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Je rêve du jour où le mot religion fera partie du passé et sera remplacé par le mot spiritualité. J'aime imaginer le jour où notre attachement à la religion sera vu dans l'histoire comme une étape qui était nécessaire à notre évolution humaine, à notre évolution collective.
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Je rêve du jour où le mot religion fera partie du passé et sera remplacé par le mot spiritualité. J'aime imaginer le jour où notre attachement à la religion sera vu dans l'histoire comme une étape qui était nécessaire à notre évolution humaine, à notre évolution collective.

Comme les films d'Hollywood nous ont fait comprendre que l'amour était autre chose qu'un baiser cinématographique, les églises et les religions nous auront fait comprendre que la foi n'est pas dans les lieux de cultes, mais dans notre plus grande intimité. Qu'elle était un tremplin nécessaire pour nous ouvrir à notre spiritualité et nous aider à comprendre que nous étions tous unis par celle-ci.

Ma tête est remplie de scènes vues et de mots entendus suite au passage de ceux qui se donnent comme mission de propager leur foi et les paroles de leur livre saint. Ravages serait parfois le mot juste pour qualifier le résultat.

Je pourrais raconter tant d'histoires sur la division que créent les religions et les religieux dans le monde. Outils pour assurer la soumission, pour séparer les peuples et pour nourrir les guerres. J'ai vu la tristesse des églises remplies de fidèles qui croyaient en Dieu, mais qui ne croyaient pas en eux-mêmes. J'ai aussi été témoin en Amazonie du bouleversement créé par ceux qui traduisent la bible dans les langues locales et qui, en le faisant, transforment les valeurs de ces peuples qui, avant de connaître les mots saints, vivaient en harmonie avec l'âme de la terre et du ciel.

Je me souviens de Kiribati où l'harmonie régnait entre protestants et catholiques, car les décisions collectives et culturelles étaient toujours prises dans la maison communautaire traditionnelle. Là, tous les membres de la société, des enfants aux vieillards, avaient la possibilité de participer aux décisions qui les concernaient. Lors de mon passage, la collectivité s'apprêtait à recevoir, après une décennie de conflits, l'île voisine pour un pacte de paix. Deux nouveaux missionnaires d'une troisième religion étaient arrivés peu de temps avant ma visite. En quelques semaines seulement, ils avaient réussi à s'assurer de construire une autre maison communautaire et de diviser le groupe lors de la prise de décisions concernant les préparatifs du jour de fête, de jeux et de matchs sportifs.

En Papouasie Nouvelle-Guinée, loin dans les terres au bord de la rivière Sepik, l'Église catholique n'avait pas réussi à remplacer leur prêtre missionnaire. Un nouveau était venu s'installer avec toute sa famille. Tout le village avait changé de religion le même jour. Comme le nouvel arrivé ne pouvait pas se rendre tous les jours ou toutes les semaines dans tous les villages de la région, il avait formé un jeune homme à interpréter la bible. Il avait choisi le meilleur orateur qui était un peu comédien et qui aimait bien paraître. Bien dressé en 4 mois, ce jeune homme, aimable, positif et joyeux, soudain s'était mis à crier à ces concitoyens et leur promettre l'enfer s'ils chantaient leurs chants traditionnels. Tous les jours au son de la guitare les chants n'étaient que des chants à Dieu.

En Afrique, au nom des réunions pour parler des paroles de Dieu, des parents laissaient leurs enfants à eux-mêmes des journées et des week-ends entiers pour se réunir, vêtus de blanc, et prier ensemble sous les arbres.

J'ai dû taire trop souvent mon incrédibilité et mon indignation devant le dégât, le désastre humain que les religions ont faits et font encore dans le monde. Après huit années passées dans des pensionnats, battue pour avoir parlé et pour refuser de me soumettre, je suis devenue profondément laïque avant même de prendre la route pour visiter "mes" familles du monde. Ma connaissance de l'Humanité n'a pas modifié mon opinion.

Nous sommes en 2013. Il y a un moment que nous savons que les livres saints ont été écrits par des hommes et non des femmes. Que les interprétations de ses livres dépendent de qui vous avez devant vous et de leur connaissance du monde et de l'être humain. Il y a certainement dans ces livres des paroles de sagesse, car l'homme ou la femme qui est en contact avec la voix intérieure sort facilement des paroles de sagesse. Je crois que si Jésus, Paul, le Prophète et Bouddha n'avaient pas dit ce qu'ils ont dit (ou peut-être dit), nos grands-parents, nos enseignants ou notre voisin auraient dit les mêmes paroles. La sagesse est de tous les temps et n'a surtout pas de sexe.

N'affichez pas votre sainteté ou vos croyances, mais votre sourire malgré les moments difficiles que vous traversez. L'Humanité tout entière est une maître en soi. Nous sommes l'exemple et les maîtres de nos enfants.

Ne me parlez pas de ce que Dieu a dit ou décidé ce que je devrais faire ou dire et mettre dans ma garde-robe. Parlez-moi de votre recherche à être une meilleure personne. Parlez-moi de cette voix qui vous guide vers votre paix intérieure.

Parlez-moi du "Big Bang de la conscience humaine", donnez-moi espoir d'un éveil soudain. Parlez-moi du jour où je vivrai sur terre en toute sécurité et sans peur de l'homme. Parlez-moi du jour où il n'y aura plus de guerre. Parlez-moi de Dieu quand Dieu sera une Déesse et quand elle aura écrit un livre. Parlez-moi de la découverte de l'univers tel que le découvrent la physique quantique et l'astronomie afin qu'elles me parlent de ma lumière et de mon lien avec le tout.

J'ai de la gratitude tous les jours pour les valeurs qui ont façonnées ma vie. Je suis une femme, et je fais partie des premières femmes dans l'histoire de l'Humanité qui ont eu une liberté presque totale d'agir, de penser, de parler, de partir, de rester célibataires, d'avoir des amants et pas d'enfants. Personne autour de moi a passé un commentaire et m'a dit que j'étais dans le mauvais chemin, que j'allais vers ma damnation.

Fêtez et dansez avec moi le fait que nous sommes ici, au Québec, tout en haut du "top ten" des peuples les plus libres du monde. Si nous sommes là, c'est que nous avons su comment faire. Nous devons continuer le dialogue, comme nous l'avons fait entre homme et femme et ouvrir la voie.

L'intégrisme religieux s'installe solidement et le monde a besoin de leadership et d'innovation. Nous sommes devant une situation nouvelle et j'appuie la Charte des valeurs québécoises sans inquiétude, car nous savons reconnaître et nous adapter quand nous avons fait erreur.

Nous devons nous faire confiance, nous sommes des leaders en matière de liberté.

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