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L'électrochoc environnemental

Tout comme durant l'avant-guerre, l'administration Trump refuse d'engager les É.-U. dans cette lutte essentielle.
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L'annonce portant que les États-Unis allaient sortir de l'Accord de Paris a été reçue comme un véritable électrochoc par le monde entier. Certes, on savait que M. Trump avait prétendu que la lutte contre les changements climatiques était une arnaque chinoise (chinese hoax); mais il faut être très culotté pour crier ces « vérités alternatives » sur tous les toits. Malgré l'aveuglement volontaire de l'administration américaine, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et la très vaste majorité des scientifiques affirment que la lutte aux changements climatiques est le combat de plus important de l'humanité en ce début du 21e siècle.

En 1938-39, la mobilisation contre les forces de l'Axe était nécessaire devant la menace hitlérienne. À cette époque, l'isolationnisme de nombreux Américains a tenu les É.-U. à l'écart du conflit alors que la Grande-Bretagne, la France, l'Union soviétique et les autres pays de l'Europe subissaient le blitzkrieg des hordes nazies. À cette époque, le président Roosevelt voulait épauler les alliés; mais l'opinion publique américaine s'y opposait fermement. Huit décennies plus tard, lors de ce nouveau défi à l'humanité, l'opinion publique est à la hauteur de la situation, mais l'administration Trump se retire de la lutte pour de mauvaises raisons.

Pourtant, l'Accord de Paris est loin d'être parfait. De nombreux experts, dont James Hansen, affirment que l'Accord de Paris, avec ses réductions « volontaires » (non contraignantes) des émissions de carbone, ne permettra jamais de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés. Hansen, qui a tiré la sonnette d'alarme au sujet des réchauffements climatiques en 1988, affirme qu'il s'agit d'une fraude; selon lui, l'accord serait simplement des vœux pieux. Dans un article du journalLe Devoir du 6 juin, François Delorme écrit : « Pourtant, en écoutant le discours belliciste de Donald Trump annonçant le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris, les observateurs comme moi s'accrochent dorénavant à cette coquille vide comme à la dernière bouée d'un vaste naufrage. Un tiens ne valait-il pas mieux que deux tu l'auras ? La théorie économique ne nous enseigne-t-elle pas qu'on met plus de valeur et d'importance sur ce que l'on perd que sur ce que l'on gagne ? »

Tout comme durant l'avant-guerre, l'administration Trump refuse d'engager les É.-U. dans cette lutte essentielle.

Tout comme durant l'avant-guerre, l'administration Trump refuse d'engager les É.-U. dans cette lutte essentielle. Mais une large portion de la population des États-Unis ainsi que des entreprises, des gouverneurs comme celui de la Californie et les maires de 76 villes importantes ont choisi de mettre en vigueur les clauses de l'Accord de Paris et ce, malgré le désaveu de M. Trump.

La réaction des autres leaders du monde a été cinglante. Entre autres, M. Macron, le nouveau président de la France, paraphrase ainsi le slogan trumpien dans la langue de Shakespeare : « Make the planet great again! ». Et la Chine se positionne immédiatement pour remplir le vide que l'absence de leadership américain laisse dans le domaine des énergies vertes : « Ironiquement, en décidant de se retirer de l'accord de Paris, le président Trump donne l'occasion à la Chine de se refaire une réputation climatique à bon compte, en apparaissant dorénavant comme la grande puissance responsable, celle qui défend l'organisation du monde. Comme camouflet diplomatique, on ne pouvait faire mieux !»

Pour contrer le discours négationniste de M. Trump, la démocratie américaine a un système immunitaire qui combat activement ces « faits alternatifs ». Des enfants ont même réussi à faire valoir devant les tribunaux leur droit de poursuivre le gouvernement et des entreprises qu'ils accusent de mettre en péril leurs possibilités de vivre dans un environnement sain lorsqu'ils seront adultes. Que de grandes entreprises fassent barrage à une poursuite judiciaire engagée par des enfants en dit long sur l'importance stratégique de cette poursuite!

Ne faisons pas l'erreur de sous-estimer l'idiotie de M. Trump, comme le dit Naomi Klein dans un article du Guardian. Avec l'aide des super-riches et de «think-tanks» pour manipuler l'opinion, il veut piloter le «Titanic états-unien» à travers les icebergs du réchauffement climatique. En ce sens, la décision de M. Trump de se retirer de l'Accord de Paris est une sorte de Pearl Harbor : un électrochoc qui galvanise l'opinion de tous les « hommes de bonne volonté » pour mener à bon port un combat, non pour la civilisation comme en 1941, mais pour l'humanité.

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Mai 2017

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