Chaque fois qu'on me demande comment je fais pour me payer des voyages, je dois me forcer à ne pas répondre que je vends du Nutella à la petite cuillère et que j'ai arrêté de rembourser mon prêt étudiant. C'est marrant parce que les gens s'imaginent que j'ai une formule magique, une méthode universelle qui donne à chacun l'occasion de découvrir le monde.
Mais, à chances égales, nous n'avons pas tous la volonté et l'obstination nécessaires pour concrétiser nos rêves.
Et si je vous répondais qu'un petit chiot meurt chaque fois que vous me posez cette question, ça vous ferait quoi de penser à toutes les tombes qui fleurissent par votre faute dans le cimetière des animaux? Tout ça, parce que vous ne pouvez pas vous empêcher de fouiner dans les finances des autres!
Honte à vous, monsieur. Honte à vous.
Si vous demandez à tous ceux qui voyagent, et surtout aux blogueurs spécialisés, ce qu'ils pensent de cette question, je vous garantis que 99 % des gens vous répondront ce que je vais vous dire.
Avant tout, je tiens à préciser qu'elle m'a été posée par des amis très proches et par de parfaits inconnus, et que je la trouve parfaitement légitime. J'y ai plus d'une fois répondu avec enthousiasme, mais voilà ce qui me pose problème quand vous la formulez. J'ai établi trois catégories principales.
Premier souci : déjà, ça sous-entend que les voyages coûtent cher.
Je l'ai dit et je le redis. Les voyages ne sont chers que si on n'a aucun effort à faire. Quand on réserve un vol à une date précise, sans escale, en première classe, avec boisson comprise, on s'évite des efforts. Tant mieux, remarquez, mais si vous pouvez prendre l'avion le jour le moins cher de la semaine (le mardi), préférez cette option.
Je comprends néanmoins que quand on n'a pas beaucoup d'occasions de partir dans l'année, la flexibilité est toute relative.
Je n'ai pas non plus de problème à dire que vivre et travailler plusieurs mois à l'étranger est, de loin, le meilleur moyen de voyager plus souvent, plus loin, et pour moins cher, et ce n'est pas la première fois que je l'écris.
Quand on habite en Europe, par exemple, il y a des compagnies aériennes moins dispendieuses, des cartes d'abonnement ferroviaires, des bus pour aller d'un pays à l'autre, et plein d'autres choses encore qui vous offrent un large choix pour les voyages bon marché. Un aller-retour Barcelone-Monaco, avec des arrêts à Montpellier, Marseille, Saint-Tropez, Nice et Monaco ne m'a coûté que 140 dollars. Je suis sérieuse.
Deuxième souci : on pourrait penser que vous êtes trop paresseux pour vous renseigner par vous-même.
Il suffit de taper "Comment faire pour voyager souvent?" dans Google pour obtenir environ 174 millions de résultats. Et pourtant, mes compatriotes, qui me prennent visiblement pour un moteur de recherche, ne cessent de me demander des trucs du genre : "Quels pays ont une frontière commune avec l'Espagne?" Eh! Vous avez l'impression que je réponds plus vite que Google ou quoi? Il y a quelque chose qui m'échappe.
Ça ne me dérange vraiment pas de partager mon expérience de voyageuse avec les autres, à condition qu'ils fassent l'effort de se renseigner un minimum pour pouvoir me poser des questions précises. Comme ça, tout le monde est content.
Je ne suis pas arrivée à ce poste en envoyant des courriels à tous les blogueurs de voyages et à tous les chefs d'entreprise en leur posant des questions d'ordre général, du genre : "Comment est-ce que je peux faire pour faire le même métier que vous?" C'est une question très vague. La situation de chacun diffère de celle des autres, et mon parcours ne sera pas le même que le vôtre.
Je comprends que vous vouliez des anecdotes personnelles de quelqu'un que vous connaissez ou dont vous lisez les articles, mais le fait de commencer par se renseigner fait toute la différence. La personne à qui vous vous adresserez vous recontactera sans doute plus rapidement, en orientant précisément sa réponse en fonction de vos besoins et de votre situation actuelle. Si vous vous êtes préalablement renseigné sur les opportunités dont profitent les gens qui voyagent beaucoup, vous pourrez poser des questions plus intéressantes, comme : "Quelle méthode pédagogique me recommanderiez-vous?", "Sur quoi faites-vous le plus d'économies?" ou même "Qu'est-ce qui vous a amenée à voyager fréquemment?" Il est vraiment plus facile, plus simple et, à vrai dire, plus amusant de répondre à ce genre de questions!
