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La forêt boréale du Québec n’a jamais été protégée

Depuis la nomination d’un forestier en chef et les réformettes du gouvernement Charest, la forêt boréale n’a pas cessé d’être traitée comme un vulgaire champ.
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Les espaces sauvages sont encore d'une superficie impressionnante, mais nous n'en protégeons pratiquement rien contre l'exploitation humaine.
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Les espaces sauvages sont encore d'une superficie impressionnante, mais nous n'en protégeons pratiquement rien contre l'exploitation humaine.

Les coupes à blanc, qui ont récemment eu lieu dans la réserve faunique de Matane, ont démontré que la protection de la faune, censée être défendue par leur propre nom de «réserve», n'est en fait qu'une blague cynique. Depuis la nomination d'un forestier en chef et les réformettes du gouvernement Charest, la forêt boréale n'a pas cessé d'être traitée entièrement comme un vulgaire champ.

Certes, les espaces sauvages sont encore d'une superficie impressionnante, mais nous n'en protégeons pratiquement rien contre l'exploitation humaine. Autrement dit, nous ne nous sommes rien gardé du territoire réellement vierge d'antan et pouvant être utilisé pour la recherche, aujourd'hui et dans le futur.

Il y a bien quelques réserves fauniques, mais il faudrait que quelqu'un m'explique la logique d'y permettre la coupe.

Certes, il y a bien quelques réserves fauniques. Par contre, il faudrait que quelqu'un m'explique la logique d'y permettre la coupe. Le mélange de l'industrie lourde et de la biodiversité se fait rarement à l'avantage de cette dernière... Pourtant, on bloque des projets de centaines de millions de dollars pour beaucoup moins dans la Vallée du Saint-Laurent, qui est le centre de l'activité humaine au Québec. Pendant ce temps, au nord, les machines à bûcher font fuir des centaines de bêtes chaque mois dans les zones spécialement dédiées à leur protection.

Cela ne semble aucunement embêter les libéraux et Philippe Couillard, qui a répondu à ma suggestion de créer une «vraie» aire protégée en forêt boréale en brandissant l'épouvantail des emplois de l'industrie du bois, lors d'une entrevue ce printemps, comme si je proposais par là de nous débarrasser de leurs emplois en général. Puisqu'il était particulièrement de mauvais poil ce jour-là, je n'ai pu faire valoir l'argument que cela pourrait même les aider à les garder. Les certifications écologiques ont la cote, que voulez-vous!

L'incertitude pour le milieu forestier est comme le café pour les fourmis. Si on se fixe, une fois pour toutes, sur certaines zones - qui n'ont pas à être si grosses, seulement quelques milliers de kilomètres carrés sur des millions - tous en profiteront. Probablement est-ce trop complexe à comprendre pour l'actuel ministre responsable du dossier, Luc Fortin, mais ce ne devrait pas l'être pour son patron prétendument surdoué.

L'absence de la protection d'une superficie minimale de nos millions de kilomètres carrés de forêt boréale découle d'un manque de vision et d'un courage pour le moins limité.

La peur de subir le même sort que ses deux prédécesseurs dans leur circonscription à la fin de leurs mandats est peut-être trop prépondérante dans son esprit pour envisager de remettre en question le statu quo, sachant que sa circonscription vit en partie de l'industrie du bois. Dans tous les cas, l'absence de la protection d'une superficie minimale de nos millions de kilomètres carrés de forêt boréale découle d'un manque de vision et d'un courage pour le moins limité.

L'annonce des libéraux sur la protection de plusieurs aires d'Anticosti, supposément en raison du potentiel de reconnaissance par l'UNESCO, est une manœuvre montrant à quel point la logique de Philippe Couillard peut être tordue et dénuée de cette vision dont nous sommes en droit de nous attendre de la part d'un chef d'État.

Les hydrocarbures potentiellement recueillis sur Anticosti seront puisés ailleurs et brûlés de toute façon.

Pire encore fut le refus soudain, après une rencontre avec Al Gore, de toute exploitation d'hydrocarbures sur l'île, qui forcera des dédommagements avec les entreprises ayant été autorisées à explorer.

Les hydrocarbures potentiellement recueillis sur Anticosti seront puisés ailleurs et brûlés de toute façon. Nous ne faisons que nous interdire d'en profiter. L'exploitation industrielle de cet immense espace insulaire ne fait que remuer une zone déjà profondément altérée par la présence assiégeante du chevreuil, très loin d'y être indigène. Il y a moins de 1000 touristes par année sur place, et seuls 300 habitants pour environ 8000 km. Plusieurs zones n'ont que peu d'intérêt, mais la protection y passe pourtant de 7% à 22% d'un seul bond.

Faudrait-il se compter chanceux qu'ils aient daigné d'ouvrir quelques centaines de kilomètres carrés de réserves de biodiversité sur le continent, qui protègent au moins, elles? Après tout ce temps au pouvoir, en continu? À quelques jours de la campagne? Laissez-moi rire!

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