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La fonction de conseiller municipal malmenée à Sherbrooke

Si les élus eux-mêmes ne se respectent pas, en utilisant des mots qui dénigrent et en laissant des gens prendre les décisions à leur place, la fonction d'élu demeurera l'une des moins respectées par la population.
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«Il fallait prouver à la junte politique que le spectacle était pertinent et je crois que c'est fait». Voilà une phrase prononcée par le promoteur du spectacle Cow-Boys, à l'affiche cet été à Sherbrooke, qui résume bien la dynamique de la politique municipale dans notre ville.

Dans un premier temps, on constate que le climat politique est caractérisé par une escalade verbale, qui vise à faire mal paraître les élus qui questionnent et qui expriment leur désaccord dans certains dossiers (plutôt rares, malgré ce que certains veulent laisser croire). La première étape fut franchie quand le maire a utilisé le mot «adversaires» pour les désigner, alors qu'il aurait dû parler de collègues. Un autre conseiller en a ensuite rajouté en les qualifiant «d'ennemis». Voilà maintenant qu'on les dépeint comme «la junte politique». On compare donc les élus qui ont voté contre la tenue du spectacle Cow-Boys à un «gouvernement à caractère autoritaire, le plus souvent militaire, issu d'un coup d'État», selon le Petit Larousse. Se méritera-t-on la prison la prochaine fois qu'on exprimera un avis contraire? J'exagère, mais c'est ce qui arrive quand on laisse les dérives s'installer.

Aurait-il été du rôle du président du Conseil municipal de briser cette dynamique dès qu'elle a pris naissance et qu'elle a été soulevée dans l'enceinte du Conseil? Aurons-nous la sagesse comme élus de prendre conscience que cette escalade est rendue trop loin et que la dynamique devrait changer? Le manque de respect autour de la table du Conseil se propage maintenant à l'extérieur de celui-ci. Il est sain dans une démocratie de questionner, et d'être parfois d'avis contraire. Si l'on ne permet pas la dissension, à quoi bon avoir 20 ou 15 élus autour de la table?

Dans un second temps, on observe que la création d'organismes paramunicipaux et le manque de leadership éloignent le pouvoir des élus, donc des citoyens. On se retrouve ici devant un promoteur qui proclame que les fonds municipaux attribués à son spectacle (plus de 300 000 $ par an) ont été bien dépensés. Il le fait à la place des élus qui sont seuls imputables face aux citoyens. De plus, il le fait alors que les résultats préliminaires n'ont pas été présentés, ni discutés au Conseil municipal.

Sera-t-il ramené à l'ordre par le maire ou le président de Destination Sherbrooke? À voir le nombre de déclarations unilatérales de ce genre, je ne pense pas. Par exemple, on se rappelle que Destination Sherbrooke a annoncé l'été dernier un spectacle de fontaines animées sur le site de la Fête du lac, avant que le Conseil ne se soit prononcé sur le sujet. De la même façon, Sherbrooke Innopole avait annoncé au gouvernement du Québec la création de l'incubateur, avant même que le dossier soit étudié et entériné par le Conseil. L'OBNL avait déjà été créé et le conseil d'administration nommé. Plusieurs de mes collègues ne semblent pas se formaliser de ce glissement de pouvoir, qui semble vouloir s'ériger en système.

On dit que la nature a horreur du vide. Le Conseil municipal est-il devenu politiquement si faible pour que des non élus s'approprient les pouvoirs et les responsabilités des conseillers municipaux et du maire? Une réflexion s'impose.

Enfin, si les élus eux-mêmes ne se respectent pas, en utilisant des mots qui dénigrent et en laissant des gens prendre les décisions à leur place, puis les mettre devant le fait accompli, la fonction d'élu demeurera l'une des moins respectées par la population.

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