Et même si je me considère comme une nouvelle venue dans le monde des blogueurs de voyages, surtout depuis que je connais des gens qui ont visité trois fois plus de pays que moi, j'ai parfois tendance à minimiser la facilité avec laquelle il est possible de voyager pour pas cher. Je dois sans cesse garder à l'esprit que mes lecteurs ne savent pas forcément qu'un vol pour la Suisse depuis Barcelone ne me coûterait que 40 $. Tout le monde ne connaît pas les promos des compagnies aériennes européennes, et tous les Américains ne se rendent pas compte que, du fait de la taille des États-Unis, voyager d'un pays à l'autre en Europe équivaut à traverser la frontière qui sépare la Californie du Nevada, par exemple. Tout est une question de point de vue.
EasyJet a une super fonction qui permet de savoir où on peut aller pour un budget donné. Avec 52 dollars - des cacahuètes, donc - je peux choisir entre quinze villes en France, en Italie, en Allemagne, en Suisse ou au Royaume-Uni. C'est-à-dire que pour le prix d'un repas dans un bon resto, d'un café quotidien au Starbucks pendant une semaine, d'un demi plein d'essence. Question de point de vue, je le répète!
Troisième souci : ça revient à dénigrer l'idée qu'on puisse gérer son budget, avoir un compte épargne, et dépenser son argent intelligemment.
Réfléchissez à ce que vous aimez, et aux choses pour lesquelles vous dépensez beaucoup d'argent. Quand je dis beaucoup, disons le prix moyen d'un vol depuis Barcelone en haute saison, soit entre 45 et 110 dollars.
Imaginez que les rôles soient inversés, et que ce soit moi qui vous demande ce qui vous passionne ou comment vous dépensez votre argent, de la même manière que vous le faites.
- "Eh, Britney! Comment tu fais pour te payer une manucure par semaine? Tu peux pas savoir comme je t'envie!"
- "Yo, Duncan! Comment tu fais pour t'acheter des billets pour le match? T'as vraiment une vie de rêve!"
- "Julia! Redis-moi comment tu fais pour te payer une montre comme ça? Dis-moi ton secret! Tu dois avoir une chance de diiiiiiiingue! J'aimerais trop être à ta place!"
- "Oh non, Parker! Ne me dis pas que tu peux aller au resto tous les jours! T'as économisé pendant combien de temps pour te le permettre?"
- "Eh, Kaci! Je n'arrive pas à comprendre comment tu peux aller prendre un café au Starbucks tous les jours? C'est tes parents qui t'aident, ou quoi?"
Voilà comment on peut dépenser régulièrement son argent, et personne ne s'en étonne. C'est simplement le choix que vous avez fait. Alors pourquoi serait-ce différent avec les voyages?
Il n'y a rien d'extraordinaire, aucune formule magique. Juste des recherches, de la volonté et de la détermination.
L'objectif de cet article, c'est de vous faire comprendre qu'il y a mille et une façons de financer vos voyages si c'est vraiment ce que vous voulez. Je vois bien que notre génération est habituée à tout obtenir tout de suite, et qu'elle veut simplement envoyer un courriel écrit en deux minutes pour savoir comment faire pour parcourir le monde à partir de la semaine prochaine, mais ce n'est malheureusement pas aussi simple que ça.
Vous trouverez plein de pistes, de conseils et d'astuces qui m'ont permis de financer mes voyages sur mon blogue, TheBlogAbroad.com. Utilisez la fonction recherche, allez sur d'autres sites et renseignez-vous aussi un peu de votre côté, comme je l'ai fait en fonction de ma propre situation! Quand ce sera fait, n'hésitez pas à me poser vos questions! J'ai vraiment envie de vous donner un coup de main, mais vous devez y mettre du vôtre. Je m'occupe du plein, mais c'est à vous de poser les mains sur le volant, d'appuyer sur l'accélérateur et de tracer!
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Cet article initialement publié sur le Huffington Post États-Unis a été traduit de l'anglais.
