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Aide aux pays en développement: nous devons redevenir chef de file

Pour la troisième année consécutive, le Canada se classe parmi les pires pays en matière d'aide publique au développement.
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Le budget fédéral de cette année a suscité une vive déception. Malgré les demandes répétées du NPD et de la société civile canadienne, les conservateurs ont refusé d'augmenter le budget de l'aide publique au développement. Leur proposition concernant l'établissement d'une initiative de financement du développement soulève de graves inquiétudes et est à l'avenant de leur approche déficiente en matière de financement du développement international.

Un récent rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indique que les dépenses du Canada en matière d'aide publique au développement (APD) ont diminué à 0,24% de notre revenu national brut (RNB). Ce pourcentage est très loin de la cible de 0,7% pour le ratio APD/RNB, établie aux Nations unies il y a plus de quarante ans.

Les coupes successives apportées par les gouvernements conservateurs, à la suite de celles réalisées par les gouvernements libéraux, font que le Canada est incapable, voire réticent, à respecter ses obligations internationales. Ces coupes retardent notre travail pour mettre fin à la pauvreté dans le monde et mine la position du Canada à titre de chef de file du développement international.

Les dernières réductions apportées à l'APD sont le reflet de l'hostilité des conservateurs à l'égard du développement. En 2011, le gouvernement Harper annonçait un gel de cinq ans des dépenses en matière d'aide. Ainsi, les conservateurs reniaient l'engagement du Canada d'augmenter l'aide de 8% annuellement afin d'atteindre le ratio APD/RNB de 0,7%. En 2012, les conservateurs allaient encore plus loin en annonçant d'importantes réductions aux dépenses d'APD du Canada. L'OCDE indiquait que l'aide canadienne était passée, en dollars courants, de 5,65 milliards de dollars américains en 2012, à 4,9 milliards de dollars américains en 2013. Cette réduction constituait une coupe de 703 millions de dollars et une diminution de 11,4% des dépenses d'aide; une réduction surpassée seulement par le Portugal, un pays en pleine opération de sauvetage par l'Union européenne.

En 2014, l'APD du Canada a subi une autre réduction de 751 millions de dollars par rapport à 2013, passant de 4,9 à 4,2 milliards de dollars américains, une baisse de 10,7%.

Aujourd'hui, pour la troisième année consécutive, le Canada se classe parmi les pires pays de l'OCDE en matière d'APD. Non seulement cette situation limite-t-elle directement notre capacité à réaliser notre mandat à l'égard de l'éradication de la pauvreté, elle nuit à notre crédibilité en tant que partenaire fiable en matière de développement international.

Le Canada est passé du 6e rang des principaux donateurs d'aide au développement en 2012, au 10e rang en 2014. Pendant ce temps, la plupart des pays de l'OCDE ont augmenté leur budget d'aide. En fait, en 2013, le gouvernement conservateur du Royaume-Uni devenait le 6e pays dans le monde à atteindre le ratio APD/RNB de 0,7%.

Et ces coupes ne sont que les réductions budgétaires officielles. Les conservateurs procèdent aussi à des coupes furtives, à la dérobée, en n'utilisant pas tous les fonds du budget approuvé par le Parlement . En 2012-2013, plus de 290 millions de dollars d'aide ont été retournés au Trésor, faute de ne pas avoir été utilisés. Cette somme représentait près de 10% du budget total du MAECD pour l'année. En fait, à l'échelle du gouvernement du Canada, les conservateurs ont permis que des fonds de plus de 11 milliards prévus au budgetsoient inutilisés. Le budget approuvé par les députés élus n'a donc pas été respecté.

Le bilan du Parti libéral en matière de respect des engagements d'APD est encore pire que celui du gouvernement en place. Sous la direction de Jean Chrétien et de Paul Martin, les dépenses du Canada à l'égard de l'APD ont chuté, passant de 0,44% au taux historiquement bas de 0,23% du RNB en 2003.

La communauté canadienne du développement international craint que le gouvernement ait réservé une somme de 3,5 milliards de dollars pour son initiative phare de santé des mères, des nouveau-nés et des enfants (SMNE), alors que d'autres priorités d'APD font l'objet d'autres réductions. L'initiative de SMNE n'est qu'un des nombreux enjeux auxquels le gouvernement devrait s'intéresser, tels que l'agriculture, l'éducation et la bonne gouvernance, tous sous-financés par les conservateurs. La situation est d'autant plus préoccupante que le gouvernement affecte des fonds d'aide au développement à des initiatives visant à ouvrir des marchés pour le Canada, ce qui devrait relever du mandat du ministre du Commerce international.

Un gouvernement néo-démocrate établirait un calendrier pluriannuel pour l'atteinte du ratio APD/RNB de 0,7% par le Canada au cours de la prochaine décennie. Nous croyons que nous devons respecter nos obligations en matière d'aide aux pays en développement et redonner au Canada son titre de chef de file sur la scène mondiale. Il est temps de faire ce qui est juste.

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