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Jour du Souvenir: il y a 72 ans, les nazis débarquaient au Québec

Soucieuse d'empêcher les Allemands d'accumuler des renseignements météorologiques au Canada, l'armée a été jusqu'à invoquer la sécurité nationale pour décréter une censure totale de la météo à la radio et dans les journaux.
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Un commando de soldats allemands en mission au Québec pendant la Seconde Guerre mondiale. Scénario de film d'Hollywood? Pas du tout. Réalité historique. Le 22 octobre 1943, en pleine guerre de l'Atlantique, le sous-marin allemand U-537 pénètre dans la baie Martin, au Labrador - lequel fait partie du Québec à cette époque. En pleine nuit, l'équipage charge dans des canots plus d'une demi-tonne de matériel qu'on transporte à terre. Trainé ensuite à bout de bras sur un demi-kilomètre jusqu'à une petite colline, l'équipement est monté en secret puis mis en fonction. De quoi s'agit-il? D'une bombe? D'une fusée? Rien de tout cela. Il s'agissait d'une simple station météorologique. Pendant trois mois, actionnée par des piles au cadmium révolutionnaires, la station météo automatique allemande a transmis des informations météo directement à... Berlin.

En temps de guerre, l'information météorologique avait une valeur cruciale. Les missions de bombardement, de reconnaissance aérienne et de parachutage dépendaient de prévisions précises sur la visibilité, la couverture nuageuse ou la présence de brouillard. Pour le haut commandement canadien, ces renseignements étaient si précieux qu'ils devaient être préservés des oreilles ennemies à tout prix. Les données météo que s'échangeaient les Alliés étaient codées et protégées par le secret militaire.

Soucieuse d'empêcher les Allemands d'accumuler des renseignements météorologiques au Canada, l'armée a été jusqu'à invoquer la sécurité nationale pour décréter une censure totale de la météo à la radio et dans les journaux. C'est ainsi que le 17 novembre 1941, l'armée a avisé tous les journaux et les postes de radio au pays que les conditions et les prévisions météo devenaient désormais couvertes par le secret d'État! Il était interdit dorénavant de mentionner en ondes ou dans un journal la présence de tempêtes, de blizzard ou de vagues de chaleur au pays. Vous croyez qu'on exagérait? La situation était pire aux États-Unis.

Après l'attaque de Pearl Harbor, la paranoïa s'était emparée de la population. Les Américains de la côte ouest redoutaient une invasion japonaise imminente. Du 15 janvier 1942 au 12 octobre 1943, il était interdit aux stations radio et à la presse américaine de parler de pluie, de neige, de brouillard et de température, à moins d'avoir l'accord du Bureau de la censure de la US Army. En mars 1942, des centaines de personnes ont été tuées par des tornades au Tennessee parce que les stations radio du coin n'avaient pas pu alerter la population sans violer le code de l'armée.

Une vingtaine de stations météo automatiques comme celle du Labrador ont été installées par les Allemands au Groenland, dans l'Arctique et en Norvège. La station météo du Labrador, la seule installée en Amérique du Nord durant la guerre, n'a été découverte qu'en 1980. Démontée et ramenée à Ottawa, la station allemande se trouve aujourd'hui au Musée de la Guerre.

Réf : • U-Boats Against Canada : German Submarines in Canadian Waters, M. Hadley; McGill University Press, Montreal, 1985.

• Sweeney, Michael S. (2001). Secrets of Victory: The Office of Censorship and the American Press and Radio in World War II. Chapel Hill: University of North Carolina Press.

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