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Superpétroliers sur le Saint-Laurent: des assurances SVP

Est-ce que l'industrie pétrolière et nos gouvernements, tant provincial que fédéral, sont en mesure de répondre à un éventuel accident avec la sagesse du «bon père de famille» tel que l'exige le Code civil? C'est ce cri du cœur qu'ont récemment lancé les maires! Seront-ils écoutés?
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Depuis que le Minerva Gloria a remonté le fleuve pour prendre un premier chargement de pétrole lourd issu des sables bitumineux de l'Alberta, les autorités de plusieurs municipalités, dont le maire de Sorel-Tracy, M. Serge Péloquin, ont amèrement déploré l'incapacité de leurs services d'urgence de faire face à un déversement dans le fleuve. Deux déversements mineurs de pétrole léger (à Sept-Îles, en septembre 2013, et aux Îles-de-la-Madeleine, en septembre 2014) ont démontré le manque flagrant de préparation des services d'urgence dans ce domaine. Alors, imaginez la catastrophe si des millions de litres de pétrole lourd se retrouvaient sur les berges et au fond du fleuve!

Pourtant, Suncor, Enbridge, TransCanada et le gouvernement de M. Harper nous assurent que l'industrie adopte les meilleures pratiques et fait tout en son pouvoir pour éviter les accidents. Soit! Mais en omettant d'avoir un plan d'urgence valable et opérationnel, gère-t-on vraiment le transport des hydrocarbures albertains en «bon père de famille»?

Je vais faire un parallèle avec ma conduite automobile. Moi aussi, je fais tout pour éviter un accident. Mais je prends des précautions! Je pratique ce que les experts appellent la «conduite défensive». Non seulement je boucle ma ceinture de sécurité, mais je prévois... au cas où il pourrait y avoir un accident. Je paie une police d'assurance pour réparer les dégâts matériels, et la SAAQ indemnise les victimes pour les dommages corporels et les pertes de salaire. Et je paie des taxes pour que ma municipalité ait un service d'incendie; ainsi, si l'irréparable arrive, les pompiers peuvent éteindre un incendie suite à un accident automobile... et ils ont l'entraînement et les outils nécessaires pour extirper les passagers d'une voiture accidentée.

Mais pour le pétrole? Est-ce que l'industrie pétrolière et nos gouvernements, tant provincial que fédéral, sont en mesure de répondre à un éventuel accident avec la sagesse du « bon père de famille » tel que l'exige le Code civil? C'est ce cri du cœur qu'ont récemment lancé les maires! Seront-ils écoutés?

Les superpétroliers sur le lac Saint-Pierre, c'est très, très, très limite! Il n'y a aucune place pour l'erreur... ou pour un imprévu! Lorsque ces navires sont remplis de pétrole albertain, leurs quilles frôlent le fond à quelques centimètres près. Manœuvrer un superpétrolier sur le lac Saint-Pierre, c'est comme conduire un semi-remorque dans une ruelle du Vieux-Montréal: en théorie, ça passe, mais si le chauffeur amorce un virage 10 cm trop tôt, la remorque va racler un bâtiment historique. Un pétrolier comme le Genmar Daphne doit faire de nombreux changements de cap pour se faufiler entre les hauts fonds du fleuve en amont de Québec. Il n'y a aucune marge pour tenir compte d'un coup de vent, d'un banc de brume, d'un courant plus fort que prévu, d'une légère défaillance technique, ou d'une erreur humaine! S'il manque un seul virage, il va s'échouer... et possiblement provoquer une catastrophe!

Le Genmar Daphne a été immobilisé sur le Saint-Laurent parce qu'une pompe à incendie d'urgence du navire était défectueuse. En cas d'accident, les propriétaires de ce pétrolier immatriculé aux îles Marshall pourront-ils, légalement et financièrement, se réfugier derrière ce pavillon de complaisance pour nous refiler la facture? Je me souviens que nous avons dû payer pour les négligences de la MMA à Lac-Mégantic! La moindre des choses, c'est que nous ayons l'assurance que nous ne serons pas, encore une fois, obligés de payer pour les accidents de l'industrie!

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