec ses salariés, désirant s'afficher proche du peuple. Pendant qu'il s'apprêtait à donner un hommage aux victimes du nazisme, elle déposait une gerbe devant une stèle à Marseille, dans le sud, lors d'un déplacement surprise. Tout est donc calculé.

Rien n'est encore joué

N'oublions pas non plus que Marine Le Pen pourrait elle aussi en surprendre plus d'un, alors que l'étau se resserre de plus en plus autour des deux candidats. Le portrait se complique, et la décision ultime qui l'accompagne aussi, l'abstention et le vote blanc étant difficiles à estimer.

. Quand on demande aux électeurs français si la bataille est jouée d'avance, les opinions demeurent mitigées, dans un ratio presque moitié-moitié entre le «oui» et le «non».

Aux dernières nouvelles, Macron se situait autour de 59% au second tour, alors que Le Pen progressait, raflant près de 41% des intentions de vote. Quand on demande aux électeurs français si la bataille est jouée d'avance, les opinions demeurent mitigées, dans un ratio presque moitié-moitié entre le «oui» et le «non».

Est-il ainsi légitime de parler du cas de Trump, élu aux États-Unis de manière surprenante, voire imprévue? Peut-on ainsi oser penser que, par le même principe, l'extrémisme bouleverserait cette présidentielle, en propulsant le populisme? Chacun a sa réponse, mais la question, elle, mérite bel et bien d'être posée.

Des soutiens et des mouvements

Valls, Hamon, Fillon, Juppé, Hollande, et j'en passe: tant d'appels «express» à voter Emmanuel Macron lui confère une certaine confiance, mais ils confirment surtout la lente mort et la «défaite cuisante» du bipartisme français, comme le disait France 5, le 24 avril dernier.

Reste ensuite Nicolas Dupont-Aignan, ce candidat souverainiste ayant récolté environ 4,7% des voix au premier tour. L'homme de 56 ans est venu brasser les cartes le 28 avril dernier, en annonçant son soutien à Marine Le Pen au second tour. Un coup politique qui entretient d'autant plus la stratégie de « dédiabolisation » et de banalisation mise en place par le Front national.

S'agit-il d'une honte, ou d'un acte de bravoure ? Difficile d'en juger, même si la nouvelle demeure surprenante elle aussi. Une partie de la réponse semble se trouver dans le fait que NDA ne pense pas que le Front National soit d'extrême-droite. Il ne souhaite simplement pas «donner la France à la bourse de Paris», attaquant ici directement le centriste.

Logique, au fond, quand on pense qu'il y a un peu plus de deux ans, Dupont-Aignan déclarait à l'Agence France-Presse (AFP) qu'il voulait être au FN «ce que François Mitterrand a été pour le Parti communiste»: le ramener dans l'arc républicain. Des idées de grandeur plein la tête, peut-être.

Déçus et parfois même désabusés, les autres candidats voient déjà venir des élections législatives qui s'annoncent particulièrement compliquées, en juin prochain. Le clan républicain aura notamment une image à refaire dans un climat tendu et une profonde crise existentielle, après les nombreux scandales de Fillon qui ont entaché la réputation du parti.

Nos yeux rivés vers la France

Du 2 au 12 mai prochain, en tant que journalistes indépendants franco-québécois, nous serons de passage dans la Ville Lumière, afin de vivre et de raconter ce moment charnière de l'histoire française.

Une élection sans précédents, décisive pour le futur d'un pays divisé entre deux visions pour sa survie économique et sociale, dans une Union Européenne plus fragilisée que jamais. Quelqu'un a dit Brexit?

Or, même en direct du Québec, il faudra suivre ces élections. Elles seront essentielles à la poursuite de nos objectifs diplomatiques avec la France au cours des prochaines années.

Que le (ou la) meilleur(e) gagne. Et que démocratie soit faite.

En collaboration avec Amaury Paul.

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