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Nucléaire: accord d'illusions et de menaces

En dépit des déclarations victorieuses, c'est un jour triste pour la région, voire le monde entier.
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14 Juillet 1789 : jour de gloire éternelle.

14 Juillet 2015 : jour d'illusions et de menaces.

Une date mal appropriée pour signer l'accord sur le nucléaire iranien car, en dépit des déclarations victorieuses, c'est un jour triste pour la région, voire le monde entier.

Certes, l'accord de Vienne comprend des clauses destinées à empêcher l'Iran de se doter d'arme nucléaire pendant 10 ans, mais il reconnaît pourtant l'éventualité de violation des engagements de la part de Téhéran. Dans ce cas, les sanctions imposées seraient rétablies.

La logique et les précédents de la diplomatie internationale ont démontré à quel point une telle démarche est problématique et incertaine. Et en attendant, l'Iran aura récupéré quelque 130 milliards de dollars bloqués par l'Occident dans le cadre des sanctions actuelles, et aura retrouvé ses partenaires, avec lesquels les liens commerciaux et économiques étaient gelés.

Or, justement, les 5+1 signataires de l'accord n'attendent que cela. Des accords commerciaux de grande envergure prévus entre les parties réjouissent d'ores et déjà les signataires. C'est la raison pour laquelle je qualifie cet issue d'«accord de la honte»: pour des sous - beaucoup certes - et pour lequel on accepte de prendre le risque de sacrifier plusieurs pays.

Autrement dit, à Vienne on vient de signer un nouvel accord de Munich. En 1938, on a parlé triomphalement d'un «document historique», les mêmes termes employés actuellement par le président Obama.

Je ne sais pas si Obama est naïf, tel qu'il s'est montré à plusieurs reprises, ou cynique, se disant «après moi, le déluge». Une chose est certaine: quoi que l'on dise, cet accord ainsi que le processus des négociations, sont des échecs de la diplomatie américaine.

Ne connaissant pas la qualité de marchandage des Iraniens, les Américains ont perdu les atouts qu'ils possédaient au début du processus, tandis que les Iraniens, le dos au mur, n'en possédaient guère. Or, la situation s'est renversée, les Iraniens ayant montré combien ils excellent aux jeux d'échecs et de poker.

Rien d'étonnant donc d'entendre le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, qualifier l'accord de Vienne d'«erreur historique», en soulignant qu"Israël ne se laissera pas faire, et garde ouverte «toutes les options», sous-entendu militaires. Des experts militaires estiment que Tsahal (armée de défense d'Israël) en possède les moyens, mais qu'ils ne sont probablement pas suffisants. Aussi, faut-il s'attendre à l'ouverture de consultations poussées avec la Maison Blanche, faisant mine d'oublier le chat noir intervenu entre les deux capitales. Il s'agirait d'échanger des renseignements touchant le respect ou non par Téhéran des clauses de l'accord. Bien plus, il s'agirait de prévoir les moyens militaires mis à la disposition de Tsahal, tant de défense que d'attaque éventuelle, au cas où Téhéran violerait ses engagements. En effet, on vient d'apprendre que le secrétaire américain de la Défense, Ash Carter, est attendu à Jérusalem la semaine prochaine, et qu'une rencontre est prévue entre Obama et Netanyahu, en dépit de l'animosité personnelle entre eux.

Ceci dit, les Israéliens envisagent une campagne auprès du Congrès américain avec l'espoir de le convaincre de rejeter l'accord avec l'Iran. Jérusalem ne sera pas seul dans ses efforts, car certains pays musulmans, notamment sunnites, - tels que l'Arabie saoudite, l'Égypte, certains Émirats, la Jordanie, peut-être la Turquie - se déclarent menacés, ne faisant guère confiance à la bonne foi des chiites iraniens.

Cette méfiance touche non seulement la menace d'une bombe atomique iranienne, mais aussi l'activité subversive et terroriste, par éléments interposés, sur des scènes troubles de la région. Or, les signataires de l'accord de Vienne se sont désintéressés de l'intense activité de Téhéran en tant que commanditaire.

Bien que ce terrorisme soit bien connu, l'accord de Vienne attribue pratiquement à l'Iran un statut légalement reconnu d'une puissance régionale. Et cette évolution donne aux pays concernés des sueurs froides, indépendamment du dossier nucléaire.

Alors bien sûr, les Iraniens célèbrent.

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