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La clique du château

Est-ce que les batailles de William Lyon Mackenzie contre le Family Compact dans le Haut-Canada et celle de Louis Joseph Papineau contre la clique du Château dans le Bas-Canada ont été menées en vain?
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Dans son édition du 20 mai, «Le Devoir lance à des passionnés d'histoire le défi de décrypter un thème d'actualité à partir d'une comparaison avec un événement ou un personnage historique». En cette Journée nationale des Patriotes, il serait opportun d'examiner les similitudes entre les magouillages et les tentatives de pervertir le droit au cours des premières campagnes électorales de la Belle Province et ce qui se fait 225 ans plus tard. Pour le plaisir de la chose, comparons les similitudes entre les tactiques de la « clique du Château » dès 1792 et celles du présent gouvernement pour faire adopter la loi sur les hydrocarbures.

L'article rédigé par Mme Anne-Marie Sicotte décrit les manœuvres plus que douteuses employées dès cette époque pour «jouer» avec la carte électorale; ainsi on découpe des comtés qui favorisent les amis du régime et qui nuisent aux députés qui ont à cœur les intérêts de leurs citoyens. Alors, rien de nouveau sous le soleil lorsque, «par hasard», on tente de faire disparaître le comté de Sainte-Marie-Saint-Jacques pour empêcher la députée de Québec Solidaire, Manon Massé, de faire de nouveau partie de l'Assemblée nationale.

À l'époque, on reprochait au candidat Young dans la Basse-Ville de Québec d'offrir des tranches de jambon, de l'eau-de-vie, du vin de Madère, de la bière et des dindes comme «générosités» en faveur des personnes qui votaient «du bon bord».

À l'époque, on reprochait au candidat Young dans la Basse-Ville de Québec d'offrir des tranches de jambon, de l'eau-de-vie, du vin de Madère, de la bière et des dindes comme «générosités» en faveur des personnes qui votaient «du bon bord». Alors, Maurice Duplessis n'a rien inventé avec ses campagnes électorales dans les années cinquante. Lorsqu'il s'agit d'acheter le consensus social, le lobby pétrolier est légèrement plus subtil que le candidat Young: «L'entreprise TransCanada vient de lancer un nouveau programme de bourses d'études qui s'adresse notamment aux jeunes Québécois qui vivent "à proximité" du tracé du futur pipeline Énergie Est, a constaté Le Devoir. La pétrolière offre ainsi 150 bourses totalisant 250 000$.» De généreuses bourses d'études pour les étudiants qui vivent le long du tracé d'Énergie Est, quelle grandeur d'âme de la part de TransCanada!

Parlant de petits amis du régime qui ont un accès facile au gouvernement, le «Commissaire (au lobbyisme) affirme que déjà, à cause de ces contraintes budgétaires, il n'a pu réaliser autant d'activités de surveillance, l'année dernière, qu'il l'aurait souhaité... Au cours de l'année 2015-2016, le nombre de lobbyistes inscrits au registre a crû de 31% par rapport à 2014-2015 pour atteindre 9330. La majorité d'entre eux, soit 6338, étaient des lobbyistes d'entreprises.» L'austérité budgétaire serait-elle un moyen de museler le chien de garde qui est chargé de faire respecter l'éthique? La presse et le commissaire au lobbyisme doivent dénoncer des réunions derrière des portes closes comme celles qui ont eu lieu entre M. Charest et les commissaires de l'ONÉ!

L'historienne Anne-Marie Sicotte décrit divers stratagèmes qui étaient utilisés pour prostituer (selon le Dictionnaire du français plus, éd. 1987 à la page 1347, la deuxième définition du verbe prostituer est «avilir par intérêt») le processus électoral pour les amis du régime en 1792. Aujourd'hui, on constate la prostitution du concept de consensus social lorsque le gouvernement du PLQ lance le projet de loi 106 sur les hydrocarbures deux jours avant les vacances, et que, pour maximiser les chances que ce projet de loi abject passe sous le radar de l'opinion publique, la commission parlementaire débute le 16 août 2016. Malgré le rejet de l'industrie des gaz de schiste par deux BAPE (273 et 307) et deux EES, et pour mieux abdiquer les droits des citoyens pour l'industrie des fossiles, monsieur le ministre Arcand fait adopter la loi sur les hydrocarbures SOUS LE BÂILLON le 10 décembre 2016. Vive le gouvernement des lobbys!

Est-ce que les batailles de William Lyon Mackenzie contre le Family Compact dans le Haut-Canada et celle de Louis Joseph Papineau contre la clique du Château dans le Bas-Canada ont été menées en vain? En 1849, des marchands ont incendié le parlement plutôt que d'accepter le principe du gouvernement responsable. La loi sur les hydrocarbures, est-ce «brûler» le principe de la démocratie?

Sommes-nous, encore et toujours, en train de nous battre contre les intérêts des lobbys et du 1%?

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