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Juste des bonnes nouvelles #2: Un étrange British barbu qui change le monde

J'ai décidé de vous parler d'un grand monsieur pas mal impressionnant, d'un étrange British barbu, d'une inspiration considérable, du meilleur patron de ma vie, du fondateur de «The Flying Seagull Project», j'ai nommé: Ash Perrin.
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Bonjour chers amis du Québec! Je vous écris de la Grèce, où je viens de passer l'un des mois les plus intenses de toutes ces années de voyage, à travailler dans les camps de réfugiés au nord du pays. Bien que j'aurais tout à fait raison de me plaindre, de pleurer la triste situation des réfugiés ou de dénoncer les nombreuses injustices dont je suis témoin ici... je ne le ferai pas! Je vais m'en tenir à ma promesse, c'est-à-dire une chronique qui ne contient que des bonnes nouvelles, au sujet de rencontres inspirantes, de gens qui font des choses magnifiques, et ce dans l'espoir de vous mettre le sourire aux lèvres!

Dans les camps de réfugiés en Grèce, avec Ash Perrin. Photo de Ricardo Torres.

Cette fois, j'ai décidé de vous parler d'un grand monsieur pas mal impressionnant, d'un étrange British barbu, d'une inspiration considérable, du meilleur patron de ma vie, du fondateur de «The Flying Seagull Project», j'ai nommé : Ash Perrin.

Derrière cette bizarre bête poilue, se cache un artiste multidisciplinaire au talent hors du commun dans nombreux domaines et l'un des meilleurs clowns que j'ai vus sur scène. Il diffère de tout ce qui se fait. Il surprend sans cesse, avec son inépuisable créativité et son style complètement débridé. En spectacle, il a une énergie explosive et une présence indescriptiblement fascinante. Je crois qu'il aurait pu avoir une brillante carrière artistique. Il aurait pu faire pas mal de sous et devenir une vedette. Mais non, ce n'est pas ça qui l'intéresse. Son histoire et son vécu bien particulier l'ont amené à faire d'autres choix. Je vous explique...

Ash Perrin. Photo de David Brunetti.

À la naissance, il était complètement sourd. Il s'est fait opérer pour sa condition à l'âge de 2 ans et demi. Suite à ça, le médecin a suggéré à ses parents qu'il fasse de la musique... que ça aiderait beaucoup. Ce qui a été une excellente idée. La musique est devenue sa plus grande passion, son art et son mode de communication le plus efficace lorsqu'il travaille un peu partout sur terre.

24 ans plus tard, en 2005, Ash était un jeune hippie comme un autre, qui voyageait au Cambodge. Il avait récemment gradué de l'école de théâtre et gagnait déjà sa vie comme clown professionnel. Une bonne journée, il avait décidé de jouer de la guitare, comme ça, devant un orphelinat. Immédiatement, des dizaines d'enfants se sont réunis à l'entour de lui et l'ont écouté pendant des heures. C'était pour Ash un moment magique, l'un des plus mémorables de sa vie. Il est resté dans cet orphelinat du Cambodge, pendant plusieurs jours.

Ash dans un hôpital quelque part dans le monde.

Après cette expérience, il réalisa quelque chose d'étrange : pendant tout le temps qu'il était là, aucun enfant n'a pleuré. Pas une seule fois. Ce n'était vraiment pas normal. On parle quand même de dizaines d'enfants laissés à eux même, dans un orphelinat merdique, dont certains n'avaient même pas un an.

Mais quand on y pense, ça fait du sens. À quoi ça sert de pleurer quand il n'y a jamais personne pour répondre à tes larmes? À quoi ça sert, quand il n'y a jamais personne pour venir t'aider ou te réconforter? De façon inconsciente ou par apprentissage, ces enfants le savaient. Ils avaient oublié comment pleurer.

Ash en spectacle, camps de réfugiés

C'est à ce moment précis, lorsqu'il eut cette réflexion, qu'Ash éclata en sanglots. Il réalisa à quel point il y avait des enfants seuls et tristes sur terre. Il réalisa ce que ça signifiait. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Il s'en donna la responsabilité. Après tout, son métier était de faire rire les enfants. Il avait la capacité de les rassembler par centaines et de leur faire passer un moment extraordinaire. Pourquoi le ferait-il pour l'argent, quand il pouvait faire une réelle différence? Inspiré par cette idée, il prit un cahier et un crayon. En quelques heures et en 30 pages, il mit sur papier un projet, un rêve. Aussi, il écrivit un message adressé à lui-même, à lire lorsqu'il sera de retour chez lui : « n'oublie pas, il n'y a rien de plus important que ce projet ».

Deux mois plus tard, «The Flying Seagull Project» était né et partait en tournée pour la première fois, dans les orphelinats de la Roumanie. Depuis les années, cet organisme aura rassemblé des dizaines d'artistes talentueux au grand cœur, afin de faire rire les enfants les plus vulnérables de la terre. Si on additionne les nombreuses tournées et qu'on fait le calcul, Ash et «The Flying Seagul Project» auront été sur le terrain, auprès des enfants, pendant un total de 54 mois. La majorité des clowns humanitaires que je connais ont été sur le terrain moins de 54 jours.

Équipe du Flying Seagull Project, camps de réfugiés en Grèce, juin 2016.

Je crois que les meilleurs leaders ne sont pas là pour donner des ordres. Ils agissent. Ils donnent l'exemple et ouvrent le chemin. Ash le fait comme personne. C'est le commandant d'une armée de l'amour et de la paix, constituée de clowns de partout sur terre. Il inspire la confiance et investit chaque seconde de sa vie à changer le monde.

Présentement, il travaille sur un projet d'envergure, un rêve qui dépasse tout ce qu'il a fait avant. Il essaie de rassembler plus de 100 artistes humanitaires, afin de couvrir tous les camps de réfugiés de la Grèce. Il veut que les enfants y aient une présence constante de clowns, pendant aussi longtemps que possible. Il veut que tous les jours, malgré ce chaos et cette violence, ces enfants puissent avoir l'opportunité de s'amuser, tout simplement et en toute sécurité.

Avec Ash, camps de réfugiés en Grèce

Je sais qu'avec lui, c'est possible. Je sais que ça va se concrétiser. C'est avec grand plaisir que je serai l'un des lieutenants de son armée, responsable d'un bataillon de clowns, à charger au front pour faire rire des milliers d'enfants. S'il le faut, j'abandonnerai tous mes autres projets pour celui-là. Car je sais qu'avec Ash, on peut vraiment changer le monde.

Ce texte a également été publié dans le Journal La Galère (Vol.14 #4)

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