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Quotas de voitures électriques : une taxe est une taxe

Le programme de quotas de vente de voitures électriques est une taxe qui ne fait que s’ajouter aux mauvaises politiques adoptées dans le passé.
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Le gouvernement du Québec s’est fixé comme objectif qu’il y ait 100 000 véhicules électriques sur nos routes d’ici 2020.
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Le gouvernement du Québec s’est fixé comme objectif qu’il y ait 100 000 véhicules électriques sur nos routes d’ici 2020.

Le gouvernement du Québec s'est fixé comme objectif qu'il y ait 100 000 véhicules électriques sur nos routes d'ici 2020. Il a annoncé en grande pompe l'octroi de subventions à l'achat d'une voiture hybride ou électrique, en dépit du fait qu'il s'agit d'une des méthodes les moins efficaces et les plus coûteuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cependant, beaucoup plus discrètement, le gouvernement vient d'introduire des quotas de vente de voitures électriques et hybrides. Peu importe le nom qu'on donne à cette mesure, il s'agit bien d'une taxe sur les voitures traditionnelles, qui augmentera le coût par voiture de 175$ en 2018 et de 1100$ en 2025.

En résumé, le nouveau programme du gouvernement – aux détails kafkaïens – oblige les constructeurs automobiles à vendre une certaine proportion de voitures électriques et hybrides. Les constructeurs obtiendront ainsi jusqu'à 4 crédits par véhicule électrique et 1,3 crédit par véhicule hybride vendu. À la fin de 2018, ces crédits devront équivaloir à 3,5% des ventes de voitures au Québec. En 2025, cette proportion grimpera à 22%. Puisque les voitures hybrides et électriques ne représentent qu'un peu plus de 1 % des ventes au Québec, les proportions fixées par le gouvernement sont irréalistes.

Et voici le pépin : un fabricant automobile qui n'atteint pas le quota devra acheter des crédits aux autres fabricants qui l'ont atteint, sinon au gouvernement. Le prix d'un crédit est de 5000 $.

Une telle augmentation de coût pour les fabricants se traduira vraisemblablement par une augmentation du prix pour les consommateurs.

Pour chaque voiture traditionnelle qu'il entend vendre en 2018, un constructeur automobile devra acheter 3,5 % d'un crédit – soit un coût additionnel de 175 $. En 2025, pour la même voiture traditionnelle, il devra obtenir 22 % d'un crédit – un coût supplémentaire de 1100 $. Une telle augmentation de coût pour les fabricants se traduira vraisemblablement par une augmentation du prix pour les consommateurs. Appelons un chat un chat, et une taxe une taxe!

Pire pour les pauvres

De plus, le fardeau sera plus lourd pour les ménages moins nantis. Puisque les quotas feront augmenter le coût des véhicules traditionnels du même montant sans égard à leur prix, ils affecteront proportionnellement davantage les prix des voitures d'entrée de gamme. Les prix des voitures de luxe, eux, subiront une augmentation relativement moins élevée. Ainsi, on peut s'attendre à une baisse plus importante des ventes de voitures d'entrée de gamme par rapport aux ventes de voitures de luxe.

Le gouvernement coupe l'herbe sous le pied de la majorité des consommateurs qui pourraient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en achetant des voitures qui consomment moins d'essence.

Cet effet inégal sur les prix risque aussi de décourager davantage les ventes de petites voitures, plus efficaces sur le plan énergétique. En effet, puisque les voitures de promenade sont moins dispendieuses – et aussi moins énergivores –, l'augmentation de prix découragera davantage l'acquisition de celles-ci que l'acquisition de camions légers, plus coûteux – et plus énergivores. Ainsi, le gouvernement coupe l'herbe sous le pied de la majorité des consommateurs qui pourraient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en achetant des voitures qui consomment moins d'essence.

Pour couronner le tout, ce nouveau programme ajoute une nouvelle couche de subventions aux voitures électriques. Alors que le gouvernement du Québec subventionne déjà celles-ci à hauteur de 8000 $ par voiture, les constructeurs automobiles qui produisent exclusivement des voitures électriques pourront obtenir jusqu'à un 20 000 $ par voiture en vendant leurs crédits, puisqu'ils n'en auront pas besoin pour compenser la vente de voitures à essence.

Le programme de quotas de vente de voitures électriques est une taxe qui ne fait que s'ajouter aux mauvaises politiques adoptées dans le passé. Il vaudrait mieux faire demi-tour et l'abandonner.

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