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Porter tous les chapeaux: faire l'école sur la route

Depuis quelques semaines, j'ai le mandat de faire l'école sur la route à Alexandre. Ce que j'avais en tête est tellement loin de ce qui se passe dans la réalité.
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Depuis quelques semaines, j'ai le mandat de faire l'école sur la route à Alexandre. Ce que j'avais en tête est tellement loin de ce qui se passe dans la réalité. J'ai beau faire des planifications, préparer des ateliers interactifs, intégrer des notions dans des activités ludiques et sportives: mon seul élève n'a pas cette envie d'apprendre, et le résultat est plutôt médiocre. Je voyais cet été la fille d'une amie noircir des cahiers d'école pour le plaisir. Comme cela me rappelait celle que j'étais au primaire.

Pourtant, c'est loin d'être le cas de fiston qui s'enrage, casse des crayons, ne m'écoute pas, chiale sans arrêt, se cache dans le motorisé (oui, ça se peut!). Bon, j'ai beau m'efforcer d'être d'un dynamisme inouï, les règles du participe passé ne suscitent généralement pas d'étoiles dans les yeux de personne, mais mon interlocuteur me fait savoir à chaque seconde la misère dans laquelle je m'enfonce. Bref, on ne fait pas grand chose à ce niveau il me semble. Mes planifications restent incomplètes et cela pèse sur mes doutes de ma capacité à lui servir de prof.

Voici un exemple du temps alloué pour l'école les jours de la semaine. Il fait 30 minutes de Tape-Touche pour apprendre le doigté au clavier pour éventuellement le libérer de l'écriture qui est si difficile pour lui (motricité fine). De plus, il doit faire 2 leçons de Duo-lingo, qui est le logiciel que l'on utilise pour l'apprentissage de l'anglais et qui durent environ 10 minutes. Le matin, il a droit a youscribe.com, qui est son moment de lecture de bandes dessinées en ligne. À cela s'ajoutent des leçons de maths et de français que je puise dans les cahiers. Je tente de suivre la matière semaine par semaine. J'essaie de combiner au total 2 heures par jour, mais je dirais que sur les 2 heures, il y a 50% de niaisage, de négociations ou de crises.. et je n'ai pas ouvert encore l'univers social et les autres matières scolaires!

L'enfant ne coopère peu et ne peut divaguer autant qu'à l'école: il n'y a pas vingt-six élèves qui répondent tour à tour aux questions ou qui regardent la prof. Il me dit: maman, au moins à l'école j'ai des amis qui me donnent la motivation pour travailler et la possibilité de niaiser, là, je n'en ai pas de but. Il ne cesse de me répéter ça tel un mantra.

Alors, sans autre copain, frère ou soeur pour jouer, je porte tous les chapeaux que l'école offre. En plus d'être la mère, je suis du matin au soir la partenaire de jeu, la prof, la cook, la surveillante, et ce, en tout temps. Serait-ce mieux si j'avais plusieurs enfants d'âge scolaire? Je n'ai jamais passé autant de tant avec mon fils, qui s'avère être un excellent partenaire de jeu, de grimpe, de sport, mais qui fait très difficilement les tâches scolaires, telles l'écriture ou travailler seul avec ses cahiers.

Dans tout cela, j'essaie bien sur de lui vendre tout ce que l'on fait autour de l'école, c'est-à-dire le voyage, les activités, les visites. Et même si j'ai l'envie de le punir, c'est quand même ensemble que l'on passe le reste de la journée. Alors je respire, je mets un blanc au frais, je me dis que le temps arrangera les choses et on part à la plage faire ce qu'il y a de mieux pour être tous heureux. J'aurais besoin d'un peu de temps pour moi pour étudier ces livres qui m'attendent depuis des semaines pour mes études à distance en travail social! Ça viendra sûrement, mais en ce moment tous les aspects de l'école comme institution et milieu de vie me manquent tant à moi qu'à lui.

Partir voyager un an nous donne tellement de liberté quant au temps qui m'est soudainement alloué. Je peux en faire ce que je souhaite. On est si habitué que quelqu'un d'autre, soit l'emploi ou l'école, dicte nos horaires qu'avoir soudainement toute cette latitude me donne l'impression d'étouffer de liberté. J'apprends tranquillement quoi faire de toute cette liberté. Je tente d'amalgamer les activités, le quotidien et l'école sur la route pour que tout cela fasse du sens. Mon cœur fait trois tours quand j'entends: Maman, je m'ennuie de mes amis. À quand les copains et copines sur la route?

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Mai 2017

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