Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Qu'attend Montréal pour interdire les tempêtes de neige?

Des compagnies font des affaires d'or dans le domaine de la manipulation du temps. Certaines prétendent même pouvoir stopper les orages et les tornades.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Des météorologues ont calculé qu'un Québécois moyen passe à travers plus de 350 tempêtes de neige dans son existence. À 15 cm par tempête, le tout représente plus de 52 mètres de neige, de grésil et de glace à pelleter dans sa vie. De quoi remplir une ou deux piscines olympiques. Mon pays c'est l'hiver, dites-vous? Vous n'avez pas idée.

Au Québec, la neige est une industrie lourde. Selon des données obtenues par La Presse, le coût du déneigement est de 1 milliard de dollars pour toute la province. Seulement à Montréal, les budgets de déneigements annuels frisent les 150 millions. Une seule tempête de 20 cm coute 17 millions.

En attendant que le réchauffement climatique réduise les quantités de neige, les Québécois n'ont pas fini de payer et de pelleter.

Heureusement, une solution est en vue. Depuis les années 1950, des techniques ont été mises au point pour dissiper les nuages. Certaines de ces méthodes ont même fait leurs preuves au Canada. À Calgary, capitale de la grêle dans le monde, des compagnies privées font des affaires d'or dans le domaine de la manipulation du temps. Certaines firmes prétendent même pouvoir stopper les orages et les tornades.

Vous croyez qu'ils exagèrent? Les Russes ont été encore plus loin. Ils ont interdit les tempêtes de neige à Moscou! C'est le maire lui-même, Iouri Loujkov, qui l'a annoncé au monde en 2011.

Depuis longtemps, les autorités de Moscou ont pris l'habitude de procéder à l'ensemencement des nuages de la capitale avec des produits chimiques pour éloigner les précipitations des parades. La déclaration du maire à l'époque était peut-être exagérée, mais c'était la première fois qu'une ville affirmait sa volonté de faire la guerre à l'hiver avec des moyens technologiques. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour sauver 300 millions de roubles (10 millions de dollars canadiens) par année en déneigement?

Avant que le maire de Montréal ait l'idée, lui aussi, d'en finir avec les tempêtes d'hiver, il ferait mieux de prendre connaissance de la littérature scientifique sur le sujet. Car jouer avec la météo, c'est jouer à l'apprenti sorcier.

Théoriquement, il est possible de créer une tempête de neige si vous disposez d'un avion, de quelques heures à perdre et de 20 dollars de glace sèche. Un seule granule de glace sèche peut produire 10 millions de milliards de cristaux, ou 100 000 tonnes de neige. Mais encore faut-il des conditions idéales. De l'air humide. La bonne plage de température. Des vents faibles. Bref, les conditions sont si nombreuses que les rares fois où l'ensemencement de nuages semble avoir fonctionné, il allait pleuvoir ou neiger de toute façon.

Mais les promesses des compagnies de modification du temps sont trop belles pour ne pas être entendues par les agriculteurs en mal de pluie ou les maires en mal d'argent. Sans compter les militaires qui voient dans ces techniques une arme de guerre. En effet, pendant la guerre du Vietnam, les Américains ont ensemencé les nuages du Cambodge et du Vietnam dans le but d'inonder les récoltes et de noyer les routes.

À qui appartient le beau temps ?

Toutes ces expériences avec les nuages, depuis des années, ont réussi à prouver qu'il est possible d'accélérer le processus de précipitation dans un nuage de type cumulus. D'autres aspects, éthiques et légaux, ont aussi été soulevés. Des questions banales, mais lourdes de conséquences restent encore sans réponse. Comme... à qui appartiennent les nuages?

De plus en plus, aux États-Unis surtout, des tentatives d'ensemencement qui tournent mal engendrent des poursuites contre des fermiers ou cultivateurs accusés d'avoir noyé les plantations de leurs voisins. À New York, au début des années 1950, la baisse des réservoirs d'eau due à une sécheresse avait poussé le cardinal de la ville à organiser des prières publiques pour de la pluie. Mais quand le maire a annoncé son intention d'ensemencer les nuages avec les avions de la police, ç'a été la goutte de trop pour des localités environnantes, qui se sont violemment opposées à l'idée.

En attendant que les techniques de modification du temps nous donnent le pouvoir de s'attaquer aux tempêtes de neige, on peut toujours se rabattre sur une méthode inventée au Québec pour changer le temps. Jadis, les Québécoises qui souhaitaient du soleil pour leurs noces avaient l'habitude d'accrocher un chapelet sur la corde à linge et le tour était joué.

On n'arrête pas le progrès!

Vous aimez ce blogue?

Vous aimerez encore plus le livre Les Baromètres humains (Éditions Québec-Livres). Un bilan pointu et fouillé des dernières études sur l'influence des conditions météorologiques sur la santé, les humeurs et les comportements. Trente ans de recherches. Des conclusions percutantes. Des contenus rigoureux et un ton léger. Et surtout, des conseils avisés pour vous garder hors de l'oeil de la tempête. Vous êtes sensibles aux variations de température, d'humidité et de soleil? Ce livre est pour vous ! En librairie et en version électronique. Consultez le site Les Baromètres humains

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Le déneigement au fil du temps à Montréal

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.