Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Que retenir de la visite de Barack Obama en Israël?

Sa visite en Israël n'est pour Barack Obama qu'un voyage de plus parmi tant d'autres. En Israël par contre on en a fait un vrai festival, rappelant le comportement de petits provinciaux devant l'arrivée d'une célébrité.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
President Barack Obama, left, listens to Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu during their visit to the Children's Memorial at the Yad Vashem Holocaust memorial in Jerusalem, Israel, Friday, March 22, 2013. (AP Photo/Pablo Martinez Monsivais)
AP
President Barack Obama, left, listens to Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu during their visit to the Children's Memorial at the Yad Vashem Holocaust memorial in Jerusalem, Israel, Friday, March 22, 2013. (AP Photo/Pablo Martinez Monsivais)

Sa visite en Israël n'est pour Barack Obama, le président américain, qu'un voyage de plus parmi tant d'autres. En Israël par contre on en a fait un vrai festival, rappelant le comportement de petits provinciaux devant l'arrivée d'une célébrité.

Tout comme l'hilarité manifestée à l'occasion de l'arrivée de l'équipe nationale de football du Portugal avec Ronaldo en tête, pour un match des éliminatoires de la coupe du monde (résultat nul 3 buts partout).

Plusieurs jours avant la visite présidentielle le pays était en effervescence. Les producteurs de drapeaux ont travaillé des heures supplémentaires à préparer des toiles géantes d'étoiles et bannières; les grands chefs se donnaient du mal à imaginer des menus conciliant le kasher avec le goût américain; les dames de société ont commandé une nouvelle garde-robe; et les commentateurs de se laisser aller dans les analyses les plus imaginaires, le tout accompagné de commentaires du genre "le chef du monde daigne de nous rendre visite".

LIRE AUSSI SUR LES BLOGUES

- Paroles d'Évangile?, par Richard Marceau

- Obama au Proche-Orient: un petit tour et puis s'en va, par Benoît Margo

Certes, ce fut le premier déplacement international d'Obama de sa deuxième investiture en visite officielle. Ce qui ne fait pas oublier qu'au cours de la précédente, il s'en est abstenu contrairement à son voyage au Caire avec ses déclarations dramatiques sur la "nouvelle page" dans les relations avec l'Islam. Or, beaucoup de choses ont changé depuis, et notamment dans cette région, où le "printemps arabe" s'est transformé en hiver gris et houleux, avec les désillusions que l'on connait.

Ce qui pourrait expliquer le fait que l'administration américaine soit revenue à la réalité pour reconnaître qu'en fin de compte, le mieux serait de compter sur Israël, le seul et vrai allié des États-Unis. Et pour cela il convient d'employer le meilleur moyen afin d'amadouer les Israéliens sceptiques à savoir: le charme. Or pour cela nul n'est plus qualifié que le célèbre charmeur Obama.

Tout comme son don d'orateur qu'il a très bien utilisé devant l'opinion publique israélienne: "c'est bon d'être dans ce pays"; "l'amitié entre nos deux pays est la plus solide"; "nous sommes votre meilleur allié". Et surtout ce qui compte le plus pour les Israéliens: "nous ferons tout le nécessaire pour empêcher une bombe atomique iranienne".

Or sur ce point précis il semble que des divergences subsistent entre les deux pays, à savoir quelle étape dans le développement nucléaire iranien peut être considérée comme "la ligne rouge", expression chère à Nethanyahu, le premier ministre israélien.

Le billet de Gil Kessary se poursuit après la galerie

Barack Obama au Proche-Orient

Une chose néanmoins semble certaine: Obama souhaite reconquérir la sympathie de l'opinion publique, à défaut de surmonter la méfiance des dirigeants de Jérusalem. Il s'est donc employé a s'adresser directement aux jeunes dont il a fait rassembler des représentants sélectionnés pour écouter son discours dit "objectif". Et de tenir des propos inconcevables dans un pays étranger: "faites pression sur vos dirigeants pour qu'ils regardent le monde à travers les yeux des Palestiniens"; "la paix se fait non pas par les dirigeants, mais par les peuples". Propos qui attiraient aussitôt des critiques affirmant qu'il s'agissait d'un appel à la contestation, donc une intervention pure et simple dans les affaires intérieures d'un autre pays.

On pourrait se demander pourquoi Obama se donne tant de mal. Peut-être en raison de deux sondages récents dont les résultats sont significatifs: 63% des Américains soutiennent Israël contre une petite minorité qui soutient les Palestiniens. Bien plus, la grande majorité s'oppose a l'intervention américaine dans la négociation israélo-palestinienne, et n'y croit guère.

L'autre sondage, à la veille du voyage, est aussi révélateur: 36% des Israéliens estimaient Obama pro-palestinien contre 26% le jugeant pro-israélien, alors que 26% seulement le jugent neutre.

Toujours est-il qu'Obama a fait preuve de modération dans ces propos sur le conflit israélo-palestinien: pas de proposition concrète pour renouveler la négociation entre Israéliens et Palestiniens; pas de menace ni de sanctions imposées dans le cas de la poursuite de construction en Cisjordanie; mais au contraire une condamnation ferme du Hamas a Gaza ayant tiré des missiles sur "des enfants israéliens innocents"; et surtout l'accent mis sur la reconnaissance d'Israël comme pays "juif" ce que les Palestiniens n'avaient jamais accepté de reconnaître.

Ce qui semble expliquer la déception des Palestiniens, même après le voyage présidentiel en Cisjordanie. Ce mécontentement s'est traduit non seulement par des déclarations, mais aussi par le tir, unique il est vrai, de missiles en provenance de Gaza.

On a eu droit aussi a des bavures anecdotiques en marge du protocole. Telle que ce chanteur israélien invité à interpréter à quelques centimètres du président une chanson juive, et il semblait qu'il s'attendait d'Obama de lui donner la réplique. Ou encore cette scène sans doute spectaculaire d'Obama tombant sa veste, et Netahanyahu l'imitant, mais bien maladroitement. Et cet incident embarrassant de voir la limousine présidentielle, toute blindée et luxueuse, bloquée sur l'autoroute (Obama n'y était pas) faute d'avoir fait le plein de Diesel à la place d'essence.

En analysant ce voyage avec un certain recul quel en est l'enseignement? Il semble qu'en dépit des gestes de part et d'autre Obama et Netanyahu ne deviendraient pas les meilleurs amis. Il ne faut pas s'attendre à une grande percée dans la recherche de compromis dans le conflit israélo-palestinien. Par contre on a un sentiment d'amélioration de l'ambiance dans les relations entre les deux pays, du moins dans la forme sinon sur le fond.

Et peut être peut-on espérer à des évolutions favorables si l'on juge d'après un évènement tout récent: qui aurait cru à la normalisation des relations entre Israël et la Turquie, détériorées à la suite de l'incident maritime au cours duquel le tir de soldats israéliens avait fait neuf morts parmi des manifestants turcs à bord d'un navire faisant route pour Gaza. Or cette issue inattendue est le résultat de la médiation d'Obama, ayant persuadé Nethanyahu à répondre favorablement à la revendication turque de présenter des excuses. Certes des intérêts plus généraux de toutes les parties ont dicté cette issue, mais c'est une manifestation de l'influence d'Obama lorsqu'il s'y met.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.