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Armes nucléaires: un échec pour la politique étrangère de Justin Trudeau

J'ai honte de la position libérale à l'égard du désarmement nucléaire. Nous devons travailler à l'adoption d'une convention globale sur les armes nucléaires si nous voulons accomplir des progrès significatifs.
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Deux décennies après la fin de la guerre froide, neuf pays se répartissent quelque 15 000 armes nucléaires. L'armement nucléaire représente une menace importante pour la sécurité mondiale, car il risque de se retrouver entre les mains d'un plus grand nombre d'États et d'entités non étatiques. Une seule ogive nucléaire peut faucher la vie de millions de personnes, et les effets peuvent perdurer pendant des décennies.

Avec l'élection du président Donald Trump qui a promis d'accroître l'arsenal nucléaire américain et les récents actes troublants de la Corée du Nord, il est plus urgent que jamais que la communauté internationale travaille de concert pour interdire les armes nucléaires.

On pourrait donc penser, étant donné les beaux discours du premier ministre Trudeau, que le «Canada est de retour» sur la scène internationale et qu'il joue un rôle de chef de file dans ce dossier. En effet, le Parlement du Canada a voté à l'unanimité en faveur du désarmement nucléaire en 2010. À l'occasion de leur congrès d'orientation en 2016, les députés du Parti libéral ont suivi le chemin tracé par le NPD et ont voté pour des efforts visant à créer un monde sans nucléaire. Par conséquent, il serait logique que le gouvernement Trudeau défende ardemment la ratification d'un traité visant à interdire les armes nucléaires.

Si seulement c'était vrai.

Non seulement le Canada a refusé de s'engager dans les négociations visant à ratifier un traité sur l'interdiction des armes nucléaires cet automne, mais maintenant que la communauté internationale entame les négociations à compter du 27 mars, le Canada refuse d'y prendre part.

Cela est insensé et représente un échec cuisant pour la politique étrangère de Justin Trudeau.

J'ai demandé au moins cinq fois depuis septembre, lors de la période de questions, que le gouvernement canadien participe activement aux négociations visant à interdire les armes nucléaires, et je ne comprends toujours pas la logique qui sous-tend la position du gouvernement. Les Libéraux ont invoqué trois excuses, mais aucune n'est justifiée.

Premièrement, les Libéraux invoquent comme prétexte le traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles. Le Canada a raison de travailler à l'élaboration d'un tel traité. Mais comment le gouvernement ose-t-il utiliser ce prétexte pour détourner l'attention de la très grave question liée à la collaboration avec les autres pays pour rédiger un traité visant à interdire les armes nucléaires?

Le Canada devrait s'inspirer des Pays-Bas, également membres de l'OTAN, qui participent aux négociations.

Deuxièmement, il semble que les Libéraux se cachent derrière la participation du Canada à l'OTAN et qu'ils cèdent à la pression des États-Unis, qui ont demandé à leurs alliés de l'OTAN de s'opposer aux négociations. Mais le Canada n'a aucune excuse pour suivre l'initiative du président Trump sur cette question. Pas plus que l'affiliation du Canada à l'OTAN ne signifie que nous pouvons seulement voter avec les États dotés d'armes nucléaires, dont plusieurs ne sont même pas membres de l'OTAN. Le Canada devrait s'inspirer des Pays-Bas, également membres de l'OTAN, qui participent aux négociations.

Troisièmement, ce gouvernement semble croire que les négociations ne servent pas à grand-chose. Comme l'a mentionné un porte-parole du ministère des Affaires mondiales à un journaliste du Globe and Mail, « la négociation d'un traité visant à interdire les armes nucléaires sans la participation des États qui possèdent des armes nucléaires s'avérera inefficace et n'éliminera pas les armes nucléaires ».

Ce dernier point est peut-être le plus ridicule des trois. Toutes les négociations internationales dignes de ce nom sont difficiles. Le traité d'Ottawa sur les mines antipersonnel a demandé une volonté politique. La création de la Cour pénale internationale a demandé une volonté politique. Le Processus de Kimberley, auquel j'ai participé à titre de diplomate canadienne, a demandé une volonté politique. Ce ne sont pas tous les États qui ont participé à ces négociations, mais cela a donné des résultats. Et dans ces cas, le Canada a adopté une approche ambitieuse et a donné le ton sur la scène internationale. Que nous est-il arrivé?

J'ai honte de la position libérale à l'égard du désarmement nucléaire. Nous devons travailler à l'adoption d'une convention globale sur les armes nucléaires si nous voulons accomplir des progrès significatifs.

Un gouvernement qui respecte l'éthique devrait se joindre aux négociations pour un traité sur les armes nucléaires. Si nous voulons vraiment un désarmement nucléaire, nous devons nous relever les manches et travailler avec plus de 120 pays qui sont déterminés à interdire la bombe atomique. Le moment est venu pour les Libéraux de faire preuve de courage et de faire ce qui est juste. Ils devraient se mettre au travail et participer aux négociations portant sur le traité visant à interdire les armes nucléaires.

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