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Vivre et vieillir dans la dignité

Nous avons déjà eu une commission sur la question de mourir dans la dignité. Il me semble qu'il serait temps d'avoir une discussion approfondie à propos des façons de vivre et de vieillir dans la dignité.
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Récemment, dans un sondage Léger commandé par Les Petits Frères, on apprenait que sur cinq enjeux de société majeurs, 26% des Québécois considèrent celui des conditions de vie des personnes aînées comme étant le plus préoccupant et le plus important. Cet enjeu arrivait au deuxième rang, tout juste après le soutien aux enfants malades. Ce même sondage confirmait aussi que 95% des Québécois jugent que l'état de santé des aînés pouvait être affecté par l'isolement ou le fait de vieillir seul.

S'il fallait une autre preuve que les Québécois saisissent bien que le vieillissement de la population commande des choix de société urgents, la voici. Chacun d'entre nous se rend compte, chaque jour, des conditions de vie difficiles de nos parents et grands‑parents, et ce, dans de nombreux domaines : les transports, l'hébergement, les soins de longue durée, les soins à domicile...

Nous constatons par ailleurs que les villes et les banlieues sont inadaptées au vieillissement de la population. Que le manque de services de proximité et de santé dans les régions rurales pousse certains aînés à l'exode. Nous les voyons, ces sexagénaires, partir travailler tous les matins. Nous devons réaliser qu'ils font face à d'énormes défis à propos de leurs conditions de travail.

Parallèlement, toutefois, nous admirons tous ces aînés, retraités et en santé, qui s'engagent bénévolement dans des associations et des regroupements, qui continuent à œuvrer dans leur communauté, qui deviennent des mentors, des proches aidants, des parrains ou marraines en éducation, des soutiens familiaux.

Les aînés au Québec vivent des réalités différentes, mais chacun d'entre eux constitue une richesse pour notre société et pour nos enfants.

Les aînés au Québec vivent des réalités différentes, mais chacun d'entre eux constitue une richesse pour notre société et pour nos enfants. Mettons-nous à leur écoute. Offrons-leur une société où l'on peut vivre et vieillir dans la dignité.

Il faut cesser de voir le vieillissement de la population comme un problème; considérons-le, plutôt, comme une richesse pour toute la société, comme un défi que nous devons relever « ensemble », comme le dit le thème publicitaire du gouvernement.

Un débat de société est nécessaire

Toutes ces réflexions m'ont fait réaliser une chose cruciale : le Québec doit tenir des états généraux sur les conditions de vie des personnes aînées. Il faut mener un vrai débat de fond, au cours duquel tous seront entendus : les aînés et leurs représentants, les patrons, les syndicats, les municipalités, le monde de l'éducation, le monde de la santé, les proches aidants, le milieu communautaire, et tous les autres acteurs concernés. En plus, bien sûr, du gouvernement et des députés.

Trop souvent, notre société a tendance à infantiliser les aînés. On fait des activités où l'on remet des médailles. On utilise pour les désigner un vocabulaire condescendant, comme lorsqu'on les appelle « nos aînés ». Pendant ce temps, on ne répond pas aux vraies questions. Des questions auxquelles il est pourtant urgent de s'attaquer si nous ne voulons pas frapper un mur dans quelques années.

On ne prend pas assez conscience que les conditions de vie des aînés touchent plusieurs facettes du fonctionnement de la société. Et l'exemple vient d'en haut : il n'existe aucune coordination entre les ministères sur cette question. Lorsqu'on aborde l'enjeu du vieillissement de la population, on constate qu'il n'y a, au Québec, aucune vision d'ensemble. Plutôt, une tendance à traiter des enjeux à la pièce, en oubliant la nécessité de voir plus loin qu'au jour le jour. Souvent, j'ai l'impression qu'on ne s'occupe que de l'arbre qui cache la forêt.

Récemment, par exemple, le gouvernement du Québec tenait un grand rendez-vous sur la main‑d'œuvre. Le premier ministre et plusieurs de ses ministres - ceux dont le ministère est lié, de près ou de loin, au thème du travail - ont assisté à la presque totalité du sommet. Mais jamais la question des aînés au travail n'a été abordée. C'est très préoccupant, et ça en dit long sur le sérieux qu'on accorde à cet enjeu actuellement.

De la même façon, tristement, le Secrétariat aux aînés, se trouvant sous tutelle complète du ministère de la Famille, n'est membre d'aucun comité ministériel. Par conséquent, au sein des comités ministériels traitant d'enjeux comme le travail, le bénévolat, le transport et la mobilité, l'habitation ou encore la santé, le Secrétariat aux aînés brille par son absence. Les aînés n'y ont pas de voix.

L'appareil gouvernemental doit développer le « réflexe aînés » qu'il n'a pas. Ayant atteint l'apogée du phénomène de vieillissement de la population, notre société doit dès maintenant réagir, effectuer des changements en profondeur. Sinon, les lendemains seront difficiles pour les prochaines générations d'aînés, ceux et celles qui ont aujourd'hui 35 ou 45 ans.

Pour toutes ces raisons, la tenue d'états généraux est urgente et nécessaire. Nous ne pouvons plus penser les enjeux liés aux aînés comme on le faisait il y a 20 ans. Nous devons, avec tous les acteurs de la société, faire face à ce défi de façon réfléchie et adéquate.

Nous avons déjà eu une commission sur la question de mourir dans la dignité. Il me semble qu'il serait temps d'avoir une discussion approfondie à propos des façons de vivre et de vieillir dans la dignité.

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