Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Flushgate» sur la Yamaska

Et voilà que des «ti-counnes» déversent, en catimini, 8 500 mètres cubes d'eaux usées dans la rivière. Comme le débit de la Yamaska se situait à 3 mètres cubes/sec en cette journée du 28 juin, la concentration des eaux usées a tout simplement été trop importante pour les poissons; la merde les a tués!
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

En cette première fin de semaine du mois de juillet, les médias nous annonçaient que des riverains de la région du Rapide Plat, au nord de Saint-Hyacinthe, avaient découvert des milliers de poissons morts sur la Yamaska. La situation nous préoccupait; ce qui avait tué les poissons pourrait-il porter préjudice à notre santé? Quelle est la mystérieuse «...croûte pâteuse blanche...» à la surface de l'eau que M. Levesque décrie dans l'article de La Presse? Inutile de dire que des milliers de poissons qui se décomposent sous le soleil d'été, ça sent mauvais!

Pendant trois jours, nous nous sommes perdus en conjectures pour trouver la cause de cette hécatombe sur la Yamaska. Après tout, à plusieurs reprises dans le passé, nous avions eu un étiage de la rivière en période de canicule... sans que cela ait tué des milliers de poissons. Alors quoi?

Lors du point de presse de 13h30, [1]nous avons entendu le maire de Saint-Hyacinthe, M. Corbeil confesser qu'il s'agissait «... d'un déversement planifié de 8500 m. cubes d'eaux usées en provenance de l'usine d'épuration. Pour des fins de construction de l'usine de biométhanisation, ce déversement était prévu et planifié.» Selon M. Corbeil, ...«il y a eu un manque flagrant de communication entre divers services de la Ville....» M. le maire aurait appris la cause de cette catastrophe seulement quelques heures avant le point de presse. Tout comme nous, il a probablement utilisé quelques adjectifs «liturgiques» pour exprimer son désarroi. Sur un chantier de construction, quelqu'un qui commettrait une gaffe de cette envergure recevrait sans doute quelques claques en plus des adjectifs.

Pour nous qui voulons protéger l'environnement, nous avons reçu cette nouvelle comme une gifle. Nous avons souvent vanté l'usine de biométhanisation comme la 8e merveille du monde; cela permet de réduire la production de gaz carbonique et de gérer efficacement les déchets putrescibles. Produire du gaz naturel avec nos restes de table, c'est être à l'avant-garde du 21e siècle! Et voilà que des «ti-counnes» déversent, en catimini, 8 500 mètres cubes d'eaux usées dans la rivière. Comme le débit de la Yamaska se situait à 3 mètres cubes/sec en cette journée du 28 juin, la concentration des eaux usées a tout simplement été trop importante pour les poissons; la merde les a tués!

«Pour fin de comparaison, avec un débit aussi restreint, c'est comme s'il n'y avait eu que de l'eau usée qui était passée par là pendant environ 47 minutes...»

Maintenant, que la ville a fait preuve de transparence avec son mea culpa, plusieurs questions doivent être posées. Le MDDELCC (ministère du Développement durable de l'environnement et de la lutte contre les changements climatiques) devait être au courant de ce déversement planifié. L'a-t-il autorisé sans restriction ou était-il accompagné de certaines réserves liées au débit de la rivière... car «flusher» 8500 mètres cubes d'eaux usées dans une rivière presque à sec est contraire au plus élémentaire bon sens. Pour fin de comparaison, avec un débit aussi restreint, c'est comme s'il n'y avait eu que de l'eau usée qui était passée par là pendant environ 47 minutes...

Ensuite, y a-t-il eu des échantillons d'eau de pris, suite à ce «flushgate»? Des analyses se font-elles automatiquement suite à des déversements autorisés? Comment se fait-il que le MDDELCC n'a pas fait de suivi après ce déversement planifié? Et s'il y avait eu un suivi raisonnable après ce déversement, comment se fait-il que ce sont des riverains qui ont signalé l'hécatombe chez les poissons et non le ministère? N'a-t-il pas l'obligation de contrôler le résultat de ce genre d'opérations lorsqu'il les a autorisées? Lorsque le maire Coderre de Montréal a «flushé» des eaux usées dans le fleuve l'automne dernier, il me semble qu'il y a eu un suivi. De plus, ce n'était pas en période d'étiage; il y avait assez d'eau dans le fleuve pour appliquer le principe de dilution.

«Malgré tout, le ministère et la ville de Saint-Hyacinthe assurent que la qualité de l'eau potable distribuée est excellente.» Comme la prise d'eau de la ville est située en amont, la qualité de l'eau de la ville ne serait pas affectée. C'est une bonne nouvelle pour les Maskoutains, mais pas pour ceux qui puisent leurs eaux dans la Yamaska en aval.

Ça fait plus de quinze ans que le CCCPEM(Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain), l'OBV (Organisme de bassin versant) Yamaska et les comités de sous-bassins versants travaillent pour améliorer l'eau de notre rivière. Pour tous ces bénévoles qui ont travaillé ferme pour améliorer la qualité de l'eau de la Yamaska, ce déversement volontaire est une très mauvaise nouvelle. Si un enfant de 6 ans commettait une telle étourderie, il se ferait disputer pour ne pas avoir pensé avant d'agir. Et il serait privé de son dessert favori pour plusieurs jours.

Mais ici, il s'agit de personnes supposément adultes qui ont commis cette bourde. Il faudrait leur rappeler, sans ménagement, qu'ils ont l'obligation de mettre leur intelligence à la position «ON» avant de se rendre au travail!

[1] Point de presse tenu à l'Hôtel de Ville de Saint-Hyacinthe, le 4 juillet 2016 à 13h30

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

La ville de New Delhi en Inde

Les lieux les plus pollués sur Terre

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.