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Une nette exagération

Tel un fantôme du passé, M. Binnion, président de l'Association pétrolière et gazière du Québec, revient hanter des élus municipaux.
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Lorsque j'ai vu la nouvelle à TVA, je sautais de joie. Après Cambrian Energy, Talisman Energy (maintenant Repsol) et Lone Pine Resources, Questerre Energy se préparait à radier 75 % de ses actifs au Québec. Ça voulait dire que les «majors» abandonnaient l'idée de nous forer en pénétrant notre sous-sol. Je me préparais à sabrer le champagne!

Hélas! C'était trop beau pour être vrai! Il y a encore des choses qui mijotent dans la marmite gazière. Les membres du conseil municipal de Saint-Lucien, dont la conseillère Mme Diane Bourgeois, ont en effet reçu récemment un courriel de M. Michael Binnion, PDG de Questerre et président de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), dans lequel on leur explique que la nouvelle du départ de Questerre est seulement comptable. L'auteur cite le romancier américain Mark Twain : «Les nouvelles au sujet de mon décès ont nettement été exagérées». Oh! La! La! Le gaz de schiste passe sous le radar médiatique, mais la propagande en sa faveur continue! «...Et ce, peu importe ce que les comptables de Calgary en pensent»... ou les Québécois!

M. Binnion se lance dans une déclaration d'amour à faire pâlir d'envie le Roméo de Shakespeare. Au troisième paragraphe, il écrit ; «J'ai souvent dit que les opposants du Québec doivent vraiment m'aimer parce que j'ai juré de ne pas quitter tant que le développement pétrolier et gazier ne serait pas approuvé. Plus nous rencontrons d'opposition, plus je reste longtemps.» Plus loin, il va même jusqu'à paraphraser Yvon Deschamps : «Je crois aussi résolument qu'un Québec fort est meilleur pour l'Alberta et le pays tout entier.»

Cette déclaration d'amour rocambolesque ressemble à une scène qui aurait pu avoir lieu à la cour de Versailles au 17e siècle, dans laquelle un octogénaire, édenté et bedonnant, imbu de sa personne, ferait la cour à une jeune débutante de 17 ans. Fort de ses préjugés aristocratiques, il croit que la jeune fille tombera follement amoureuse de lui. Pour lui, un «NON» de la principale intéressée est impensable! Comme la petite pilule bleue de Pfizer n'existait pas à l'époque, on peut se demander s'il était plus amoureux de la dot de la jeune fille que de sa beauté?

Est-il exagéré de rappeler à M. Binnion que «nous sommes en 2015», comme le disait un certain premier ministre. Que le bien-être de l'aristocratie pétrolière doit aujourd'hui passer après celui de la «belle Québécoise». Que les changements climatiques sont une réalité que plus personne ne conteste! Que, contrairement à celles du 17e siècle, les femmes du 21e siècle, tout comme les démocraties, sont maintenant considérées légalement majeures, avec le droit de gérer leur avenir comme bon leur semble. Que la «belle Québécoise» veut se tourner résolument vers les énergies vertes, n'en déplaise à son «amoureux» éconduit!

Tel un fantôme du passé, M. Binnion revient hanter des élus municipaux, dont ceux de Saint-Lucien, avec sa vision passéiste et mortifère de l'industrie pétrolière. Est-ce trop demander de vouloir s'adapter au 21e siècle sans se faire harceler par les vampires qui veulent sucer le gaz de notre sous-sol?

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