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Le gouvernement Harper et la société civile

Nous connaissons tous la formule « les actes en disent plus long que les grands discours », sauf peut-être le gouvernement Harper, à qui le sens de cette phrase échappe manifestement.
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Nous connaissons tous la formule « les actes en disent plus long que les grands discours », sauf peut-être le gouvernement Harper, à qui le sens de cette phrase échappe manifestement. Sinon, comment expliquer, par exemple, le contraste frappant entre les déclarations récentes de Christian Paradis, ministre du Développement international, au sujet de l'engagement du Canada « à protéger et à promouvoir un environnement propice pour la société civile » et l'attitude de son gouvernement, qui fait exactement le contraire?

Depuis 2006, tout groupe qui ose penser et agir de manière indépendante, plutôt que d'offrir son appui indéfectible aux politiques malavisées des conservateurs en matière d'environnement, d'aide extérieure et de développement, est la cible de mesures offensives visant à le faire disparaître. Pire encore, les conservateurs se servent des organismes gouvernementaux pour exécuter leurs sales besognes.

Tides Canada, la Fondation David Suzuki et Environmental Defence figurent parmi sept éminentes ONG environnementales qui, après avoir critiqué le gouvernement conservateur, ont été la cible de vérifications de la part de l'Agence du revenu du Canada (ARC). Tides Canada avait exprimé haut et fort son opposition aux conservateurs, notamment à l'égard du pipeline Northern Gateway et d'autres projets. Ce n'est sûrement pas une coïncidence si, en 2012, une organisation dirigée par d'anciens membres du personnel conservateur a exigé que l'ARC enquête sur ces trois organismes. Et puis Joe Oliver, ministre des Ressources naturelles, a écrit une lettre ouverte dans laquelle il accusait de « radicaux » des organismes de bienfaisance voués à la protection de l'environnement qui avaient remis en question un projet d'extraction de ressources.

En avril dernier, le ministre Paradis a déclaré qu'il faut venir en aide aux organisations de femmes qui en ont particulièrement besoin. Pourtant, depuis 2006, les conservateurs retirent aussi leur financement aux organisations de femmes de la société civile qui font de la recherche et militent pour la défense des droits, incluant plusieurs qui se consacrent aux questions relatives à la santé des femmes. Et plusieurs organisations canadiennes de la société civile travaillant pour les femmes à l'étranger, comme MATCH International, ont aussi vu leur financement réduit.

Le sens que revêt pour nous tous l'expression « environnement propice pour la société civile » est bien différent de celui que lui donne le ministre Paradis et à l'opposé des actions méthodiques des conservateurs visant à réduire au silence les organisations progressistes de la société civile, actions caractérisées par un mélange troublant de réductions du financement, d'atteintes assassines à la réputation et d'utilisation d'organismes gouvernementaux pour mettre à exécution ce qui ressemble bien à une forme d'intimidation.

Des dizaines d'ONG canadiennes œuvrant dans le domaine du développement international ont été forcées de fermer leurs portes et de mettre à pied leur personnel parce que le gouvernement conservateur a rejeté leurs demandes de financement. Des organisations comme Développement et Paix et le Comité central mennonite ont vu leur financement diminué après qu'elles eurent demandé une meilleure réglementation pour encadrer les activités des entreprises minières canadiennes à l'étranger.

Et que dire des tentatives des conservateurs visant à soumettre KAIROS Canada par la menace? Les conservateurs ont lancé une offensive contre cette organisation de développement international reconnue et respectée et ils lui ont coupé les vivres afin de la punir pour avoir osé contester les politiques irresponsables du gouvernement.

Et il ne s'agit pas que d'une question de disponibilité de fonds : l'année dernière seulement les conservateurs ont permis que 300 millions de dollars du budget de l'ACDI (budget déjà amputé de 7.5%) demeurent inutilisés.

Pendant longtemps, les principes et l'indépendance dont le Canada a fait preuve au sein de la communauté internationale ont été la pierre angulaire des plus grandes réalisations de notre pays sur la scène mondiale. Mais notre tradition de responsabilité internationale a été sérieusement mise à mal par les conservateurs. Le Canada en est réduit à une litanie de vœux pieux que nos partenaires internationaux n'osent même plus croire. Surin Pitsuwan, secrétaire général de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est a bien résumé la situation, me semble-t-il, en disant que lorsque nos partenaires parlent du Canada, le nom évoque encore quelque chose, mais qu'on ne voit pas d'effort soutenu pour joindre la parole aux actes. Le temps est venu pour les conservateurs de prêcher par l'exemple et de mettre un terme aux attaques contre les ONG canadiennes.

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