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Négociations israélo-palestiniennes: une nouvelle ère

Il ne faut pas encore ouvrir le champagne, ni allumer les bougies sur le gâteau. Les négociations préliminaires israélo-palestiniennes devraient s'ouvrir cette semaine, mais rien n'est moins rassurant quant à leur issue.
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Il ne faut pas encore ouvrir le champagne, ni allumer les bougies sur le gâteau. Les négociations préliminaires israélo-palestiniennes devraient s'ouvrir cette semaine, mais rien n'est moins rassurant quant à l'issue.

Comme pour l'annonce faite à Marie, également pour celle sur l'ouverture des pourparlers il faudra attendre au moins neuf mois avant d'en connaitre l'issue. À moins d'un avortement. En effet, la première étape de négociations, qui aura lieu à Washington, entre la ministre israëlienne de la Justice Tzipi Livni et le représentant de l'Autorité palestinienne, Saed Erekat, ne sera consacrée qu'à des problèmes de procédure et bureaucratie.

Si l'on se réfère au précédent de la négociation de paix avec l'Égypte, on peut prévoir que la rencontre de Washington se déroulera en trois phases. La première sera consacrée à se mettre d'accord sur le mode des pourparlers. La seconde à rédiger une déclaration de principe sur l'éventuelle solution définitive, tant souhaitée. La troisième devrait entrer dans le vif du sujet, à savoir le fond des propositions éventuelles. Quel pourrait être un tel accord? D'ores et déjà l'on s'attend à trois dossiers: diplomatie et sécurité, économie, à savoir l'octroi à l'Autorité Palestinienne d'une aide substantielle, à la charge des États-Unis et de la Ligue arabe, à défaut de l'Union Européenne qui ne semble pas être en mesure d'y contribuer, et enfin, des initiatives destinées à établir la confiance, telle la libération par Israël de terroristes emprisonnés depuis une vingtaine d'années.

Bizarrement, c'est justement ce dossier qui est le plus avancé, puisque Jérusalem a déjà annoncé son intention de libérer une centaine de prisonniers. Leur identité n'est pas révélée officiellement, mais on croit savoir qu'il s'agit d'assassins de nombreux Israéliens et notamment de femmes et d'enfants. Ce geste soulève en Israël une controverse amère, notamment du côté des familles endeuillées: "Comment peut-on libérer ces assassins alors que la négociation n'a pas abouti, ni même commencé" s'exclament les porte-parole de ces familles.

Un sondage récent démontre que 80% des Israéliens s'opposent à ce geste, bien que la moitié soutient l'idée d'ouvrir la négociation. Un autre contentieux divise l'opinion publique israélienne: en cas d'accord avec les Palestiniens, faudrait-il le soumettre au référendum, selon l'intention du gouvernement? Le même sondage indique qu'une majorité de 60% y est favorable.

Même si ces pourparlers élémentaires sont couronnés de succès, étant limités à des questions préliminaires, rien n'est moins évident pour la suite. En effet, voyons les antécédents: depuis 1978, dix tentatives concrètes avaient été faites un peu partout à travers le globe, en vain. À l'exception des accords d'Oslo de 1993 ayant accordé aux Palestiniens le droit sur Gaza et Jéricho, d'ailleurs sans contrepartie concrète à Israël. Sans compter bien sûr le prix Nobel de la paix décerné à Itzhak Rabin, Chimon Pérès et Yasser Arafat. Et de se poser la question: que reste-t-il du souvenir d'Oslo, sauf la prise de pouvoir par le Hamas de la bande de Gaza?

Or, c'est justement ce dossier qui ne pourra en aucun cas être résolu, le Hamas ayant déjà condamné farouchement l'ouverture des négociations. Le même scénario est prévu même dans une éventualité optimiste d'un accord définitif, selon la formule tant ressassée de "Deux États, deux peuples". Car dans la réalité, il s'agit de trois États avec deux peuples, Gaza étant sous domination totale du Hamas. En essayant d'établir un bilan provisoire à ce stade préliminaire, le tableau se présente comme ceci:

Le grand gagnant est John Kerry, le secrétaire d'État américain, ayant réussi à ramener les parties à la table des négociations. C'est une contribution à son prestige personnel quelque peu ébranlé récemment. Les Israéliens sont satisfaits de ne pas avoir à geler les constructions en Cisjordanie, et d'avoir obtenu l'engagement des Palestiniens de ne pas initier des démarches diplomatiques.

Les Palestiniens, au bord de la faillite, apprécient énormément la promesse d'une aide économique massive, ainsi que la libération des prisonniers. On est encore loin d'aborder les vrais obstacles, à savoir: les frontières, le statut de Jérusalem, la démilitarisation de l'éventuel État palestinien selon la revendication israélienne, le refus palestinien de reconnaître la définition juive d'Israël, l'entêtement de l'autorité de Ramallah de reconnaître le" droit du retour" des Palestiniens sur les territoires israéliens même au-delà de la "ligne verte" d'avant 1967.

Car il semble que dans l'esprit de bon nombre de dirigeants arabes, ce qui prime ce ne sont pas des territoires, mais plutôt les divergences entre civilisations.

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