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La bataille pour Montréal est commencée

Un jour les manuels d'histoire intituleront sans doute cet épisode du nom de «la bataille pour Montréal», et l'année 2013 sera assurément une de ses dates charnières. Loin des casseroles et des grenades assourdissantes, cette bataille se déroulera d'abord dans les services publics, les municipalités et les entreprises de moins de 50 employés. Et elle aura pour enjeu d'assurer au français le statut de langue normale dans l'espace public québécois.
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Un jour les manuels d'histoire intituleront sans doute cet épisode du nom de «la bataille pour Montréal», et l'année 2013 sera assurément une de ses dates charnières. Loin des casseroles et des grenades assourdissantes, cette bataille se déroulera d'abord dans les services publics, les municipalités et les entreprises de moins de 50 employés.

Le Mouvement national des Québécoises et des Québécois (MNQ), ainsi que son réseau de 18 sociétés nationales affiliées, a fait connaître en commission parlementaire sa position à propos du projet de loi 14. Il s'agit selon nous d'un pas dans la bonne direction, mais qui ne permettra pas à lui seul d'assurer au français le statut de langue normale dans l'espace public québécois.

Ce texte est publié alors que se tiennent les audiences de la commission parlementaire chargée d'étudier le projet de loi 14. Le MNQ sera entendu ce jeudi 13 mars.

L'enjeu est pourtant de taille. Montréal est le seul grand centre culturel et économique francophone du continent. Malgré ses sept millions de locuteurs, sans Montréal, le Québec français est voué à se replier sur lui-même, sans plus de pouvoir d'attraction pour les nouveaux arrivants.

Or, la bataille pour Montréal se joue en ce moment même. Le signal en a été donné au recensement de 2011 qui révélait que ceux dont le français est la langue maternelle sont désormais minoritaires sur l'île de Montréal, tandis que les seuils d'immigration atteignaient un nombre vertigineux en regard de la modeste capacité d'accueil de la communauté francophone.

Le MNQ convient cependant que tous ne s'entendent pas sur le véritable portrait de la situation linguistique, si bien que tout un chacun commentateur peut dénicher des chiffres rassurants et invitant l'opinion publique à l'apathie. Le MNQ demande donc au gouvernement d'assurer le financement de la recherche scientifique sur l'état réel du français et de se doter d'indicateurs clairs permettant, notamment, d'adapter les interventions de l'Office québécois de la langue française pour les rendre plus judicieuses, mieux ciblées et véritablement efficaces.

Le MNQ croit aussi que le Québec doit se doter d'un commissariat indépendant à la langue française, chargé d'assurer une vigilance publique sur la situation du français au Québec, équivalent au Québec du rôle occupé à Ottawa par Graham Fraser aux langues officielles. Affranchis de toute partisanerie, les rapports de ce commissaire sur l'état du français pourraient faire autorité, à plus forte raison s'ils s'appuient sur des statistiques solides.

En matière d'immigration, la seule manière de concilier nos besoins en main-d'œuvre avec notre capacité d'accueil consiste à faire de la connaissance du français un critère de sélection obligatoire pour immigrer au Québec. Là encore, la seule maitrise de la langue n'est pas garante de l'intégration, qui passe d'abord par le marché du travail. On doit donc prévoir ressusciter les COFI, ces centres d'orientation et de formation des immigrants, qui accomplissaient un excellent travail jusqu'à leur abolition pour des raisons budgétaires au tournant du siècle.

Le MNQ est cependant conscient que l'intégration des nouveaux arrivants ne se fera que si demeure à Montréal une masse critique de locuteurs francophones de souche. Il est donc opportun que le gouvernement du Québec mette en place une politique de rétention des jeunes ménages sur l'île de Montréal, à travers un programme adapté d'accès à la propriété, d'aide à la rénovation et de conversion des logements en copropriétés, des formules très populaires auprès des jeunes familles francophones.

Le projet de loi 14 est tout compte fait bien modeste et ne peut certainement pas à lui seul permettre de remporter la bataille pour Montréal. Mais, même là, les partis de l'opposition lui mènent pourtant une opposition forcenée et irrationnelle. Dans les circonstances, le MNQ lance un appel à tous les députés de l'opposition qui ont à cœur la survie de la culture française au Québec, à se rallier aux mesures minimales proposées par la ministre DeCourcy et faire en sorte que quatre siècles d'enracinement en Amérique ne soient pas balayés par pur opportunisme politique.

Le MNQ constate enfin que la bataille pour Montréal ne se mènera pas sans atermoiements ni grincements de dents. Il est donc essentiel que le gouvernement actuel comprenne sa responsabilité historique consistant à envoyer un message clair afin de faire du français la langue normale dans toutes les sphères de son administration publique. Les troupes ne manquent pas pour défendre le français. Il appartient cependant à Mmes Marois et DeCourcy de mener la première charge avec habilité, rigueur et une détermination sans faille.

Le mémoire du MNQ présenté à la commission parlementaire est disponible en ligne à www.mnq.qc.ca

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